COUPE EHF (2e TOUR ALLER) Diminué par les blessures de Yann Hoffmann et Damir Rezic, le champion national s’envolera vendredi pour Tel-Aviv avec tout de même l’espoir de se qualifier pour le 3e tour.
LE MACCABI ÉTAIT-IL SUPÉRIEUR AUX RED BOYS?
Répondre par l’affirmative reviendrait donc à dire que le plus fort a gagné. Ce qui ne serait pas une hérésie même si cette éventuelle supériorité n’a pas non plus frappé les esprits. Si le Maccabi a compté jusqu’à sept longueurs d’avance (9-16, 29e) au plus fort de sa domination, c’est aussi avec la complicité de Differdangeois coupables d’un effrayant passage à vide – dans la deuxième moitié de la première mi-temps – dont l’explication trouverait ses racines dans la sortie sur blessure de Damir Rezic, après moins de cinq minutes de jeu. Goran Vukcevic, entraîneur des Red Boys : «J’ai l’impression que sa sortie a été vécue par les joueurs comme un petit choc. Ça les a déconcentrés…»
Déjà privé de Yann Hoffmann, le champion en titre perdait donc un autre élément important de son dispositif. Tant sur le plan défensif qu’offensif, en l’absence du jeune international luxembourgeois. Ce coup de massue expliquerait-il à lui seul ces atermoiements défensifs? Peut-être. Toujours est-il qu’en seconde période, les Red Boys ont affiché un autre visage, bien plus séduisant. À croire que les mots de Vukcevic ont porté. «J’étais en colère!, confie l’intéressé. Je leur ai dit simplement qu’avec ou sans Rezic, il fallait se mettre à jouer. Parce que ce qu’on avait montré jusque-là défensivement était inacceptable!»
Plus entreprenants et vaillants, les Differdangeois sont revenus de nulle part, voyant même en fin de rencontre les contours du succès se dessiner avant de subitement s’effacer. Tel un mirage.
UN BANC D’UN AUTRE ACABIT
Diminués, les Red Boys l’étaient indiscutablement avec l’absence d’Hoffmann et la blessure en cours de jeu de Rezic. Mais le Maccabi n’était pas non plus au complet. Ainsi, il était privé de David Rasic, son habituel arrière droit, auteur de onze buts sur l’ensemble du tour précédent contre Londres. Le Serbe, touché semble-t-il au dos, est resté sur le banc. Tout comme Robert Markotic, blessé lui aussi. Privée de ses deux armes, la formation israélienne n’est pourtant jamais apparue d’une grande fébrilité. Surtout, elle était capable de faire tourner son effectif. Vukcevic : «Le Maccabi possède un banc beaucoup plus large et plus expérimenté que le nôtre. On était un peu diminué dans ce registre.»
UN MACCABI INTRAITABLE SUR SON PARQUET
Chaque année, le Maccabi Srugo Rishon Lezion se retrouve sur la scène européenne. Mais ce n’est pas pour autant qu’il reçoit. Ainsi, si son dernier match à domicile date du 1er tour aller contre Londres (38-14), l’équipe de Tel Aviv n’avait plus joué devant son public depuis le 18 février 2012 et un court revers essuyé lors du 16e de finale retour contre le Gorenje Velenje (30-32). Presque une performance, au vu de la correction reçue à l’aller en Slovénie (40-24). Mais sur leur terre, les Israéliens se sentent pousser des ailes : quatre victoires lors des six dernières sorties au centre sportif Beit Maccabi.
Par contre, loin de chez eux, ces derniers éprouvent bien plus de difficultés. Pour preuve, entre 2009 et 2012, années où le club évoluait régulièrement à domicile, il comptait 3 victoires pour 2 défaites lors de ses cinq apparitions à domicile. Sur la même période, son bilan loin de ses bases et de… 1 nul pour 4 défaites. Ce nul date du 17 octobre 2009 et fut arraché à… Lallange contre le HB Esch (29-29).
Un nul synonyme de qualification, après la très large victoire des Israéliens chez eux une semaine plus tôt (32-20). Cette déroute coïncide avec la première expérience européenne de Sedin Zuzo, actuel gardien des Red Boys mais portier alors d’Esch, dont les souvenirs se résument essentiellement au patrimoine local : «C’était très sympa! On était à Tel Aviv, au bord de l’eau. Nous sommes allés visiter Jérusalem, le Mur des Lamentations, le Mont des Oliviers, le Chemin de Croix et j’ai même posé ma main sur la pierre où Jésus avait posé la sienne*. Mais concernant le match, je ne me souviens pas de grand-chose…»
Quant à l’étonnante efficacité israélienne à la maison, le portier rappelle que ça fait partie du «charme de la Coupe d’Europe». C’est sûr que si le Maccabi est aussi efficace que ses supporters sont bruyants, les Differdangeois ont du souci à se faire. Ils n’étaient pas plus d’une vingtaine, dimanche, mais assez nombreux pour donner la leçon aux supporters locaux, à l’image de cette blondinette, haute comme trois pommes, encourageant la bande à Shikloshi au son de sa petite voix suraiguë : «Maccabi! Maccabi! Maccabi!»
Y AURA-T-IL DES CHANGEMENTS AU RETOUR?
Si la sortie sur blessure de Damir Rezic n’a pas entraîné de changement tactique en profondeur, les Red Boys devraient se présenter au retour dans un autre dispositif. Ainsi, Goran Vukcevic ne cache pas son intention d’apporter un peu de mouvement à sa défense. «Durant les prochains jours, on va travailler la 5-1», confie le technicien conscient qu’il faudra mettre en difficulté la circulation de balle adverse et, entre autres, la relation entre Kofman, l’arrière gauche, et Omer Gera, le pivot. Bref, Differdange pourrait donc opter pour une 5-1 avec, en pointe, un Scheid déjà vu dans ce registre en club et en sélection. «Il y a aussi Eric (Manderscheid) ou Aldin (Zekan). J’ai des options dans ce domaine.»
UNE QUALIFICATION EST-ELLE POSSIBLE?
Avec un petit but de retard, il est presque surprenant de se poser pareille question. Mais au vu du contexte, celle-ci est légitime. «Si on est dans un bon jour, on peut gagner et se qualifier», assure Vukcevic tout en rappelant que ses joueurs se sont procuré bien des occasions de but, mais ont parfois pêché par manque de réalisme. Comme sur cette tentative de Scheid, filant à côté du poteau droit de Strat, à 45 secondes de la fin. «Le plus important est de s’être créé des occasions. Si on est plus efficaces, tout est possible!»
Si une qualification serait «formidable», cette aventure européenne, et tout particulièrement ce déplacement en Terre Sainte, auquel même les blessés prendront part, est amenée à consolider davantage encore la cohésion du groupe. «La Coupe d’Europe, c’est bien, résume l’entraîneur, mais il ne faut pas oublier qu’il nous reste un championnat à jouer…» Dès lors, Goran Vukcevic ne demandera sans doute pas l’impossible à ses hommes qui, du samedi 15 octobre au mercredi 26 octobre, disputeront pas moins de quatre matches**!
Charles Michel
* La légende dit que cette pierre aurait gardé l’empreinte de sa main gauche lorsqu’il s’effondra contre lui avant sa crucifixion.
** Maccabi – Red Boys (samedi); Red Boys – Schifflange (19 octobre); Pétange – Red Boys (22 octobre) et Dudelange – Red Boys (26 octobre).