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[Gymnastique] Sascha Palgen raccroche : « Une autre vie commence »


Vendredi, à 18 h 30, au hall polyvalent de Schifflange, Sascha Palgen aura droit à une cérémonie qui marque l'arrêt de sa carrière. (photo Julien Garroy)

Sascha Palgen, dont la dernière apparition en compétition remonte aux Jeux des petits États européens (JPEE) en Islande, a décidé de mettre un terme à sa carrière.

Le Quotidien : Cette fois, c’est fini?

Sascha Palgen  : Oui. J’avais essayé de reprendre après ma dernière blessure. J’ai essayé de m’entraîner, mais ça ne marchait plus vraiment. Il y a un mois, j’ai décidé d’arrêter la gym de haut niveau. Je manquais de confiance en moi. Psychologiquement, ce n’était pas évident à gérer.

Votre dernière compétition restera donc les JPEE en Islande?

Oui. Après, je suis rentré à Stuttgart pour préparer les Jeux européens de Bakou. Et sur un entraînement au sol, au moment de l’impulsion d’un mouvement avec triple vrille, j’ai immédiatement senti le tendon d’Achille qui cédait.

Une blessure aussi grave, ça ruinait vos espoirs de participer à nouveau à des JO?

Normalement, c’est six mois. Et même un an pour retrouver son niveau d’avant. Pour aller à Rio, il fallait déjà se qualifier pour la qualification lors des championnats du monde de Tokyo. Je n’avais plus de chance. Je savais que c’était fini. Et que je n’irais pas à Rio.

Avez-vous envisagé de continuer jusqu’aux JO de Tokyo?

Non. J’ai pris un coup au moral quand j’ai eu cette blessure. Je n’ai pas voulu prendre de décision dans l’urgence. Je me suis laissé le temps de la réflexion pour participer éventuellement à nouveau à des Europe ou des Monde. Mais les JO, non. Maintenant, je suis trop âgé, j’ai eu beaucoup de blessures.

Maintenant qu’elle se termine, quel regard portez-vous sur votre carrière?

Je dirais qu’elle a connu des hauts et des bas. Mais je suis convaincu d’avoir eu raison de faire de la gym à haut niveau. Ça m’a permis de voyager, de rencontrer du monde. J’ai réalisé tous mes rêves, j’ai participé à des championnats d’Europe, du monde et le graal, avec les JO. Seulement, c’était vraiment très difficile. Il fallait beaucoup de motivation pour revenir après les blessures.

Les Jeux, ça reste le plus grand moment?

Bien sûr, c’est la meilleure chose qui puisse arriver à un sportif. Ça reste le pic de ma carrière. Le meilleur souvenir, c’est la cérémonie de clôture. J’étais porte-drapeau et quand tu entres dans le stade olympique devant 80  000  personnes, ça reste un très grand moment.

Vu que la gymnastique se déroule tôt, vous avez eu le temps de voir pas mal de choses à Pékin du coup?

Oui! On a eu des tickets pour le beach, le basket, la natation, le plongeon, le trampoline, l’athlétisme. J’ai vu Bolt battre le record du monde. Et j’ai parlé un peu avec Dirk Nowitzki. Avec Fabian Hambüchen (NDLR  : le gymnaste allemand champion olympique à la barre fixe à Rio), on a pris une photo avec lui. Il est beaucoup plus grand que nous!

Quel est votre plus grand regret?

Forcément, le Test Event de Londres, en 2012. Je suis dans la forme de ma vie, mais pourtant, ça ne marche pas. J’étais trop nerveux. Je voulais trop la qualification pour les Jeux et je suis passé à côté. Avec le recul, je me dis que le fait d’avoir participé juste avant pendant six mois aux compétitions de Bundesliga n’était pas une bonne chose. C’était un peu trop pour mon corps.

Vous aviez terminé premier réserviste. La pire place…

Oui. On a fait des tas de calculs mais une fois la dernière rotation passée, c’était clair. Je savais que ce serait dur. Et quand l’officialisation tombe, on se dit  : « Merde! » Après, j’ai pris quelques vacances et je me suis quand même entraîné en me disant qu’il y avait toujours une petite chance de participer à nouveau aux Jeux. Je me suis préparé jusqu’à trois jours du début de la compétition et je suis parti. Aux Maldives, histoire d’être loin de tout ça. Même si j’ai suivi ce qui se passait, c’était bien d’être loin.

Pouvez-vous nous rappeler pourquoi vous avez fait de la gym?

À cause de mes parents. Vers l’âge de deux ou trois ans, je faisais des saltos. Et quand ils ont vu que je pouvais faire des ATR (appui tendu renversé), ils se sont dit qu’ils allaient me faire essayer la gym. J’ai débuté à trois ans, j’en faisais une fois par semaine. Puis vers quatre ou cinq ans, c’était trois fois par semaine. Et à sept ans, lors des championnats nationaux, j’ai rencontré Manfred Diehl, à l’époque entraîneur national. J’étais très impressionné. Il cherchait des talents et il est tombé sur moi. On ne s’est plus quittés. C’est devenu mon deuxième père.

À cet âge, vous aviez de grandes ambitions?

Non. Quand tu commences, tu veux juste apprendre de nouveaux éléments et progresser. Il n’y a pas d’idées sur des championnats d’Europe ou du monde. Et quand tu arrives à faire un élément compliqué, ça te donne de la confiance et de la motivation pour continuer. À huit ans, pour ma première compétition à Vienne, je me suis retrouvé face à des jeunes de mon âge qui étaient plus forts que moi. Mes parents étaient spectateurs. J’ai débuté par le sol et je me souviens que j’ai mis quelques secondes avant de retrouver les mouvements que je devais faire.

L’idée de participer à des grands championnats, c’est venu quand?

Vers dix ou onze ans. J’ai commencé à réaliser qu’il y avait de grands rendez-vous, les championnats d’Europe, du monde. Et, bien sûr, les JO. Quand j’ai commencé à dire que je voulais y aller, tout le monde a ri. Ça m’a donné une bonne motivation supplémentaire pour y arriver! Vers 12 ans, j’ai pu bénéficier d’horaires aménagés avec le lycée technique d’Esch, j’avais cours jusqu’à 14  h et ensuite je pouvais m’entraîner. C’était beaucoup plus pratique que quand je devais m’entraîner après l’école.

Et ensuite, les grands rendez-vous se sont enchaînés?

En 2000, j’ai 15  ans et je participe à mes premiers championnats d’Europe juniors, à Brême. L’année suivante, à Gand, premiers championnats du monde seniors. Les JO d’Athènes, on y a pensé un peu mais je savais que ce n’était pas réalisable. C’était encore trop tôt.

Mais l’idée d’aller aux Jeux était claire à partir de quand?

En 2004. Je fais 17 e aux championnats d’Europe. À partir de ce moment, je me dis que c’est réalisable. Mais l’année d’après, je me blesse très gravement. À l’INS, au sol, encore une fois, je perds l’orientation, j’ouvre mon double salto trop tôt et je tombe sur la tête  : septième vertèbre fracturée. J’ai eu beaucoup de chance. Mais obligé de faire une pause de huit mois. Huit mois sans bouger, pour moi, c’est quelque chose de très dur! Tout le monde me disait que je ferais mieux de ne pas continuer.

Mais j’avais l’objectif des JO en tête et je ne voulais pas passer à côté. J’ai mis plus d’un an à revenir à ma meilleure forme. Et lors des championnats du monde 2006, je réalise certainement la plus mauvaise qualification de ma carrière. J’avais totalement perdu confiance, je me suis bloqué sur un exercice et ça n’a plus marché.

Mais vous avez réussi à rebondir!

Oui. Progressivement, j’ai retrouvé la confiance et j’ai décroché mon billet pour les Mondiaux de Stuttgart, en 2007.

Stuttgart, que vous connaissez très bien?

Tout à fait. J’ai évolué dix ans en Bundesliga dont sept pour le MTV Stuttgart. Et à partir de 2013, j’ai arrêté de concourir pour eux mais je suis devenu team manager. Et je le fais encore un peu de temps en temps.

À quoi ressemble votre vie maintenant?

Depuis cinq mois, je suis de retour au Luxembourg pour préparer ma vie après le sport. J’ai repris des études en International Business Communication par correspondance. Pendant que j’étais gymnaste, en s’entraînant six à sept heures par jour, ce n’était pas évident de trouver la motivation pour étudier.

Et comme les cours physiques étaient généralement le week-end et que j’étais en compétition, c’était compliqué! En plus de ces études, je prépare surtout le concours de fonctionnaire de l’État qui aura lieu le 9  décembre. Il y a plein de matières à travailler et c’est passionnant. J’espère que ça marchera!

En plus, je tiens à remercier l’armée luxembourgeoise qui m’aide beaucoup pour trouver un travail.

Est-ce que quelque chose vous manque par rapport à votre vie d’avant?

Non. C’était très dur de préparer les grands championnats. Maintenant, je suis plus relax. Je peux vivre comme les autres, ne pas être trop strict et faire attention à tout. Je peux manger ce que je veux. Et plus seulement des trucs pleins de vitamines et des salades sans sauce.

Quel est votre état d’esprit?

Je vais bien. J’ai eu du temps pour me dire que c’était terminé. C’était une belle part de ma vie. Désormais, c’est une autre vie qui commence. Je vais continuer à faire un peu de gym pour moi. Je voudrais peut-être essayer le plongeon, comme mon pote Alain Kohl ou l’escalade de rochers.

Romain Haas

Sascha Palgen en bref

Né le 15 août 1984 à Esch (32 ans)

1,77 m pour 72 kg

Clubs : Étoile Rumelange, TG Saar (2003-2006), MTV Stuttgart (2006-2013, team manager depuis)

51 fois champion national

9 participations aux Mondiaux (50 e en 2007)

12 participations aux Europe

(17 e en Slovénie en 2004)

1 participation aux JO de Pékin en 2008 (37 e )

Sportif d’élite de l’armée luxembourgeoise

jusqu’en janvier 2017

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