L’international luxembourgeois ne portera plus les couleurs des Red Boys. Il l’a fait savoir mardi à ses dirigeants. Depuis, son nom circule à Käerjeng mais aussi à Berchem…
Douze jours. C’est le temps qu’il aura fallu pour avoir la réponse à l’interrogation posée ici même dans ces colonnes le 22 mai dernier : «Hoffmann restera-t-il aux Red Boys?» La réponse est… négative. «On lui a proposé un contrat pro, confie John Scheuren, le président differdangeois, mais il m’a répondu hier (mardi) que pour des raisons sportives il préférait partir…»
À bientôt 26 ans (il les fêtera en août), Yann Hoffmann a donc décidé de changer d’air. De donner à sa carrière une nouvelle direction. D’aucuns regretteront peut-être son choix de quitter son club formateur, d’autres se réjouiront tout autant de cette initiative. Les deux camps se rejoindront sur un point : l’international se trouve à la croisée des chemins et a, devant lui, deux possibilités : rester dans le cocon differdangeois, même si celui-ci s’annonçait un peu moins confortable en cas de prolongation de contrat, ou faire ses valises et partir à «l’aventure».
L’intéressé a donc choisi la seconde option. Malgré plusieurs tentatives afin de connaître les raisons de son choix, le joueur est resté injoignable. Dommage…
Une autre question se pose désormais : Hoffmann s’en va mais pour aller où? S’il a fait part, jeudi, de sa décision à ses désormais anciens dirigeants, il est fort probable qu’il s’est trouvé un nouveau maillot. Mais lequel? Et de quelle taille?
Deux saisons sans s’imposer aux Red Boys
Depuis son retour, le 16 janvier 2018, de Brunswick (3e Liga) où il ne sera resté que six mois, l’international vient de passer l’équivalent de deux saisons sans parvenir à s’imposer. Ni sous les ordres de Jérémy Roussel (2018/2019) ni sous ceux, cette saison, de Sylvain Brosse. Pour preuve, il a tourné à une moyenne de 3,08 buts/match en douze rencontres de saison régulière.
Au vu de ses qualités intrinsèques, ce ratio apparaît bien maigre – il était même de 2,11 buts/match sur l’ensemble des neuf premières journées – mais s’explique par un cruel manque de constance. Malgré cela, l’espoir de le voir retrouver une dynamique plus conforme à ses qualités était encore bien réel à l’automne. Notamment après ses cinq réalisations face aux Tchèques de Veseli (27-25) au 3e tour retour de Challenge Cup.
«Yann Hoffmann est sur une pente ascendante», déclarait à l’époque Sylvain Brosse. Le technicien differdangeois semblait avoir le nez fin puisque, dans la foulée, l’international enfilait coup sur coup sept perles contre Esch (26-32) et Berchem (29-21) et trois autres à Dudelange (22-32).
Sur cette lancée, et malgré la défection de nombreux internationaux, le Differdangeois répond positivement à l’appel de Nikola Malesevic, son sélectionneur, pour une double confrontation amicale en Italie. Le 30 décembre, à Camerano, Hoffmann sort sur blessure. L’IRM révèlera une grosse entorse à la cheville qui lui fera manquer les qualifications du Mondial-2021 et les barrages qualificatifs de l’Euro-2022 contre l’Estonie.
Le HB Esch dément la rumeur
Son retour, il l’effectue le 26 février lors d’une élimination en demi-finale de Coupe de Luxembourg, contre Berchem (27-26), aux allures d’humiliation tant les Differdangeois sont apparus impuissants. Et Hoffmann (1 but) ne se montra pas plus inspiré que ses partenaires mais avait des circonstances atténuantes.
Son dernier match de la saison date du 8 mars et d’une 1re journée du play-off titre qui, Covid-19 oblige, comptera pour du beurre. Ce jour-là, il ne planta qu’un seul des 38 buts inscrits par les Red Boys contre Käerjeng (38-29)…
Pétri de talent, l’international a toujours cette étiquette de grand espoir collée dans le dos. Ce statut lui permet de jouir évidemment d’une certaine cote sur le marché. Mais, car il y a toujours un «mais», les clubs intéressés peuvent légitimement s’interroger sur sa capacité à confirmer les espoirs placés en lui, ou plutôt sur sa volonté de le faire. Et, dès lors, de consentir un certain effort financier pour s’attacher ses services.
Quel club grand-ducal est aujourd’hui prêt à effectuer ce pari? Sur le papier, beaucoup de monde. Le premier sur la liste, celui qui sur le plan tant financier que sportif semble pouvoir répondre aux ambitions de l’international luxembourgeois, c’est le HB Esch. Mais voilà, le nonuple champion de Luxembourg dément une rumeur qui, depuis mardi soir, envoie l’international du côté de Lallange. «On l’avait contacté il y a quelques saisons, mais aujourd’hui on a d’autres projets», répond Marc Fancelli, le manager du club.
Le HBD non, en contact avec Käerjeng et bientôt Berchem?
Dudelange, qui aurait sans doute aimé garnir son banc, est confronté à des difficultés financières liées à la crise du Covid-19 qui l’ont contraint à se séparer de Slobodan Ervacanin, en partance pour Berchem, et doit encore finaliser l’arrivée de Boris Becirovic (Dijon). Au HBD, il aurait pu retrouver son frère, Jimmy, mais celui-ci a récemment décidé, pour des raisons professionnelles, de mettre un terme à sa carrière. Dans le haut de tableau, il reste encore deux points de chute éventuels : Berchem et Käerjeng.
La piste menant au Um Dribbel apparaît crédible. Depuis plusieurs semaines, les dirigeants s’activent pour trouver un successeur à Zoran Radojevic, parti à Rumelange, au poste d’arrière gauche. Selon nos informations, le club bascharageois avait activé la piste menant à Ariel Pietrasik mais les discussions entre le club bascharageois et le père du joueur n’ont pu aboutir à un accord. Le club du président Yannick Schuler a-t-il désormais jeté son dévolu sur Yann Hoffmann? Hier soir, les joueurs étaient conviés à une réunion où les dirigeants devaient les informer de l’évolution de la situation quant au recrutement et notamment l’identité du futur entraîneur. «Franchement, confie un joueur, s’il vient chez nous, ce serait vraiment surprenant car on n’a rien entendu. Mais il n’y a rien d’impossible…» Et ce, d’autant que, toujours selon nos informations, Yann Hoffmann s’est présenté au club bascharageois. Deux ans après que les Red Boys lui ont chipé Tom Meis qu’il vient de récupérer, Käerjeng tient-il sa revanche?
Enfin, Berchem peut-il cumuler les individualités au poste d’arrière gauche? En effet, considéré comme l’un des plus grands potentiels du championnat, Ariel Pietrasik a préféré repousser d’une année un éventuel départ vers l’Allemagne. «J’ai prolongé d’une saison avec Berchem, c’est un club où je me sens bien», confie l’international polonais qui, en plus de Slobodan Ervacanin, pourrait voir plusieurs renforts débarquer d’ici l’été. Et ce notamment afin de trouver une solution pour compenser le départ de son demi-centre, Raphaël Guden vers Dansenberg (3e Liga). Yann Hoffmann pourrait-il être l’un d’eux? Pas impossible. Hier, Alexandre Scheubel, l’entraîneur, déclarait n’être «jamais entré en contact» avec l’international. Lui non mais ses dirigeants? «Ça je ne sais pas… Mais si on doit prendre rendez-vous, on prendra rendez-vous…» Affaire à suivre.
Charles Michel