En fin de contrat, l’international a été averti par ses dirigeants qu’en cas de prolongation ses émoluments seraient revus à la baisse. À l’heure actuelle, le dossier est en attente…
Décembre 2015. Dans une série intitulée «Espoirs», Le Quotidien s’amusa, non pas à prédire l’avenir, mais à désigner ceux à qui il devait, sur le papier, appartenir. Six noms, pas un de plus. Parmi les Kamil Rychlicki (volley-ball), Julie Meynen (natation), Lisa Jablonowski (basket), Tom Wirtgen (cyclisme) ou Vincent Thill (football), on avait fait une place à Yann Hoffmann.
À 21 ans, et du haut de son 1,95 m, le Differdangeois venait tout juste de se voir refuser l’accès à la section des sportifs élite de l’armée en raison d’un test oculaire insuffisant. «Ça ne me surprend pas, je suis myope», déclarait l’intéressé gardant bien en ligne de mire son ambition de partir à l’étranger et de passer professionnel. «Sur le plan financier, ça m’aurait aidé. Il va falloir que je me trouve un travail, car je ne peux pas rester à la maison sans rien faire.»
Été 2017, l’arrière gauche rejoint Braunschweig avec en poche son premier contrat pro. Mais l’aventure en 3e Liga va tourner court. Le 16 janvier 2018, lors d’une conférence de presse, les Red Boys annoncent le retour de l’enfant prodige. John Scheuren, son président, déclare alors : «Quand j’ai su qu’il n’était pas bien à Brunswick, je l’ai appelé. Il ne nous a pas fallu dix minutes pour se mettre d’accord sur son retour.»
«Un joueur qui a besoin de confiance»
Pour Hoffmann, c’est un retour gagnant puisque le club lui permet de garder le même statut. De ce confort, l’intéressé saura s’en satisfaire en attendant de trouver mieux, car, rappelle-t-il, «(il) rêve toujours de jouer à l’étranger. Mais dans un vrai club pro.» Une bonne affaire a priori tant la veille, lors du dernier match qualificatif du Mondial-2019 face à la Slovaquie (28-27), Hoffmann avait marqué les esprits. Ce que l’on ne savait pas, c’est que c’était peut-être l’une des dernières fois…
Deux ans se sont écoulés et force est de constater que le jeune homme âgé de 25 ans n’est pas parvenu à se faire une place à part entière dans l’effectif differdangeois. Ni sous les ordres de Jérémy Roussel (2018/2019) ni sous ceux, cette saison, de Sylvain Brosse qui s’était donné pour mission de lui permettre de décoller. De lui redonner la confiance nécessaire à son épanouissement.
En fin d’année, auteur de prestations de belles factures, Yann Hoffmann semblait être sur une pente ascendante avant qu’une entorse à la cheville ne vienne le couper dans son élan. «Yann est un joueur qui a besoin de confiance pour s’exprimer», confie sous le couvert de l’anonymat l’un de ses partenaires de la sélection. «Sa meilleure saison, c’est celle du titre en 2016», confie un ancien partenaire faisant référence à Goran Vukcevic, limogé à l’automne suivant en raison d’une rupture de dialogue entre le technicien et une partie du vestiaire. Cet ancien partenaire poursuit : «Yann, par rapport à ses qualités, c’est un joueur exceptionnel à l’échelle du Luxembourg. Mais il a la tête dans les étoiles, c’est un artiste. C’est le genre de profil qu’il faut être capable de gérer.»
Yann Hoffmann à un carrefour
Dans notre édition du 29 décembre 2015, John Scheuren estimait qu’un passage sous les drapeaux aurait permis à «ce génie aux différentes facettes» de «gagner en rigueur». Cette discipline aurait-elle pu estomper son dilettantisme et lui permettre de se constituer une carrière à la hauteur de son potentiel? On ne le saura jamais. Au sein du club, certains dirigeants s’interrogent sur la rentabilité de l’investissement. En fin de contrat, le joueur a été averti qu’en cas de prolongation les conditions seraient revues à la baisse. Au-delà même de ces contingences purement matérielles, Yann Hoffmann, injoignable jeudi malgré plusieurs tentatives, ne se trouve-t-il pas à un carrefour?
À bientôt 26 ans (il les fêtera le 4 août) décidera-t-il de rester aux Red Boys, son club formateur, ou ira-t-il voir ailleurs – comme l’a fait avant lui son frère Jimmy (Dudelange) – chercher, peut-être, ce qui lui manque véritablement pour franchir un palier? Histoire que sa carrière ne se résume pas simplement à celle d’un espoir déçu.
Charles Michel