Coupé dans son envol par la crise du Covid-19, le Standard a vu la DN s’éloigner. Diane Weimischkirch, sa présidente, propose une saison 2020/2021 à dix clubs. Sera-t-elle suivie ?
Jeudi 9 avril, la FLH officialise l’arrêt de la saison. Et ce, au lendemain d’une réunion en visioconférence de plus de trois heures à laquelle ont pris part les quinze clubs du pays.
Lors de cette soirée, et sur les conseils d’un juriste avisé, l’hypothèse d’une saison blanche fut rapidement balayée d’un revers de main. Invités à s’exprimer sur le «meilleur» scénario de fin de saison, les clubs votent l’arrêt définitif d’une saison en cours dont Esch est désigné champion.
Autre point, et pas des moindres, aucun pensionnaire d’AXA League n’est relégué. Ce jeudi 9 avril, Romain Schockmel précise que les clubs devront également s’exprimer sur une éventuelle Division nationale version 2020/2021 à dix équipes.
Le président de l’instance fédérale a donc tenu compte de la lettre reçue le 21 mars et rédigée par Diane Weimischkirch. Dans sa missive, que Le Quotidien a pu consulter, la présidente du Standard, auteur d’un sans-faute en quatorze matches de championnat, interpellait l’homme fort de la FLH. On peut y lire notamment ceci : «Les situations extrêmes exigent des solutions extrêmes, nous en convenons, pas au prix d’une iniquité sportive dans un sens ou dans un autre.»
Quelques lignes plus bas, Diane Weimischkirch propose cette DN à dix clubs. Le temps d’une saison qui s’achèverait sur un play-off à six clubs (les quatre derniers d’AXA League et deux de Promotion). Au final, pour revenir à une élite à huit clubs, seuls les deux premiers de play-down se maintiendraient. L’idée défendue par un club désireux d’intégrer l’élite ne semble pas faire l’unanimité. C’est du moins ce que semble craindre la présidente du Standard dans une interview accordée hier.
Alors, le Standard pourrait évoluer en AXA League la saison prochaine si les clubs décident le passage à une AXA League à dix clubs. Comment vivez cette situation ?
Diane Weimischkirch : On attend… Les clubs voteront-ils pour une DN à dix clubs ? Je ne sais pas. Ce qui est dur à accepter, c’est que si le championnat s’était déroulé jusqu’à son terme, on était sûrs de monter. C’est pourquoi nous nous sommes tout de suite opposés à l’idée d’une éventuelle « saison blanche ». Bien sûr, la crise du Covid-19 est exceptionnelle, mais ce n’est pas une raison pour aboutir à une très grave iniquité sportive.
Vous représentiez le Standard lors de la réunion du 8 avril. Avez-vous été entendue ?
Entendue oui, mais comprise, je ne sais pas… Le HB Esch, par exemple, disait qu’il se moquait d’être déclaré ou non champion. Et, au vu de la situation actuelle, je le comprends. Mais s’il était dans notre situation, avec cette possibilité de montée en AXA League, dirait-il la même chose ?
Cette formule d’une AXA League à dix clubs, c’est vous qui l’avez soumise à la fédération. Comment vous est venue cette idée ?
J’ai discuté de la situation actuelle avec d’autres clubs. Arsène Welter, manager à Schifflange et ancien secrétaire général de la fédération, me disait que c’était une possibilité et qu’elle devait être soumise à un vote.
Quelle fut sa réaction ?
Je ne veux pas trahir ce que tel ou tel club m’a fait comme confidence, mais je peux juste dire qu’Arsène y était favorable.
Si HB Esch était dans notre situation,
dirait-il la même chose ?
Lors de cette réunion, quelle fut la réaction des autres clubs ?
Certains ont avancé que la montée de deux clubs allait alourdir la saison. Sérieusement, on parle de quatre matches de plus… Et je le répète, ce serait une saison exceptionnelle à l’issue de laquelle on reviendrait à huit clubs.
Un autre point devait être abordé lors de cette réunion mais finalement laissé de côté : la formule du championnat lors de la saison 2021/2022. Or, selon nos informations, une Division nationale à six clubs devait être à l’étude…
Oui, je sais. C’est une idée qui court depuis deux ou trois ans. Mais si vous voulez mon avis, ce ne serait pas une bonne idée. Il n’y a déjà pas beaucoup de clubs au Luxembourg, si vous en réduisez encore le nombre en DN, ça va poser de sérieux problèmes.
Au-delà de cette DN à dix clubs, l’absence d’un club de la capitale parmi l’élite ne constitue-t-il pas une incongruité ?
À Luxembourg-Ville, il y a à peu près 250 clubs divers et variés. C’est beaucoup plus compliqué pour nous de trouver des sponsors qu’un club de village… Par exemple, des entreprises m’ont déjà dit qu’en cas de montée elles voudraient bien nous aider, mais de manière anonyme.
Anonyme ?
Oui, pour éviter de voir d’autres clubs frapper à leurs portes…
N’est-il pas anormal que Luxembourg n’est pas un grand club de handball ?
Mais le Standard n’est pas un petit club. On a des équipes dans toutes les catégories et on compte quelque 200 licenciés, dont 140 chez les jeunes. Maintenant, l’équipe messieurs n’est pas en Division nationale, c’est vrai. Mais ne vous y trompez pas, le Standard n’est pas un petit club. D’ailleurs, notre vote compte six voix (NDLR : barème établi en fonction des équipes engagées dans les différents championnats). Ce qui est le maximum.
Si les clubs votaient finalement contre une DN à dix clubs, que cela représenterait-il pour le Standard ?
Ce serait un terrible coup bas porté au club ! Pour viser la montée, le club a consenti des efforts financiers en recrutant, par exemple, Alexandre Cioban (NDLR : joueur passé par Käerjeng et Schifflange). Et puis, ce serait aussi une grosse gifle infligée au visage de Lionel Pérignon, notre entraîneur, qui effectue un travail absolument remarquable. Tant avec l’équipe senior que celle des U19.
Êtes-vous inquiète avant ce vote ?
Déjà, je regrette d’une certaine manière que la FLH n’ait pas pris cette décision d’elle-même de passer de huit à dix clubs. La fédération française, par exemple, a décidé d’arrêter le championnat et de passer de 14 à 16 clubs. Ceci étant dit, chaque club va voter dans son coin en renvoyant un formulaire à la fédération. Et on devrait avoir le résultat de ce vote début mai. Je ne sais pas, mais je n’ai pas un bon pressentiment.
Entretien avec Charles Michel