AXA LEAGUE (PLAY-OFF TITRE, 5e J.) Tombeur d’Esch, Käerjeng se déplace à Dudelange avec l’espoir de poursuivre sur sa lancée, tandis que le leader tentera de se racheter chez des Red Boys qui n’ont plus rien à perdre.
Mercredi soir, devant son écran, Nikola Malesevic a vibré. Comme tout le monde. Mais pas comme tout le monde. Enfin, pas pour la même chose. Pas devant la même Ligue des champions. Pas devant Bayern Munich – Paris SG (2-3) mais Kielce – Nantes (31-34). Fils d’un père «footeux amateur», l’entraîneur de Dudelange fit très vite – et très tôt – savoir qu’il ne chausserait pas les crampons. «Je devais avoir sept ans, j’ai fait un essai, mais ce n’était pas mon truc. Et puis, plus tard, jouer 90 minutes pour voir un but, c’est un peu trop long pour moi», s’amuse aujourd’hui un technicien habité depuis toujours par ce besoin de vibrer. «J’aime le handball, le basket, le volley, le tennis… Tous les sports où il y a un suspense permanent.» De suspense, cette Axa League en manquait cruellement jusqu’à ce que Käerjeng n’inflige jeudi dernier à l’ogre eschois son premier revers de la saison. Le premier en 24 matches de championnat. Le premier depuis celui contre les Red Boys, le 28 septembre 2019! Le HB Esch n’est pas un géant aux pieds d’argile et si ce faux pas au Um Dribbel n’est pas annonciateur d’un quelconque effondrement, il redonne toutefois espoir à une partie de l’élite et permet à Nikola Malesevic de réitérer sa conviction : «Tout le monde peut gagner contre tout le monde…»
Cette formule bateau, utilisée d’ordinaire par ceux qui n’ont pas envie de se mouiller, puise sa source tant dans la performance bascharageoise que dans l’attitude des victimes du leader. Battues mais non consentantes. Loin de là. À l’instar du HBD (29-32, 2e j.) ou de Berchem (36-33, 3e j.). À l’évocation de ces occasions manquées, Malesevic ne peut que soupirer : «Dommage, car que ce soit nous ou Berchem, il y avait la place pour gagner. Dommage aussi parce que je ne suis pas sûr qu’Esch, qui possède une force collective et une vraie stabilité, fasse deux fois les mêmes erreurs.» Soit le propre des grandes équipes.
Cela fait longtemps que je ne regarde plus le classement
Mais alors, que révèle cette chute au Um Dribbel? Simple accident ou faux pas d’un leader qui, une fois n’est pas coutume, n’eut pas le dernier mot? Un peu des deux à écouter Malesevic : «Cette victoire, Käerjeng la doit en grande partie à Chris Auger qui a réussi un très gros match avec plus d’une quinzaine d’arrêts. En face, les deux gardiens eschois n’ont pas été aussi efficaces que d’ordinaire. Après, il y a aussi une question de réussite comme à cinq minutes de la fin où, suite à un tir d’un arrière, le ballon heurte le poteau et revient directement dans les mains de l’ailier (NDLR : Sébastien Edgar) qui marque et donne une avance de deux buts…»
À six matches du terme, Esch se trouve à 1,5 point de son seul et unique bourreau. Bref, à un coup de fusil. Mais attention, la thèse d’un autre tireur isolé n’est pas à écarter. Avant-dernier de ce play-off titre avec 5,5 longueurs de retard, les Red Boys n’ont plus grand-chose à espérer en championnat. Plus rien à perdre aussi si ce n’est en Coupe de Luxembourg où ils affronteront Käerjeng en demi-finale. De là à imaginer les hommes de Sylvain Brosse réussir ce qu’ils ne sont jamais vraiment parvenus à faire cette saison, il y a un pas que Nikola Malesevic aimerait les voir franchir ce samedi soir. «Contre Käerjeng, après une première mi-temps raté et 7 buts de retard, on a vu une vraie réaction et, au final, même s’ils perdent (NDLR : défaite 30-31), ils sont passés tout près de la victoire. Malgré les difficultés rencontrées, ça reste une bonne équipe qui peut poser de vrais problèmes. Il lui faut juste se libérer…»
Libre, de par son ambition modérée (le club n’a jamais annoncé jouer le titre), Dudelange l’est. Son ambition revient à poursuivre sa progression avec un groupe qu’ont intégré Boris Becirovic l’été dernier et Francesco Volpi cet hiver. «Cela fait longtemps que je ne regarde plus le classement», assure Malesevic. «Notre objectif? On vise la meilleure place possible, est-ce que ce sera la 2e ou la 3e…»
De son côté, et à la suite de son succès, Käerjeng fait figure d’outsider. Pourra-t-il disputer la couronne au HB Esch jusqu’au bout? Difficile à dire. Tout juste peut-on constater l’évolution d’un groupe en phase avec les préceptes de jeu d’un Yérime Sylla, qui, le 1er avril, déclarait : «Esch est habitué à gagner, mais ce serait intéressant de voir les conséquences qu’une défaite pourrait entraîner.» Intéressant aussi de voir comment Käerjeng va assumer son nouveau statut. Début de réponse dès ce samedi soir.
Charles Michel