Son retrait des parquets cette saison fait d’André Gulbicki un observateur privilégié. Pour Le Quotidien, et sans langue de bois, il livre ses impressions sur la première phase. Attention aux secousses.
Comment vivez-vous cette « retraite« ?
André Gulbicki : Oh, je ne suis pas en retraite! Je me suis accordé une pause… J’ai eu des propositions, mais rien d’intéressant.
Le terrain ne vous manque-t-il pas?
Après 25 ans sans interruption, me voici à ne rien faire. Et c’est vrai que le handball me manque. Enfin, surtout l’aspect social : les entraînements, les discussions avec les joueurs, l’atmosphère des matches… Bon après, être derrière un joueur qui ne veut pas s’entraîner ou répondre à des journalistes qui ne sont pas contents, ça ne me manque pas (il rit)…
Cette « pause« , savez-vous combien de temps va-t-elle durer?
Non. Ça dépendra de ce qui se présentera. De ce que l’on me proposera. Il faut que le projet soit intéressant.
Quels critères celui-ci devrait-il remplir?
(Il réfléchit) Je suis passé dans les principaux clubs du pays et, partout où je suis allé, j’ai gagné quelque chose. Au total, je compte 9 Coupes de Luxembourg, pour 15 finales, et 6 titres de champion. Et encore, durant ces 25 années, j’en ai passé trois en Allemagne. Si j’étais resté au pays, je compterais sans doute d’autres trophées.
Si l’on comprend bien, un « projet intéressant« doit être celui qui vous permet de gagner un trophée, c’est bien ça?
Ce qui m’importe, ce n’est pas tant le titre que le challenge. Bon, c’est vrai que dès ma première année à Berchem, j’avais la chance d’être à la tête d’une équipe qui comptait dans ses rangs des garçons comme Kohler, Malano, Engleitner, les frères Majerus… Mais le challenge réside aussi dans la progression du groupe, mais aussi des individus.
Malgré votre retrait, vous connaissant, on imagine que vous ne devez pas manquer grand-chose…
De temps en temps, je vais voir des matches, sinon je les regarde sur internet. J’ai vu tous ceux d’Esch! Mais aussi beaucoup des Red Boys, de Dudelange, Käerjeng…
Danijel (Grgic) a surtout fait un très bon travail sur le plan mental
Et alors, quelles sont vos impressions?
Ces trois dernières saisons, j’étais à Esch. Une période durant laquelle j’ai noué des liens avec des joueurs avec qui je reste toujours en contact. Et je dois dire que je suis surpris. En raison des blessures de Bock, Muller et Agovic, je pensais que l’équipe allait avoir beaucoup de mal à jouer les premiers rôles. Mais elle a bien joué et obtenu de très bons résultats. D’ailleurs, elle n’a perdu qu’un seul match, à Dudelange, mais ce jour-là, elle était passée complètement au travers. Lors de ses autres sorties, même en Coupe d’Europe, elle s’est montrée souveraine.
On sent que cela vous fait plaisir…
Oui. Depuis quatre matches, Martin Muller évolue vraiment à un très haut niveau. Hugo Figueira, qui était deuxième gardien l’an dernier (NDLR : derrière Boukovinas), réalise aussi une très belle saison. Ce sont les deux principaux artisans de cette belle dynamique. Après, je n’oublie pas non plus des garçons comme Werdel ou Agovic qui, en défense, se montre très intéressant au poste 2. Je suis très content pour lui.
Quelle différence y a-t-il entre le jeu proposé par Danijel Grgic et le vôtre?
Je ne suis pas sûr qu’il y ait vraiment une différence… Il sort peut-être plus souvent le gardien pour jouer en supériorité numérique que moi. Pour échanger régulièrement avec certains joueurs, je crois surtout que Danijel a surtout fait un très bon travail sur le plan mental. Il est parvenu à remettre certains d’entre eux dans le sens de la marche.
Ce HBD, s’il est épargné par les blessures, peut jouer les trouble-fête…
Et hormis Esch, quel regard portez-vous sur les autres formations?
Je suis surpris que les Red Boys ne dominent pas ce championnat comme ils le devraient. Au vu des très bons transferts qui ont été réalisés cet été, je trouve que les résultats ne sont pas à la hauteur. Par exemple, j’ai été très surpris de cette défaite à Esch (29-27) lors de la 1re journée de championnat. Après, il y a eu aussi cette défaite, la semaine dernière, à Dudelange (36-35). Pour moi, ce n’est pas normal. Une équipe comme ça doit tout gagner. J’ai vu plusieurs matches de Differdange et, défensivement, ce n’est vraiment pas bon. Bon, Sandor Rac est un très bon entraîneur. Il doit remédier à cela, car il compte déjà deux points de retard sur Esch.
Non, les deux équipes sont à ex æquo, mais Esch à un match de retard…
Oui, contre Mersch. C’est donc bien ce que je dis… Avec les joueurs qu’il a sous la main, il (Rac) doit tout gagner! Differdange ne doit surtout pas perdre à domicile contre Esch, sinon ce sera terminé. Pourquoi? Parce que cela influera sur l’esprit des joueurs et l’ambiance au sein du vestiaire. Croyez-moi, je sais ce que c’est.
Les Red Boys, le seul club du top 5 que vous n’avez pas dirigé…
(Il rit) Oui, c’est vrai mais n’y voyez vraiment aucun rapport.
N’exagérez-vous pas un peu? Il restera encore une troisième phase…
Si Esch compte quatre points d’avance à l’issue de la deuxième phase, ce sera terminé. Les Red Boys ont une meilleure équipe, mais Esch joue mieux. En parlant de jeu, je dois dire aussi que j’aime bien ce que fait Dudelange. C’est très intéressant. Malheureusement, et cela ne facilite pas le travail de son entraîneur (NDLR : Nikola Malesevic), l’équipe manque de profondeur de banc. Et, dans ces conditions, c’est difficile de faire tourner. Ce HBD, s’il est épargné par les blessures, peut jouer les trouble-fête… Bon, de qui n’avons-nous pas parlé?
De Käerjeng…
Ah oui. Mais qu’est-ce c’est que cette révolution?
Révolution?
Mais oui, cette histoire avec Cosanti. Bon, je n’étais pas dans le vestiaire, je ne sais pas ce qu’il s’est dit et, à la limite ça ne m’intéresse pas. La seule chose que je constate, c’est qu’avant cet épisode, Käerjeng jouait d’égal à égal avec les candidats au titre. Jusque-là, ça jouait bien, et ce malgré les blessures des uns et des autres. Mais depuis cette histoire, l’équipe a enchaîné deux défaites par plus de dix buts, à Differdange (39-24) et contre Esch (26-38)! C’est catastrophique! Dommage, car Yérime Sylla fait du très bon travail. Quand tu perds un match d’un but, ça tient à quoi? À pas grand-chose. À un peu de chance aussi. Alors oui, tu en perds quatre, c’est rageant, mais ça ne justifie pas une révolution. J’espère que cette équipe va se reprendre, car à mon avis, elle a un coup à jouer en Coupe…
Charles Michel