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[Handball] Dan Epps : «Je suis pour les fusions»


Dan Epps : «Est-ce que je vais me représenter l'an prochain? Je ne sais pas encore. Ça va dépendre de pas mal de choses. Pour l'instant, je n'en ai aucune idée.» (Photo : Julien Garroy)

Dan Epps a pris la présidence de la FLH en avril 2014. Il évoque la Benelux Liga, la santé financière de la fédération mais aussi l’avenir qui pourrait voir certains clubs finir par s’unir…

En avril 2014, vous deveniez président de la fédération. Cette prise de fonction a-t-elle changé votre quotidien?

Dan Epps : Je suis devenu président comme la Sainte Vierge est devenue mère… Bon, j’étais trésorier, j’ai pris l’intérim, puis voilà… Avec mon emploi (NDLR : il est directeur de QConsulting), ça prend du temps mais c’est compatible. Par contre, au lieu d’aller courir en forêt, je cours d’une réunion à l’autre… Mais bon, c’est le prix à payer. Mais je ne le regrette pas.

Votre élection intervenait deux mois seulement après l’échec de la Benelux Liga…

(Soupir) Oui…

Vous n’avez toujours pas digéré cette mise à l’écart?

On l’avait présenté comme LE projet d’avenir. Aujourd’hui encore, certains sponsors nous demandent pourquoi cela n’a pas fonctionné. Mais expliquer cela à quelqu’un qui n’est pas trop dans le hand, c’est compliqué…

Y a-t-il eu un impact sur le plan financier?

Durant les trois années de la Benelux Cup, compétition qui devait déboucher sur la création de la Benelux Liga, la FLH avait quand même investi quelque 50 000 euros par an afin de soutenir les clubs, notamment, dans leurs déplacements en Belgique et aux Pays-Bas. Ça représentait 10 % du budget annuel de la fédération.

Et vous, avez-vous compris les raisons qui ont incité les Néerlandais et les Belges à pousser vers la sortie le Luxembourg?

Il y a trois volets. Le premier, c’était les règles de jeu. Il fallait modifier le championnat luxembourgeois tout en sachant que l’aventure aurait pu se terminer après seulement une saison. Ensuite, les Hollandais souhaitaient pouvoir se retirer quand bon leur semblait. Enfin, il y a eu la trahison de nos amis belges. D’un côté, ils assuraient nous soutenir mais on a intercepté des mails qui montraient que la Belgique avait déjà négocié avec les Pays-Bas…

Quelle est la santé financière de la FLH?

Chaque année, on clôture sur un bénéfice mais on n’a pas de liquidités car on doit tout préfinancer. Que ce soit les frais de l’équipe nationale, les salaires du staff technique…

Avant de prendre la présidence, vous étiez en charge de la commission marketing.

Ça fait huit ans que je suis à la FLH et cette saison, c’est la première qu’on débute en connaissant les dates auxquelles la sélection jouera. Ce qui nous permet de planifier certaines choses. Avant, ce n’était pas le cas. Avant, à un éventuel futur sponsor, on lui disait : « Peut-être qu’en janvier, on joue deux matches dont un, avec un peu de chance, à la maison. » Là, c’est plus simple, même si ça reste difficile.

Pour quelles raisons?

Un championnat d’Europe, un championnat du monde ou des Jeux olympiques, soyons réalistes, on n’en disputera jamais. On manque donc d’arguments. Vous me direz, vous pouvez organiser un tournoi, mais le calendrier international est déjà si chargé que ce n’est même pas envisageable. C’est pourquoi cette Benelux Liga était intéressante.

Des discussions peuvent-elles réapparaître à l’avenir?

Avec les Pays-Bas, peut-être. Avec la Belgique, je ne sais pas… On n’écarte personne mais s’il devait y avoir un rapprochement, il faudrait réinstaller une base de confiance. Mais de ce que j’entends au niveau des clubs, rien ne bougera d’ici 2019 ou 2020.

Est-ce le seul moyen de permettre au handball luxembourgeois de se développer?

L’un des moyens. Le Luxembourg, c’est un petit village en Allemagne. Si je suis président de club et que je veux attirer un sponsor important qui n’est pas luxembourgeois, genre Toyota, je lui dis quoi? Je joue 14 matches de championnat, plus un play-off de 10 matches plus éventuellement une finale de Coupe de Luxembourg devant 2 000 spectateurs… Difficile du coup d’être convaincant… Par contre, si le club dit : « Voilà, je joue en Benelux Liga. Vendredi, on est à Amsterdam, la semaine prochaine à Hasselt, on est diffusé sur trois chaînes de télévision (luxembourgeoise, belge et néerlandaise), etc.

Il y a deux ans, vous déclariez : « Les clubs luxembourgeois ont envie de briller en Coupe d’Europe. » Que vous inspire le 1er tour de Coupe EHF?

Käerjeng et Dudelange sont tombés respectivement face à un club suédois et norvégien. C’est logique.

La version Ligue des champions de l’EHF est sensiblement la même que son homologue de l’UEFA…

Oui. C’est à peu près le même calque. C’est devenu une sorte de ligue fermée.

Le handball européen peut-il se permettre de snober ses petits pays?

En football, si un club comme Nicosie passe deux tours, il gagne l’équivalent de son budget annuel. Nos clubs, eux, n’ont aucun retour pour leur investissement au niveau international. Esch, qui était en finale de Coupe d’Europe (NDLR : Challenge Cup) n’a rien empoché et a même dû encore payer un droit d’inscription. Il y a quelque chose qui n’est pas cohérent. Käerjeng, s’il avait voulu jouer le tour qualificatif de la Ligue des champions, ça lui aurait coûté 30 000 euros de frais d’inscription! Il serait temps que l’EHF se pose vraiment des questions…

La répartition financière devrait donc être plus équitable…

Quand l’équipe nationale de football dispute un match international, la FLF touche une partie des droits TV. Ça varie de 150 000 à 300 000 euros par match. Et puis, en foot, il y a une solidarité envers les petites nations. En qualification, le Luxembourg peut espérer affronter la France, les Pays-Bas, l’Allemagne… Nous, on a joué la France il y a huit ans. Depuis, on a affronté la Lettonie, l’Estonie, l’Ukraine, la Géorgie…

Les grandes nations affirment qu’affronter les petites nations est une débauche d’énergie inutile dans un calendrier déjà très chargé…

D’accord, mais il faudrait alors s’interroger sur la pertinence d’organiser un championnat d’Europe et un championnat du monde tous les deux ans. C’est ridicule! D’autant que ce qui est rare est précieux… Et puis, pour le joueur, ce n’est pas bon également. Selon un article que j’ai lu récemment, 80 % des joueurs professionnels en Allemagne avaient déjà été victimes d’une grave blessure au genou avant 25 ans. C’est donc compréhensible que les grandes nations protègent leurs joueurs mais ce serait bien d’alléger le calendrier international et d’opter, par exemple, pour des éliminatoires d’un Mondial ou d’un Euro étalés sur 18 mois avec des groupes de six équipes.

Au sein des clubs, quelle est la tendance au niveau du nombre de licenciés?

Chez les jeunes de 7 à 12 ans, on observe une augmentation de 40 % des licenciés par rapport à il y a cinq ans. Au Sportlycée, cela fait sept ans qu’on arrive à remplir chaque année un cadre complet. Soit 14 joueurs. Quant au cru 99/2000, il est excellent!

Sachant que les clubs ne gagnent rien financièrement, comprenez-vous les investissements faits par certains?

Le vainqueur de la Coupe reçoit 5 000 euros, le finaliste 3 000 euros et le champion, rien du tout. Nous sommes tous une bande d’idéalistes. Marc Sales, Gast Seil et Fabian Cruciani (NDLR : respectivement président de Käerjeng, des Red Boys et de Dudelange) vivent handball. Alors oui, il y a de l’argent investi mais aussi beaucoup d’énergie. Il faut voir le travail d’une Jacquie Link à Diekirch ou d’un Armand Kremer à Mersch pour s’en rendre compte. Après, certains clubs comme les Red Boys ont décidé de changer de politique et investissent dans la formation.

L’évolution et la compétitivité du handball grand-ducal passent-elles par la fusion de certains clubs?

Créé en 2010, le HC Uewersauer n’a jamais été destiné à avoir une équipe senior, mais devait permettre au handball de s’implanter dans le nord du pays. Il existe une entente qui regroupe Uewersauer, Echternach/Diekirch et Mersch en U17. Par la suite, j’espère qu’un grand club, genre HC Norden, se créera et soit compétitif avec les clubs du Sud.

Eux aussi pourraient-ils fusionner?

Oui. Je suis pour la fusion. J’aimerais voir une fédération avec dix ou onze clubs bien structurés. On pourrait imaginer des fusions entre Esch et Rumelange, Pétange et Käerjeng ou bien encore Strassen, Standard et Berchem…

La FLH a-t-elle des projets de modernisation?

On va mettre en place pour le début des play-offs un système de statistiques. On en a bien besoin. En fin de saison dernière, au moment de désigner le meilleur buteur de la saison, on a dû revoir toutes les feuilles de matches les unes après les autres. Je me suis dit qu’on n’était quand même plus au Moyen Âge…

Charles Michel