À l’issue d’une fin de rencontre complètement folle, les Differdangeois ont décroché, samedi, le titre de champion. Le huitième sacre d’un club qui prive Käerjeng du premier doublé de son histoire.
Les Red Boys n’ont pas failli. Dans leur salle, et devant un peu plus d’un millier de spectateurs, ils sont parvenus à prendre le meilleur sur leur bourreau en finale de la Coupe de Luxembourg. Mais que ce fut dur !
Derrière ses grosses lunettes, son regard fixe imperturbablement le centre d’un terrain où ses hommes, tombeurs de Käerjeng (29-26) lors de cette ultime journée du play-off titre, hurlent de bonheur et s’enfilent de grandes rasades de champagne. À l’écart de ce tumulte, Gast Seil semble comme perdu, ne comprenant pas, ne réalisant peut-être pas cette séquence qui défile sous ses yeux. Cinq minutes plus tôt, ne tenant plus de voir son équipe malmenée, le président des Red Boys avait préféré quitter la salle. Direction la buvette pour se reposer l’œil furtivement devant Bayern – Dortmund et faire retomber la pression.
Sa tension. À son retour au pied de la tribune, le film n’était plus le même et ses Differdangeois étaient passés devant au tableau d’affichage. Au coup de sifflet final, rien. L’homme parfois si vitupérant, enclin à des coups de gueule terribles, ne pipe pas mot. Tout juste, à ceux qui viennent prendre son pouls, répète-t-il cette phrase dépourvue d’émotion et accompagnée d’un hochement d’épaules : «Ça arrive…»
Enfin. Dix-sept ans qu’il attendait ça. Dix-sept longues années à se demander s’il lui serait encore possible de vivre un tel moment avant de céder un jour son fauteuil de président à (un peu) plus jeune que lui. Une question qui avec le temps, et ces derniers mois plus précisément, revenait en boucle. Il allait même jusqu’à confier, dans un portrait que Le Quotidien lui consacra le 9 décembre dernier : «Si on est champion, c’est possible que l’on change de président…»
Delleré : «C’est tellement fort!»
Samedi soir, l’heure n’était pas de savoir si, oui ou non, Gast Seil allait passer la main à John Scheuren, secrétaire et enfant du club qu’on désigne comme son futur successeur. Samed soir, après avoir fini au milieu de ses joueurs, douché au champagne, Gast Seil s’activa en coulisses, s’assurant d’avoir assez de bulles pour tout le monde. Des bulles qui embueront les mirettes de Charel Heim. «J’en ai reçu dans les yeux et avec mes lentilles, ça pique…», déclare le troisième gardien differdangeois heureux comme un enfant, pour sa première saison chez les seniors, d’avoir vécu une telle aventure. «Dix mois de préparation pour un match où tout se joue dans les quatre dernières minutes, c’est tellement fort!»
Connu dans tout le Grand-Duché pour sa faculté à mettre l’ambiance, Laurent Delleré a pris le micro pour faire chanter et danser ses anciens partenaires. «C’est une grande fierté, déclare l’ancien pivot. Je suis content pour l’équipe, les dirigeants et tous les gens qui s’investissent au sein de ce club.»
Un club qui s’est donné les moyens de ses ambitions l’été dernier en recrutant des éléments tels que Senjin Kratovic ou Marin Knez, mais en conservant aussi Yann Hoffmann dont le talent – mais pas seulement – perfore, agace et fait déjouer ses adversaires. Comme Käerjeng, samedi soir, qu’il désespéra de ses réalisations (6 buts) autant que de ses inspirations. Comme lorsqu’il se retrouva, dans sa propre moitié de terrain, sur les fesses face à un Pol Freres ne l’ayant semble-t-il qu’effleuré. Mais, d’une certaine manière, c’est cela aussi le talent…
Charles Michel
Centre sportif d’Oberkorn. Arbitrage de MM. Rauchs et Linster. 1 021 spectateurs
RED BOYS : Grzybowski (1re-40e, 6 arrêts dont 1 penalty), Zuzo (40e-60e, 4 arrêts dont 1 penalty) et Heim, Rezic 2/2, Knez 4/8, Manderscheid, A. Zekan 1/3, Thierry 1/1, Kratovic 4/4, Faber 2/2, Ald. Zekan 1/2, D. Scheid 4/4, Bentz, Podvrsic 4/5, Hoffmann 6/12 dont 3/3. Penalties : 3/3. Deux minutes : Podvrsic (29e), Ald. Zekan (32e), Knez (44e).
KÄERJENG :C. Auger (1re-48e et 58e-60e, 8 arrêts) et Cenusa (48e-58e, 2 arrêts), Temelkow 7/11 dont 3/5, Nicoletti 3/3, Wasmes, Volpi 5/9, Hummel, Cosanti, Praznik 2/4, Nguyen 1/1, Kekési, Molitor, Meis 4/12, Freres 2/5, Schroeder 2/2, K. Auger. Penalties : 3/5. Deux minutes : Cosanti (8e), Volpi (23e), Kekési (30e), Meis (35e), Praznik (48e), Freres (57e).
Évolution du score : 5e 1-2, 10e 3-4, 15e 7-5, 20e 9-9, 25e 11-10, 35e15-17, 40e 17-19, 45e 20-22, 50e 23-24, 55e 24-26.