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[Handball] Arsène Welter : «Schifflange, ce n’est pas le Bayern…»


Arsène Welter (à d.), aux côtés de Pascal Schuster et Loïc Demaret (à g.), et Schifflange retrouvent le sourire. (Photo : Julien Garroy)

En proie à des difficultés de toutes sortes depuis plusieurs années, Schifflange sort doucement la tête de l’eau. Avec une autre politique, comme l’explique Arsène Welter, son manager.

Mal en point ces dernières saisons, Schifflange pointe à l’avant-dernière place d’AXA League, à des années-lumière du leader eschois qu’il reçoit samedi soir. Mais pour un club qui, à en croire son manager, a frôlé la mort, sa présence dans l’élite est déjà une belle victoire.

«Résiste. Prouve que tu existes.» Schifflange pourrait faire, de ces paroles de France Gall, sa devise. Ce club a une âme et possède une indéniable faculté de résilience pour encaisser autant de coups, lutter et se relever. Demain, il se retrouvera au tapis pour la onzième fois de la saison. Un deuxième K.-O. face à un HB Esch dont il était ressorti, à l’aller, avec 19 points de suture (41-22). Combien y en aura-t-il cette fois? À la rigueur, peu importe, de ça comme du reste, le HBCS gardera l’une ou l’autre cicatrice mais finira par se relever. Un champion – ce qu’il fut en 1981 – ne meurt jamais.

Il y a quatre ans, le HBCS a failli rendre son dernier souffle. «Quand je suis arrivé, je savais où je mettais les pieds, assure Arsène Welter. Et si d’autres grands clubs m’avaient demandé de leur filer un coup de main, je préférais quand même venir ici. Pour le challenge.» Par amitié, aussi, pour Jeannot Kaiser, il arrive en 2016 au chevet d’un club bien pâle : «Une soixantaine de licenciés toutes catégories confondues» mais, surtout, une dette tournant «aux alentours des 30 000 euros». La conséquence, selon lui, d’une gestion peu en raccord avec le contexte : «Certains pensaient sincèrement bien faire mais Schifflange, ce n’est pas le Bayern Munich…»

Secrétaire général de la fédération luxembourgeoise durant près de 25 ans, Arsène Welter arrive avec Pascal Schuster au poste d’entraîneur. Faute de moyens humains, le club va chercher au-delà des frontières ce qu’il n’a pas chez lui. «On a essayé de recruter des joueurs avec plus ou moins d’expérience mais ça n’a pas très bien marché car c’était des mercenaires. Tant qu’ils avaient leur fric, ça allait mais après…»

Mathématiques, résine et défilé de mode

Après un chassé-croisé Schuster – Veidig, le technicien luxembourgeois revient dans un club à la tête duquel se trouve un nouveau patron. «Quand Jeannot (NDLR : Kaiser) s’est retiré, confie Welter, on m’a demandé de prendre la suite mais j’ai refusé. Pourquoi? Parce que je ne suis pas schifflangeois…» Aux yeux du manager, cet «ADN» lui apparaît fondamental. Et Sven Kill, professeur de mathématiques et candidat initial au poste de trésorier, se retrouve propulsé à la présidence. Et peu importe qu’il ne se soit jamais enduit les paluches de résine. «Je connais des présidents qui ne connaissent pas grand-chose en handball», glisse malicieusement un Arsène Welter persuadé que Sven Kill est la personne idoine afin de représenter au mieux l’institution auprès des potentiels soutiens locaux. «Nos difficultés financières s’expliquent en partie par la parole non tenue de sponsors d’autres communes», tacle Welter quelque peu agacé d’entendre le sempiternel même laïus. «J’avais l’impression de revenir des années en arrière quand j’étais à la fédération, qu’on cherchait des soutiens et qu’on nous disait « Revenez quand vous aurez des résultats ».»

Alors, face à ces portes fermées, le club s’est ouvert à d’autres actions afin de renflouer les caisses : brocantes, soirées scampis et… défilé de mode. «Ça se passe au hall polyvalent, des boutiques viennent avec leurs mannequins et présentent leur nouvelle collection. Ça marche bien, il y a environ 400 spectateurs.»

«Sans ça, le club serait mort»

Ces rentrées d’argent ont permis, comme l’explique le manager, de réduire une dette, à ce jour «de l’ordre de 7 000 euros». Cet indicateur, encourageant, s’accompagne d’une «baisse des charges» et d’une hausse des licenciés, désormais «proches d’une centaine». Le tout avec une politique axée sur la formation. Un secteur en plein essor puisque le club compte désormais «une trentaine de joueurs chez les U7-U11», que si le club n’est pas représenté en catégorie U13, «l’équipe U15 marche très bien» et les U17, qui jouent avec Esch cette saison, pourraient voler de leurs propres ailes la saison prochaine. «Otto Heel, Jan-Paul Fischbach, chez les plus jeunes, et Amélie Dolo en U15-U17 font vraiment du très bon travail et d’ici trois à quatre ans, on en récoltera les fruits en équipe 1», se réjouit un Arsène Welter conscient que cette renaissance, le HBCS la doit aussi à ses voisins. «On a profité du « Prêt Coopération » (NDLR : système de prêt gratuit qui permet, au club prêteur, de récupérer son joueur en cas de besoin) pour demander à certains clubs, comme les Red Boys, Berchem et Esch, s’ils pouvaient nous prêter quelques joueurs sans quoi on n’aurait pas eu assez d’éléments pour aligner une équipe en Division nationale. Sans ça, le club serait mort.»

Esch, club le plus titré de ce  XXIe siècle, est donc venu secourir son petit voisin qu’«un monde, au moins un monde, sépare». Le signe de l’évolution des mentalités mais aussi d’une prise de conscience que la disparition d’un club comme celui de Schifflange conduirait à un affaiblissement du handball luxembourgeois dans son ensemble. Cette entraide fait sourire Arsène Welter : «Il y a 40-45 ans, entre Schifflange et le Fola, c’était la guerre! C’était le derby qu’il fallait gagner!»

Depuis quelque temps déjà, faute d’un HBCS suffisamment compétitif, cette rivalité a disparu pour laisser place à une relation amicale. Au point que leur rencontre prend des allures de «fête des voisins». Samedi, celle-ci devrait à nouveau être bien arrosée…

Charles Michel

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