Parti l’été dernier à Lemgo où il évoluait en équipe réserve en 3e Liga, Jacques Tironzelli est de retour au bercail pour retrouver notamment le chemin de l’école.
Le 22 novembre dernier, dans ces colonnes, vous évoquiez votre intention de vous consacrer durant ces deux prochaines saisons au handball. Samedi, Käerjeng a annoncé votre retour. Expliquez-nous les raisons de ce revirement ?
Jacques Tironzelli : Mes études. En débarquant en Allemagne, au début c’était assez incroyable. Je faisais ce que j’avais toujours rêvé de faire : me consacrer uniquement au handball. Mais voilà, après quelques mois, j’avais envie de trouver quelque chose à faire entre ma séance de musculation du matin et l’entraînement du soir. Je pensais suivre des études à distance d’instituteur ou d’éducateur, mais il n’y en avait pas. Et l’université la plus proche de Lemgo se trouve à une heure de route. Au final, en reprenant mes études là-bas, je n’aurais été en mesure de ne suivre que cinq séances par semaine. Dans ce cas, autant revenir au Luxembourg.
Cette décision de quitter Lemgo, et hypothéquer ainsi une éventuelle carrière professionnelle, a-t-elle été facile à prendre ?
Cette expérience était assez fascinante. J’ai découvert un autre championnat, d’autres méthodes d’entraînement. Mais il me fallait faire la balance entre handball et études. En évoluant en 3e Liga, même si tu mènes le rythme de vie d’un professionnel, tu ne gagnes de quoi te permettre de vivre. De t’assumer. Bien sûr, j’aurais pu continuer comme ça encore deux ou trois ans mais ce n’est pas dans ma mentalité de vivre aux crochets de mes parents. Alors, pour répondre à la question, s’il y avait eu une université à dix minutes ou si le club m’avait proposé un contrat suffisamment intéressant, j’aurais pu y rester mais ce n’était pas le cas.
Il vous restait encore un an de contrat avec Lemgo…
Oui mais j’ai expliqué aux dirigeants ma situation, mes projets et ils ont très bien compris. Ils savent que cela ne sert à rien de retenir un joueur qui veut partir.
Aviez-vous eu le mal du pays ?
Non, je ne dirais pas ça même si l’idée de revenir s’est précisée en début d’année, après les campagnes qualificatives de la sélection. Je venais de passer quasiment un mois au Luxembourg. Ce qui m’avait fait rater deux matches avec mon club. À mon retour, j’avais perdu ma place.
Quel regard portez-vous sur votre saison ?
Je pense qu’un joueur ne peut progresser que s’il a un temps de jeu suffisant. Il m’est arrivé de faire de bons matches comme, par exemple, celui à Cologne contre Longericher de Luca Tomassini. Mes parents étaient venus me voir jouer et j’avais inscrit dix buts. Ça m’avait d’ailleurs valu d’être désigné meilleur joueur du week-end sur l’ensemble de la 3e Liga. Ce jour-là, en raison de certaines absences, l’entraîneur m’avait fait jouer 50 minutes. Mais, en général, je passais entre 20 et 30 minutes sur le terrain.
Vous voici donc de retour au Grand-Duché. D’autres clubs vous ont-ils contacté ?
Oui, il y en avait deux autres que je ne citerais pas par respect pour eux mais j’ai finalement opté pour Bascharage.*
J’ai choisi Bascharage car c’est là que j’habite
Qu’est-ce qui a fait la différence ?
(Il rit) Je suis trop jeune (NDLR : 20 ans) pour faire de l’argent ma priorité… J’ai choisi Bascharage car c’est là que j’habite, j’y ai passé quatre bonnes saisons et c’est un club où je me sens bien. J’y ai de bons copains comme Tom (Meis) ou Tommaso (Cosanti). Et puis, d’après ce que j’ai compris, on devrait avoir une équipe compétitive la saison prochaine.
Depuis Lemgo, avez-vous suivi l’Axa League ?
Oui, je regardais les matches en livestream et il m’est arrivé de venir en voir quelques-uns au pays.
Qu’en avez-vous pensé ?
J’ai eu l’impression que, derrière Esch et Red Boys, le niveau avait un peu baissé par rapport aux dernières saisons. J’ai constaté aussi la différence de mentalité avec l’Allemagne. Là-bas, même si tu perds de six buts, tu continues à te battre jusqu’au bout, ici, parfois les gars ont tendance à baisser les bras un peu trop vite. J’avais également l’impression qu’il y avait moins de monde dans les salles. C’était également le cas lors des qualifications avec la sélection à la Coque. Pourquoi? Je ne sais pas. On ne parlait pas encore du coronavirus…
Entretien avec Charles Michel