«Mulles» veut notamment s’inspirer de Roger Federer et Marat Safin pour essayer de continuer à progresser en vue de la saison 2018.
Gilles Muller n’a pour ainsi dire plus parlé depuis l’annonce fin septembre de sa fin de saison anticipée, en raison d’une tendinite au coude. Alors qu’il a repris sa raquette voici quelques jours, il est revenu sur une année 2017 exceptionnelle bien qu’un peu contrastée.
Vous avez réussi une saison incroyable. C’est une évidence. Néanmoins, en analysant plus froidement les douze derniers mois, on peut constater que ce sont surtout les six premiers qui ont été magnifiques. Vos deux titres, votre quart de finale à Wimbledon, votre finale à Estoril, vos victoires contre Nadal, Zverev et Tsonga. Tout ça date au maximum de début juillet. Du coup, si on cherche la petite bête comme le fait l’équipe qui vous entoure, on se dit qu’il y a encore moyen de progresser. Mais en changeant quoi ?
Gilles Muller : On ne va pas tout changer car cela a plutôt bien marché quand même. La plus grosse adaptation sera de travailler sur moi-même. Il va falloir que j’essaie de changer mon approche… sans pour autant perdre ma hargne, le fait d’être un exemple pour mes enfants en leur montrant que si on ne lâche rien, on peut réussir !
Et en quoi consiste ce travail sur vous-même ?
Je dois progresser vis-à-vis de mes attentes. On a d’ailleurs déjà pas mal bossé là-dessus avec ma psychologue ces dernières semaines. J’ai remarqué que le fait de gagner mon tout premier tournoi, à Sydney en janvier, ne m’avait pas forcément relâché. Au contraire, cela m’avait plutôt mis plus de pression. Une pression que je me plaçais tout seul sur mes épaules. J’assimilais à une déception, par exemple, une élimination en quarts de finale d’un ATP 250. Or, ce n’est pas forcément le cas. On ne peut pas attendre à ce que je remporte tous les tournois auxquels je participe, ni que je sorte les n°1 ou 2 mondiaux chaque année en Grand Chelem. C’est très bien d’avoir envie de toujours aller plus haut, mais il faut aussi savoir rester réaliste. Et il faut aussi que j’arrive à me réjouir plus quand je réussis de bons résultats en compétition.
Ce n’est pas le cas ?
J’ai pratiquement eu toute la saison le nez dans guidon. Pour vous dire, après Sydney, je n’ai même pas pris le temps de fêter cette victoire que j’attendais depuis 15 ans ! J’aurais dû savoir mieux l’apprécier. Je le regrette aujourd’hui. Je suis revenu d’Australie, après le premier Grand Chelem de 2017, et j’ai vécu ça comme si de rien n’était. Je me suis directement remis à bosser en vue du tournoi de Sofia. Je n’ai pas eu le recul nécessaire quand il le fallait. C’est simple, cette saison, je ne me suis pas autorisé ce petit moment où on peut s’éclater, profiter de la vie. Et c’est un très gros regret. Sans compter que cela a aussi contribué au fait que je n’ai plus eu d’essence dans le réservoir… Et cela a aussi impacté sur ma vie privée car j’étais beaucoup plus stressé que les autres saisons.
Cela ne tient pas aussi au fait que vous êtes parfois trop exigeant avec vous-même ? Que vous essayez de rattraper le temps perdu ?
Oui, c’est possible. Même si je sais que je ne pourrai rien changer au temps qu’il me reste à jouer… Cet été, j’ai écouté le discours de l’ancien champion russe Marat Safin lorsqu’il a été introduit au Hall of Fame à Newport. C’était exceptionnel ce qu’il disait. Il a expliqué qu’avec le recul, il aurait aimé prendre plus de plaisir durant sa carrière. Qu’il était trop « focus » sur les résultats, qu’il devait toujours gagner pour être heureux. Or, c’est pareil pour moi. Je dois prendre plus de plaisir, travailler en gardant le sourire. Comme le fait un Roger Federer. Quand on le voit, on se dit qu’il est vraiment relâché. Ce n’est pas un rôle qu’il joue, il est vraiment comme ça. Comme un gamin qui découvre le monde du tennis ! Quand on voit à quel point il semble heureux, c’est l’exemple parfait !
Un exemple que vous voulez essayer de suivre…
On va dire qu’un de mes gros objectifs pour 2018 sera d’essayer d’être parfaitement relâché et de prendre du plaisir.
Recueilli par Julien Carette