Arrivé cet été de Güstrow, Holger Schneider a séduit le HB Esch. De par sa personnalité, sa méthode, mais aussi son expérience qui lui confère une inébranlable légitimité.
Le HB Esch ne culmine pas en tête de la hiérarchie mais son entraîneur est adepte de la pensée positive. Et ce d’autant que samedi soir, devant son public, les siens peuvent revenir à la hauteur de Käerjeng en cas de succès contre les Brasseurs, lors de la 4e journée de la Sales-Lentz League.
SON ARRIVÉE : «Évident que c’était la personne idéale!»
Au HB Esch, on assure que l’arrivée de Holger Schneider n’est en rien la cause du renvoi de Pascal Schuster mais simplement la conséquence. Et que ce changement d’entraîneur n’était en rien planifié. « Tout est allé très vite , assure Laurent Reinesch, responsable finances et sponsoring. À cette période, un manager nous avait proposé de mettre un essai un gardien. Mais je lui ai dit que l’urgence n’était pas le gardien mais l’entraîneur. Et c’est là qu’il me dit que Holger Schneider est libre. Je l’ai donc contacté par mail puis tout est allé très vite. »
Le 12 avril 2015, quarante-huit heures après une défaite à Berchem (29-25) annihilant les derniers espoirs de sacre en championnat, le HB Esch décide de se séparer officiellement de Schuster. À cet instant, le club se donne le temps de la réflexion et c’est Marc Fancelli, le président lui-même, qui assure l’intérim épaulé par l’incontournable Otto Heel. Au soir du 9 mai, dans la foulée d’un succès contre les Red Boys (30-23), l’ex-meneur de l’équipe nationale troque son bleu de dépanneur pour son costume de patron et s’entretient de vive voix avec Holger Schneider venu assister à la rencontre. Fancelli est rapidement séduit : « Très vite, c’était évident que c’était la personne idéale! On a heureusement su le convaincre. » Le convaincre de quitter Güstrow, ville située en ex-Allemagne de l’Est à une quarantaine de kilomètres au sud de Rostock où vit encore son épouse, pour rallier le Grand-Duché. Reinesch : « C’est une chance d’avoir quelqu’un de son calibre au pays. »
SA PERSONNALITÉ : «Son CV parle pour lui»
Du haut de ses 51 ans, Holger Schneider a un CV long comme le bras. Ancien joueur de Schwerin, Rostock et Flensburg, le nouveau coach eschois compte 98 sélections avec la RDA et participe en 1988 aux Jeux olympiques de Séoul. Après une saison passée comme entraîneur-joueur à Bregenz, Schneider se lance dans le métier en 1999 au SV Poster Schwerin. Il quittera le club en 2004 après l’avoir hissé à deux reprises (2001 et 2004) en Bundesliga sans parvenir à l’y maintenir plus d’une saison. La suite de sa carrière, il l’écrira notamment au HSG Wetzlar, toujours en Bundesliga, avant de fréquenter le HC Empor Rostock, le HF Springe et le HV Güstrower. Un CV donc suscitant respect mais aussi légitimité pour un groupe composé de bon nombres d’internationaux. « D’habitude, quand les résultats ne sont pas bons, il y en a toujours, spectateurs ou joueurs, prêts à râler. Là, après notre défaite aux Red Boys, je n’ai absolument rien entendu. Son CV parle pour lui. », souligne Fancelli.
SA MÉTHODE : Grillades, sondage et Team Building
«Simple», «travailleur», l’ancien ailier se veut exigeant. Surtout, n’offre aucun passe-droit. «Bien sûr, il a ses joueurs de base, comme Romain (Labonté) en défense ou Sacha (Pulli) en demi-centre, mais tout le monde est à la même enseigne. Si tu n’es pas performant, il te sort », confie un Dany Scholten séduit par cette exigence et cette précision grâce à laquelle il progresse sur son aile droite mais aussi dans le jeu défensif. Et c’est même avec une certaine satisfaction qu’il est allé se frotter – dans le rôle du défenseur – à un Dan Ley (Dudelange) ou un Andraz Podvrsic (Red Boys) lorsque la situation le demandait. « Pour ça , estime Scholten, il me fait penser à Mane Skercevic (NDLR : ex-entraîneur de Dudelange et des Red Boys) . Il n’hésite pas à complimenter, à encourager un joueur et le mettre en confiance. Tous les entraîneurs ne le font pas… »
En dehors du handball, Holger Schneider dispense des séances de Team Building (renforcement d’équipe) au sein d’une société en Allemagne. En août, Marc Fancelli organise un barbecue chez lui. Entre grillades et merguez, l’Allemand en profite pour faire circuler un questionnaire au travers duquel il souhaite connaître les ambitions personnelles de chacun mais aussi sur le plan collectif. Quelques semaines, plus tard, le débriefing tombe. Scholten raconte : « Il nous dit : « C’est bien, vous voulez tous gagner le titre et la Coupe. Mais ce serait mieux de vous dire que vous voulez finir 3 e . Comme ça, si vous êtes 2 e , ce sera une satisfaction… » »
SON PROJET : «Il travaille sur un concept»
Dans l’esprit des dirigeants eschois, Holger Schneider prend la succession de Pascal Schuster mais aussi celle de Otto Heel, ex-sélectionneur de Roumanie, en tant que grand manitou pour ce qui est de la formation des jeunes. « Il est en train de travailler sur un concept », confie Fancelli visiblement ravi de l’implication d’un Allemand qui pourrait par la suite s’installer durablement dans le paysage luxembourgeois. « Holger nous a dit que par le passé, un club allemand lui avait tenu à peu près le même discours que nous avant de très vite se rétracter , raconte le président. Nous, il peut être tranquille, ce ne sera pas le cas. On a toujours martelé notre volonté de bâtir l’avenir sur les jeunes du club. » Et si Holger Schneider s’inscrivait bien plus longtemps que les deux années prévues dans son contrat?
Charles Michel