Bob Jungels est revenu sur son exploit de la veille, lundi, lors de la journée de repos du Giro.
La dernière semaine de course, ses priorités et la façon dont il a digéré son succès d’étape… Bob Jungels s’est longuement confessé.
Bob Jungels est apparu relaxé lundi en début d’après-midi dans l’hôtel que l’équipe Quick-Step Floors partage avec la formation AG2R La Mondiale, dans la proche banlieue de Bergame. Le matin il était allé rouler une heure et demie dans les environs, s’offrant le luxe de quelques pauses café sur les terrasses lombardes largement ensoleillées.
À partir de ce mardi avec cette terrible étape de Bormio, voici venir la montagne…
Bob Jungels : C’est la belle partie du Giro qui commence. Jusque maintenant, nous avons eu des étapes de montagne avec des arrivées au sommet sur un seul col. Maintenant, ce sera dur du début à la fin. Ce qui devrait me convenir. À Bergame, j’ai vu que c’est bien pour moi quand la course est dure. Je pense que le Giro va devenir très intéressant. Cette étape de demain, c’est une étape extrême et c’est mieux de ne pas trop y penser. Quand les organisateurs ont annoncé le parcours, on s’est demandé pourquoi il fallait monter deux fois le Stelvio, mais c’est pour tout le monde pareil.
Comment trouvez-vous le niveau du Giro cette année?
Le niveau est très, très haut, c’est pourquoi je serais content de garder ma place dans le top 10 à Milan. La course est plus difficile que l’an passé. Dans la dernière semaine, les écarts vont devenir beaucoup plus grands. Lorsqu’on va monter à près de 3 000 mètres, je pense que Tom Dumoulin aura des problèmes car ce sera là plutôt le terrain des Colombiens.
Vous êtes actuellement huitième de ce Giro. Quels sont vos adversaires pour vous maintenir dans ce top 10?
Zakarin fait un très bon Giro et il me paraît très fort, comme Nibali. Après l’étape de mercredi, on y verra plus clair. Je verrai où je me situe avec plus de précision.
Comment gérez-vous votre course, désormais, est-ce le classement du meilleur jeune qui vous occupe plus que votre place finale à Milan?
Je ne suis pas du genre à calculer les secondes de retard ou d’avance que j’ai. Je me concentre sur moi-même et je sais qu’il y a encore des possibilités pour moi de gagner du temps comme lors du contre-la-montre final, dimanche à Milan. Il faut juste que je donne 100 % chaque jour.
Avez-vous pris le temps de réaliser la portée de votre succès dimanche, ici même à Bergame?
C’est quelque chose de spécial de remporter une étape dans un grand tour, mais c’est surtout la manière avec laquelle j’ai gagné qui me donne de la confiance. Tous les favoris étaient là dans le final et j’ai été capable d’attaquer et de gagner. Réaliser, non, je ne l’ai pas fait encore. Cela viendra quand je serai de retour à la maison.
Vous gagnez vos courses de manière forte?
C’est mon style, et souvent lorsque je lève les bras, ce sont des courses qui sont dures. Quand j’arrive à mettre 50 ou 100 mètres entre moi et le peloton, ils ont du mal à revenir. Je pense que c’est la voie que je dois suivre à l’avenir.
Va-t-on vous voir sur le Tour de Lombardie en fin de saison, ici même à Bergame?
Oui, je pense que j’y ferai mes débuts cette année. Comme les championnats du monde (NDLR : le 24 septembre, à Bergen, en Norvège) sont situés plus tôt qu’en 2016 et que je connais quelques kilomètres de la fin du Tour de Lombardie (NDLR : 7 octobre), j’y reviendrai.
Avec le recul, vous avez repensé à votre sprint victorieux?
Pour une fois, j’avais le bon feeling. Mollema et Pozzovivo sont partis sur le côté gauche et j’ai suivi. Puis j’ai attendu les 100 derniers mètres quand Yates et Pinot se lançaient. Et je suis passé.
Les supporters italiens vous connaissent-ils désormais?
Si tu roules en Italie, tu as plus de supporters car le public italien est connaisseur et il s’agit de leur Giro. Je suis content de courir ici.
Au Luxembourg, vous savez que vous suscitez un engouement?
Oui, je reçois beaucoup de SMS et d’appels. C’est difficile de s’imaginer d’ici, ce qui se passe au Luxembourg. C’est un peu comme l’an passé. Je m’en étais aperçu lorsque je suis revenu du Giro. La première semaine que j’ai passée au Luxembourg, c’était de la folie.
Entretien réalisé par notre envoyé spécial à Bergame, Denis Bastien