Käerjeng a réalisé une grosse performance, dimanche, en éliminant les Serbes de Vojvodina. Et ce grâce, entre autres, à son gardien auteur de 17 arrêts et de… 2 buts! Dont le tout dernier…
Battus d’un but, samedi à l’aller, les Brasseurs ont renversé la vapeur dimanche lors d’une rencontre haletante.
Work hard, dream big.» La devise qui, en gros caractères, orne les tricots d’entraînement des Bascharageois résume l’état d’esprit de ces derniers au moment d’aborder, dimanche, le match retour du 1er tour de Coupe EHF contre Vojvodina. C’est que la veille, les Brasseurs ne s’étaient inclinés que d’une petite longueur (30-31) face au champion de Serbie. Un revers nourrissant non pas des regrets, mais bien des espoirs et notamment celui de défier le Benfica Lisbonne au tour prochain. Pour cela, il lui fallait s’imposer par au moins deux buts d’écart ou alors l’emporter en inscrivant plus de 31 buts. Un défi? Non, une véritable mission dont s’est acquitté avec brio le vice-champion national en l’emportant au final (25-28).
Käerjeng a donc fait le métier et réalisé ce qui s’apparente à un exploit au vu d’un adversaire surpris déjà la veille de s’être imposé sur le plus petit écart. De quoi foutre en rogne Dragan Kukic, son entraîneur, qui gardera ses hommes samedi soir une vingtaine de minutes sur le parquet afin de leur exposer sa façon de penser. «Ils nous ont sous-estimés», lâche un Mikel Molitor qui, fraîchement entré en jeu, permettait aux siens de mener de quatre longueurs (9-13, 27e). Au moment de rejoindre les vestiaires, celles-ci auront diminué de moitié (12-14). Mais peu importe : être en tête à ce moment-là constituait déjà une victoire.
À cet instant de la rencontre, les Brasseurs ont virtuellement un pied à Lisbonne où ils pourraient se rendre début octobre pour le compte du 2e tour. Ce que l’on craignait, évidemment, c’est que Käerjeng ne vienne à manquer de souffle et de ressources lors d’une seconde période durant laquelle, inévitablement pensait-on, les Serbes allaient passer à la vitesse supérieure. Mais alors que les minutes s’égrènent, les visages bascharageois sont certes ruisselants de sueur mais affichent une détermination sans faille. Rien à voir avec ceux des Serbes qui, à l’approche du dernier quart d’heure, laissent apparaître nervosité et agacement. C’est qu’ils ne pensaient certainement pas se retrouver en pareille position. Ni eux ni leurs supporters. La veille, après leur court succès, un site internet serbe s’interrogeait : «Mais il y a du handball au Luxembourg ?»
Mina : «Je vais vivre de belles émotions ici…»
Les joueurs de Vojvodina l’ont découvert hier à leurs dépens. Dépités, ils devaient se demander ce qui venait de leur arriver, tandis que leur entraîneur ne se faisait pas prier pour prendre illico presto la direction des vestiaires.
Du côté de Käerjeng, les sourires et la satisfaction du travail bien fait ne masquaient pas complètement cette drôle d’incompréhension. «On n’avait pas tablé sur une qualification pour le 2e tour», confie dans un grand sourire Stéphane Mina qui s’offre ainsi un sacré baptême du feu en tant qu’adjoint de Riccardo Trillini. «Il est peut-être dit que je vais vivre de belles émotions ici…»
L’émotion, hier, ne se limitait pas simplement à la victoire. Mais à sa réalisation. Après avoir fait une bonne partie de la rencontre en tête, Käerjeng voyait les Serbes prendre les commandes (21-20, 47e). Chose qui ne leur était plus arrivée depuis 37 minutes (4-9, 10e)! Pas de quoi faire trembler la bande à Volpi qui évoluera tout de même durant huit minutes en infériorité numérique durant cette seconde période. Mais Käerjeng trouve les ressources pour ne pas flancher. Bien au contraire.
«J’avais demandé à mes joueurs de trouver l’énergie et l’intensité qui nous avaient manqué hier, expliquait après coup Riccardo Trillini. Et si l’un d’entre eux était fatigué, il fallait qu’il le dise pour que je puisse le faire récupérer. Mais personne n’a levé la main…»
Auteur d’une prestation étincelante, Chris Auger est sans conteste l’un des grands artisans de cette qualification. Auteur de 17 arrêts, le gardien international luxembourgeois a inscrit… 2 buts! Le premier sur un lob, le second sur une montée dont il a le secret dans la toute dernière minute. Et ce, quelques secondes après un temps mort où il fomenta son plan. «J’ai dit à Raul (Gabellini) : « Regarde, je vais faire une feinte pour m’ouvrir l’espace et marquer ».» Käerjeng mène de deux longueurs et Auger, après une feinte de passe, s’ouvre le chemin du but et vient tromper Arsenic (25-28). Käerjeng peut continuer à rêver grand…
Charles Michel