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Gusty Bausch : « Je n’aimerais pas gâcher la fête » (Interview)


Championnats Nationaux, dimanche à Brouch – Gusty Bausch partira dimanche à la conquête d’un sixième titre élite. Mais il le confesse, la pression monte…

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« Le jour du championnat, tout peut arriver et c’est une grosse pression », explique Gusty Bausch… (Photos : Julien Garroy)

Avant de prendre place au restaurant familial qu’il a rejoint après une douche salvatrice, Gusty Bausch venait de tourner une bonne heure sur le circuit de Brouch, encore enneigé hier après midi. Il y a d’ailleurs rencontré le junior Kevin Geniets, qui sera, lui aussi, favori dans sa catégorie. « Il est costaud, juge Gusty. Il suivait très bien. Et je suis d’autant plus content qu’il m’a dit qu’il aimait bien le parcours. Cela fait plaisir. »

Hier, passé 17h, c’est un homme au visage extrêmement affûté qui s’est présenté à nous. Il venait juste de prendre sa douche et semblait zen et détendu. L’entretien pouvait commencer.

> Vous venez de repasser de nouveau sur le parcours, mais d’ici à dimanche, le terrain va beaucoup changer, non ?

Gusty Bausch : Oui, malheureusement, le gel ne tiendra pas jusqu’à dimanche, si les prévisions sont exactes. Jusqu’à maintenant, le circuit est resté gelé, glissant. La descente est très technique. Mais bon, dimanche, ce sera dégelé, il y aura de la boue. L’inconnue, c’est la quantité de boue qui recouvrira le parcours. Tout dépend de l’intensité du dégel.

> Il peut y avoir vraiment beaucoup de boue ?

Oui, dans la descente principale.

> Vous préférez les terrains secs mais si on regarde de près les deux derniers titres que vous avez gagnés, on n’a pas l’impression que la boue vous dérange. Vous avez remporté vos titres 2007 à Leudelange et 2012 à Kayl dans la boue, justement…

Oui, et ici, la boue est une bonne chose. Car il n’y a pas trop de prairie. Et puis, c’est vrai que j’aime deux types de terrains. Les terrains boueux et les terrains enneigés. Quand c’est sec, c’est généralement un peu trop facile pour les coureurs.

> D’un point de vue physique, on ne se souvient plus vous avoir vu aussi affûté…

J’étais trop lourd ces trois dernières années. Je m’en suis rendu compte et j’ai maigri. Je suis passé de 71 à 67 kilos. Je retrouve le poids qui était le mien dans le passé. Mais à 22, 23 ans, j’étais encore un peu en dessous.

> Qu’en est-il de vos sensations en course ?

Le plaisir est revenu. Le niveau également. Même si en début de saison, c’était encore un peu difficile pour moi. Je souffrais beaucoup à l’effort et je ne me sentais pas encore redevenu un vrai coureur. Mais tout s’est remis en place ces derniers mois. Le plaisir, je l’ai déjà avant la course. Cela me rappelle mes meilleures années. Si je continue ainsi encore une année, je peux rattraper le temps perdu. J’ai eu pas mal de pépins de santé et donc une forte baisse de moral.

> Le tournant, n’est-ce pas cette intervention chirurgicale (au niveau des intestins) effectuée juste après la saison dernière ?

Oui, au début, on craignait que ce soit une opération lourde mais il n’en a rien été. Je me suis retrouvé à 56 kilos. J’avais perdu tous les muscles. Rien que le fait de marcher une heure m’épuisait et mon frère devait me porter sur son dos pour revenir à la maison ! J’étais complètement cuit. Je me suis reconstruit mais j’ai gardé longtemps la peur au fond de moi. Chaque mal te fait souffrir. Il m’a fallu une année pour oublier. Tout cela, c’est fini, mon corps est sain, tout est revenu dans l’ordre.

> Il reste quelques jours avant dimanche. Comment vivez-vous ces championnats à domicile ?

J’ai la pression et je dois dire que j’ai un peu peur de ces championnats. Si je gagne, c’est parfait. Si je ne gagne pas, alors ce sera le contraire. Il n’y a que deux solutions. Pas une troisième. Dans un championnat, les gens remarquent celui qui gagne et celui qui perd. C’est ce qui me fait peur.

> Mais votre déjà longue expérience des championnats doit vous permettre de gérer cela au mieux, non ?

Effectivement. On peut gérer, c’est vrai. Mais dans un championnat, tout peut arriver. Dimanche, je peux chuter ou, comme au Fond-de-Gras, perdre un boyau. Tout peut arriver et c’est une grosse pression. Toutes les familles, tous les amis qui nous ont aidés pour monter ce championnat qui doit être une grande fête, tous ces bénévoles qui travaillent beaucoup pour cet évènement, j’aimerais les remercier par un succès. Je n’aimerais pas gâcher la fête. Et puis, ce sera sans doute le dernier championnat organisé à Brouch où je pourrai prendre le départ. Le championnat, on ne le reçoit pas tous les ans…

> Votre regard sur l’adversité ?

Mon principal rival sera Christian Helmig, je pense. On n’est pas très loin l’un de l’autre et je pense que ce sera très serré. Au Fond-de-Gras, j’étais plus fort que lui. À Rumelange, je n’étais pas le meilleur, mais j’ai bien tenu. À Brouch, ici, j’ai trop facilement dominé. J’ai pensé trop tôt que ce serait trop facile. Dimanche à Hesperange, je n’étais pas aussi bien que Christian. J’avais beaucoup travaillé la puissance en vue des championnats. Mais bon, j’avais quand même de bonnes jambes. Christian était puissant, a attaqué franchement, et ce n’était pas facile de le suivre.

> Dimanche, à quel type de course faut-il s’attendre ?

J’ai peur que ce soit tactique. Tous les coureurs sont avertis et comme toujours, le départ sera très rapide. On va rentrer rapidement, avec Christian (Helmig), Vincent (Dias Dos Santos) et Scott (Thiltges). Ces derniers temps, j’ai remarqué que lorsque je me retrouve avec Christian, il ne veut plus rouler. Cela risque bien de se reproduire ici dimanche.

> Mais cela vous gêne-t-il, cet aspect tactique ? Pour votre dernier titre, à Kayl, vous aviez supporté de devoir attendre la fin…

Oui, à Kayl, je ne m’étais pas imposé de manière souveraine. J’aurais très bien pu perdre.

> Donc quitte à gagner, vous espérez que ce soit avec la manière…

Je l’espère, oui. Je n’aimerais pas devoir jouer le titre au sprint.

> Si vous deviez situer votre forme actuelle par rapport à toute votre carrière, où mettriez-vous le curseur ?

Elle est largement meilleure que ces quatre dernières années. Si je continue encore un an ainsi, je peux revenir au niveau que j’avais chez les espoirs (il avait terminé 14e à Tabor des Mondiaux 2000 chez les espoirs). C’était sur la glace. D’ailleurs, il y a peut-être une petite chance, si je suis champion, que je puisse retourner à Tabor pour les Mondiaux, où le parcours est souvent gelé. Mais nous n’en sommes pas là.

De notre journaliste Denis Bastien

 

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