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[Handball] Fabian Cruciani : «Dans le budget, ça fait mal»


«La Coupe d'Europe, d'habitude, c'est une récompense pour les joueurs. Vu la situation, je ne pense pas qu'on la jouera.» (photo DR)

Président du HB Dudelange, Fabian Cruciani évoque le manque à gagner consécutif à l’arrêt du championnat. Une difficulté que le club essaie de compenser via une campagne de crowdfunding.

Le 13 mai, quelques jours après avoir évoqué sur Facebook « la période très difficile » que le club traverse en raison de l’absence de compétition et donc de recettes liées à celle-ci, vous avez lancé une campagne de crowdfunding. Dans un premier temps, votre démarche était-elle de répondre à une inquiétude ambiante ?

Fabian Cruciani

Comme tous les clubs luxembourgeois, on est dans l’inconnu. Le championnat a été arrêté, on ne sait pas encore vraiment quand pourront reprendre les entraînements ni quand débutera la saison prochaine… Et quand ce sera le cas, de quelle manière ? Je veux dire, est-ce qu’on jouera à huis clos ? On a donc adressé un message à nos supporters pour leur expliquer la situation et leur faire part des difficultés rencontrées. L’arrêt du championnat, juste au moment du play-off titre, entraîne une perte financière liée à la billetterie mais aussi à la buvette qui marche très bien chez nous. Je n’oublie pas l’annulation de la fête de la Musique organisée par la commune où l’on tient deux grandes buvettes et la Youth Cup, qui constitue une entrée importante dans le budget, ça fait mal.

Avez-vous évalué les pertes ou le manque à gagner liée directement à l’arrêt de la saison et l’annulation de ces manifestations ?

Non, pas encore. Il faudra attendre l’assemblée générale et le rapport de notre trésorier (NDLR : Sandro Berettini). Elle était d’abord prévue fin juin mais comme aucune salle ne sera disponible, on devra donc la reporter. Peut-être à septembre… Pour ce qui est des pertes liées à la fête de la Musique et à la Youth Cup, je dirais qu’il faut compter quelques dizaines de milliers d’euros. Voire plus.

Une centaine ?

Non pas une centaine. On va dire quelques dizaines de milliers d’euros. L’an passé, par exemple, à la fête de la Musique, il y a eu 20 000 visiteurs. Bon, tout le monde ne s’arrête pas à nos stands mais quand même…

Autre rentrée d’argent importante, le sponsoring. L’activité économique au ralenti, certains de vos sponsors ont-ils été contraints de vous retirer leur soutien ou de le revoir à la baisse ?

On commence à faire le tour… Pour l’instant, on a eu des échos positifs et d’autres négatifs. La plupart d’entre eux viennent du secteur Horeca (NDLR : hôtellerie, restauration et cafés). Pour eux, la situation actuelle est très difficile. Tout est fermé jusqu’au 1er juin et quand ils ouvriront, ils devront limiter leur nombre d’entrées afin de respecter les règles sanitaires. Ce qu’ils ont perdu, ils ne le rattraperont pas cette année.

Mes joueurs et l’équipe en général me manquaient énormément

Êtes-vous inquiet ?

Un peu, mais il faut regarder vers l’avant et je pense qu’on arrivera à se sortir de cette situation. Mais je pense que ce coronavirus va changer le monde. Il ne sera plus le même qu’avant.

C’est une phrase que l’on entend beaucoup mais que voulez-vous dire par-là ?

Même si le sport reprend, les gens reviendront-ils dans les salles ? Et si oui, faudra-t-il laisser des sièges de libres pour respecter la distanciation sociale ? En fait, pour l’instant, on ne sait rien. On est dans l’attente des prises de décision de l’État et des communes.

Ces changements, vous les imaginez temporaires ou durables ?

Non, ce ne sera pas durable mais ça prendra un certain temps avant de retrouver une vie normale.

Sur un plan personnel, comment avez-vous vécu cette période de confinement ?

Bien. Je suis en retraite, comme mon épouse, depuis un an. Alors nous sommes restés sagement à la maison, sortant uniquement pour faire nos courses. Après, ce n’est pas quelque chose de normal que de rester tout le temps à la maison. Mes joueurs et l’équipe en général me manquaient énormément.

En handball, jouer l’Europe ne rapporte rien financièrement

Les difficultés rencontrées par le club vont-elles avoir une incidence sur votre recrutement ?

Déjà, je peux vous confirmer le départ de deux joueurs : (Slobodan) Ervacanin et (Tom) Lielais. Le premier était en fin de contrat et on a décidé de ne pas le prolonger; le second était encore lié pour une saison, mais il nous a fait part de son envie de rentrer en Lettonie. On a accepté. Concernant le recrutement, il n’y aura pas de nouvelles arrivées. On souhaite permettre à quatre ou cinq jeunes d’intégrer le cadre de l’équipe première la saison prochaine. On souhaite jouer avec davantage de Dudelangeois ou de Luxembourgeois.

Qualifié pour la nouvelle Coupe EHF, anciennement appelé Challenge Cup, le HBD prendra-t-il part à cette compétition ?

Vous savez, les clubs luxembourgeois ne jouent pas à Paris ou à Kiel mais se dirigent plutôt vers l’Europe de l’Est. Et, vu la situation sanitaire, je me vois mal demander à mes joueurs d’aller en Moldavie ou en Azerbaïdjan. En tant que président, il est de ma responsabilité de les protéger. Qu’adviendrait-il si en raison d’un cas positif, l’équipe devait rester en quarantaine dans un de ces pays? Pour l’instant, aucune décision officielle n’a été prise mais je ne pense pas que l’on jouera la Coupe d’Europe.

Là encore, cette décision repose aussi sur des raisons économiques…

En handball, jouer l’Europe ne rapporte rien financièrement. On s’estime heureux lorsque l’on atteint l’équilibre.

490_0008_15241046_CROWDFUNDINGÉvoquons enfin cette campagne de crowdfunding. Qui est derrière cette idée ?

C’est venu dans les conversations et Sandro Berettini, qui connaît bien le milieu bancaire, a mis en place cette plateforme.

Comme sur la plupart de ce genre de plateforme, peut-on voir la somme totale récoltée ?

Non, on ne communique pas les chiffres. De toute manière, l’effet du crowdfunding se fait principalement dans les premiers jours après son lancement. On n’oubliera pas nos généreux donateurs.

Avez-vous des contacts avec vos homologues d’Axa League ?

Non, si ce n’est lors des dernières réunions en visioconférence organisées par la fédération. Je suis surtout en contact avec les membres de mon club et je dois dire que je suis fier d’eux. En cette période, il existe une grande solidarité.

À propos de solidarité, que pensez-vous du passage de l’Axa League à dix clubs ?

Il faudra voir ce que ça donne. Cela fait quatre matches supplémentaires. Je suis certain qu’il y aura des semaines anglaises. Mais bon, même la fédération ne sait pas quand et comment le championnat reprendra, alors…

Entretien avec Charles Michel

 

Becirovic, il reste encore «des détails à régler»

Annoncée en cours de saison, l’arrivée de Boris Becirovic n’est, à en croire Fabian Cruciani, pas tout à fait ficelée. Le président, qui n’osait pas évoquer nommément le Slovène, confie qu’il «reste encore quelques détails à régler». Arrivé en 2017 à Dijon, l’arrière droit âgé de 33 ans s’apprête à quitter le club bourguignon sur un total de 167 buts dont 83 lors de l’exercice 2018/2019. Si sa venue au HBD se confirme, il disposerait d’un contrat professionnel au même titre que Josip Ilic et Steeve Massard.

Concernant l’équipe féminine, le club a annoncé le retour au bercail de Joy Wirtz. Après trois années passées en France du côté de Metz, Koenigsmacker et Yutz, l’internationale luxembourgeoise retrouve donc le HBD de son club formateur.