Gilles Muller a parfaitement assumé son rôle de leader pour le 2e tour au détriment de Madagascar (3-2), au terme d’une en qualifiant hier le Luxembourg semaine compliquée à gérer.
En dépit de moments de stress, Gilles Muller a pesé de tout son poids dans cette rencontre face aux Malgaches. (Photo : Julien Garroy)
Le raccourci est facile mais pas tout à fait faux : Gilles Muller a battu Madagascar à lui tout seul, même s’il a fallu dépasser des moments de grosse crispation. Comme hier, encore, lors de son deuxième simple face à Antso Rakotondramanga, le quatrième match de la confrontation entre le Luxembourg et Madagascar. Après avoir breaké pour le 4-2 dans le premier set, Muller a perdu son service à 5-4 et s’est engagé dans un tie-break pénible. « J’étais plus crispé que vendredi, je l’ai breaké sans vraiment aller le chercher. Il a tenté sa chance, il a réussi des trucs et ça m’a tendu encore plus. Quand je ne passais pas ma première balle, je me sentais en danger, alors que ma deuxième n’est pas mauvaise », a commenté Muller, qui s’en est finalement tiré en décollant après le 3-3 dans le tie-break.
Ensuite, tout a été plus net, le n° 1 luxembourgeois commençant les deux manches suivantes en breakant le Malgache d’entrée et en creusant deux trous de 4-0, pour finalement s’imposer 7-6 (4), 6-2, 6-2. « Même si j’avais perdu le premier, je savais que je pouvais tenir jusqu’au quatrième, voire le cinquième set. Je ne le voyais pas tenir autant et je sentais aussi qu’il surjouait. »
> « Je n’aurais pas eu honte de perdre »
Muller a néanmoins affirmé qu’il n’aurait « pas eu honte de perdre » face à un joueur classé au-delà de la 1 500e place mondiale et que ce n’était pas cette éventualité la cause de sa crispation. « À 16 ans, j’ai battu un joueur classé dans le top 300. Je sais que ça peut arriver. Gilles Simon vient de gagner son premier match de Coupe Davis à 29 ans avec la France. Je ne fais pas de différence entre un n° 1 500 et un top 10. C’est l’ambiance, l’enjeu, le contexte de la Coupe Davis qui comptent. »
> L’arbitre dans le viseur
On a vu Muller s’en prendre à l’arbitre de chaise très tôt dans le match, dès les deux premiers jeux du premier set. Signes extérieures de sa tension interne, oui, mais pas seulement. « Je pense avoir raison sur certaines balles, prétexte-t-il. Dans le troisième set, il a fait une ou deux erreurs que j’ai prises avec le sourire. J’ai besoin de dire ces choses-là. Après les deux premiers jeux du match, je lui ai dit que j’espérais qu’il n’allait pas continuer comme ça jusqu’à la fin. Ce n’était pas méchant. »
> Un tour épuisant
La pression d’être attendu au Luxembourg comme celui qui devait obligatoirement battre Madagascar à lui tout seul n’était finalement pas la seule que Gilles Muller devait gérer. Les conflits larvés dans le groupe (lire ci-dessous) ont alourdi un peu plus le poids que le n° 1 luxembourgeois, n° 34 mondial, a ressenti sur ses épaules et rendu un peu plus pénible tous les efforts – physiques cette fois – à fournir en une semaine.
Muller, qui a profité de son dernier tournoi à Dubai pour y séjourner quelques jours de plus, s’est félicité, du coup, de n’être revenu que mardi. « C’était une bonne décision de rentrer tard et de dormir chez moi aussi. Ça m’a fait du bien d’être en famille le matin, d’emmener mes enfants à l’école. J’ai même regardé un film avant mon deuxième match. Ça m’a permis d’oublier ce qu’il se passait ici (en sélection). Avec les dîners officiels, les soins, les entraînements, la Coupe Davis demande déjà beaucoup d’énergie. En fait, maintenant que c’est fini, je ressens du soulagement, plus que de la joie. »
> À peine fini, déjà parti
Ce matin, Muller a déjà quitté le Luxembourg pour les États-Unis, où il dispute cette semaine le masters d’Indian Wells. «Je me prépare comme si j’allais jouer jeudi», affirme-t-il, même s’il peut très bien jouer vendredi et gagner une journée de récupération après la Coupe Davis. « Physiquement, je me sens de nouveau bien. Mais c’est dur de quitter ma famille, car je n’ai pas pu en profiter tant que ça », a confié Muller, qui pourrait participer au Challenger de Dallas s’il sort rapidement à Indian Wells, ou se reposer sur place. Après Miami, il s’octroiera trois semaines de récupération et d’entraînement sur terre battue au Luxembourg, pour préparer les Masters de Madrid et de Rome et surtout Roland-Garros, même si on sait qu’il goûte très peu à cette surface.
> Pour le 2e tout, c’est encore flou
Il l’a répété hier : Muller devait disputer le 1er tour de Coupe Davis, mais il n’a fait aucune promesse quant à la suite de la campagne avec la sélection, qui sera opposée au CNT du 17 au 19 juillet à la Bulgarie, laquelle s’est débarrassée de la Lettonie hier.
«Il y a trois options : soit je la fais (la Coupe Davis), soit je me repose, soit je fais le tournoi de Newport», précise le n° 1 luxembourgeois, qui viendra d’enchaîner à ce moment-là la saison sur terre battue et celle sur gazon, allongée d’une semaine cette année, avant de se projeter sur la tournée américaine sur dur qui l’emmènera à l’US Open, fin août. Bref, Muller aura besoin de souffler, surtout s’il va loin dans les tournois qui précèdent ce deuxième tour de Coupe Davis.
De notre journaliste Raphaël Ferber