Gusty Bausch n’a pas boudé son plaisir de s’être relancé parmi les meilleurs Luxembourgeois en l’espace de deux semaines seulement.
Comme à son habitude, Gusty Bausch semblait courir aux quatre coins du circuit. Mais pour la première fois de la saison, il arborait un large sourire dans l’aire d’arrivée. Le père de Gusty Bausch n’était pas loin de verser dans une douce euphorie et au moment d’aborder son fiston de 37 ans, il ne put réprimer sa sentence du jour. «Vous pouvez écrire en anglais pour une fois, he’s back !», s’écriait-il alors que de son côté, Gusty Bausch peinait comme tous les autres coureurs à retrouver des couleurs.
Plus tard, au moment de rejoindre les autres concurrents pour la traditionnelle remise des prix, l’intéressé avait effacé les stigmates de la bataille qu’il venait de livrer avec beaucoup de panache et «d’adrénaline», expliqua-t-il alors.
Sa dernière sortie luxembourgeoise remontait à Warken (le 17 décembre dernier) soldée par une 10e place quelque peu indigne de son rang. Plus ça allait et moins ça allait jusqu’à cette mi-décembre.
À l’écouter, c’est le stage qu’il a entrepris dans les Grande Canaries qui aurait tout changé. «J’ai pu travailler durement et je me suis fait très mal», rappelle l’intéressé.
Jean-Marc Boucher, son entraîneur mosellan que la famille Bausch avait rappelé à la rescousse après son début de saison perturbé par sa blessure à la selle, ne s’étonnait pas franchement de ce renversement de situation. «Il a douté et nous avons tous douté. Gusty a mis du temps à retrouver ses automatismes, mais je savais que s’il suivait son plan avec précision alors ce n’était pas impossible pour lui de retrouver son niveau. Mais de toute façon, il ne faut pas qu’il s’arrête de travailler. Jusqu’au championnat, ce sera serré», rapportait-il.
«Avec l’adrénaline, tout est revenu»
Car l’opération qu’il a subie au début de la saison était particulièrement délicate. L’impossibilité de stopper son activité complètement a grandement compliqué les choses. «Il avait également perdu sa motivation et comme le mental ne suivait pas, il avait même perdu sa technique. À Mamer (NDLR : le 3 décembre), il n’était plus du tout dans le coup. Pour un peu, on aurait dit qu’il ne savait plus descendre ou monter de vélo», poursuit Jean-Marc Boucher.
Restait à attendre le déclic. Le premier a eu lieu le 26 décembre du côté de Sarrebourg, de l’autre côté de la frontière, où il termina 6e. «Pour la première fois de la saison, j’ai ressenti de bonnes sensations. J’ai senti que ça fonctionnait à nouveau. Ce ne sera pas un miracle si je reviens dans le coup à temps. Ce sera d’abord le résultat de mon entraînement et de ma volonté», nous disait-il avant l’épreuve de Pétange (lire notre édition du 29 décembre).
Le vrai déclic s’est déroulé le 1er janvier en pleine course. «J’ai d’abord rattrapé Lex (Reichling), puis au loin j’ai cru apercevoir Scott (Thiltges). C’était bien lui et j’étais également surpris de voir que Felix (Schreiber) n’était pas loin non plus. (…) Avec l’adrénaline, tout est revenu», rappelait-il lundi soir.
Il faisait ensuite le parallèle entre les six minutes de perdues sur le vainqueur de Warken (Lex Reichling) et les six minutes et quelques de perdues lundi sur le champion d’Allemagne, Marcel Meisen. Ceci en l’espace de deux semaines seulement! Cela montre l’étendue de sa progression express.
Dimanche à Hesperange, il cherchera forcément la confirmation de cette spectaculaire renaissance, de ce retour improbable que seul Gusty Bausch semble pouvoir entreprendre. Et fatalement, il appliquera à la lettre les consignes de son entraîneur pour que le miracle perdure. Pas question de relâcher la pression avant le championnat !
Denis Bastien