Le club japonais de Jubilo Iwata a confirmé avoir trouvé un accord avec un Gerson Rodrigues qui va donc découvrir la J-League. À quoi doit-il s’attendre ?
Après avoir passé avec succès les tests médicaux, plus rien ne pouvait empêcher la signature de Gerson Rodrigues du côté du Jubilo Iwata. C’est ainsi que tout s’est officialisé mercredi pour l’international luxembourgeois, qui a posé pour l’occasion avec son nouveau maillot (il portera le numéro 11). Et ce avant d’informer ses followers sur les réseaux sociaux et de prendre part à son premier entraînement.
Une nouvelle vie va donc s’offrir à lui. Un quatrième club aussi, pour autant de pays différents, en l’espace d’un an et demi. Le Fola, Telstar aux Pays-Bas, le Sheriff Tiraspol en Moldavie et donc Iwata au Japon. Si on dit que les voyages forment la jeunesse, cela en fait tout de même peut-être un peu beaucoup…
Le bon côté, c’est assurément que l’ailier de 23 ans va découvrir un championnat (qui reprend le 22 février prochain) bien plus compétitif que celui qu’il pratiquait au Sheriff. Car on a bien vu ces dernières saisons, au gré des affrontements européens entre clubs moldaves et luxembourgeois mais aussi des deux matches disputés en Nations League, que l’élite moldave ne valait certainement pas mieux que notre BGL Ligue. La J-League, c’est différent.
Vu d’ici, la D1 japonaise, c’est forcément exotique. Le genre de championnat qui accueille la dernière pige des stars européennes en fin de carrière. Ce qui est le cas d’ailleurs puisque des garçons comme Andres Iniesta (34 ans, Vissel Kobe), Lukas Podolski (33 ans, Vissel Kobe), David Villa (37 ans, Vissel Kobe) ou Fernando Torres (34 ans, Sagan Tosu) seront présents à la reprise. Mais à côté, c’est également une compétition avec des clubs dont les budgets oscillent entre 25 et 40 millions d’euros (la multinationale Yamaha, grosse société locale, sponsorise d’ailleurs le Jubilo Iwata). Et qui est toujours diffusé un peu partout dans le monde.
J-League, culture, médias : il doit s’adapter
«La J-League est bien supérieure à la BGL Ligue. C’est fort. Après, c’est difficile de comparer avec ce qui se fait en Europe», explique Yuki Tsuchihashi, le joueur japonais qui évolue chez nous à Strassen. «Devenir champion chez nous ou même se maintenir en J-League n’est pas quelque chose de facile. Regardez le club de Vissel Kobe, qui alignait pourtant Andres Iniesta et Lukas Podolski, il a été loin de terminer champion (NDLR : il a terminé 10e). Cela prouve certaines choses quand même.» On constate aussi que le Kashima Antlers, pourtant vainqueur de la Ligue des champions asiatique et récent demi-finaliste du Championnat du monde des clubs face au Real Madrid (défaite 3-1), ne s’est emparé que de la troisième place.
Le Jubilo Iwata de Gerson Rodrigues, lui, a dû passer par un barrage pour sauver sa peau à ce niveau. «Mais cela reste une bonne équipe», reprend un Strassenois qui sait bien que ce club possède un des plus beaux palmarès du championnat, même si ses trophées commencent à dater. «La J-League est une compétition difficile où on peut rarement vraiment prédire l’avenir. Beaucoup de choses peuvent arriver. Mais je le répète, Jubilo, ce n’est pas faible. Leur prochaine campagne peut être très différente. Ils sont supportés par pas mal de monde (NDLR : le petit stade de 15 000 places n’est jamais loin d’afficher sold out) et possèdent aussi quelques joueurs très connus chez nous.» Et notamment Shunsuke Nakamura, véritable légende du Celtic Glasgow qui a resigné au Jubilo à… 41 ans.
Reste après à voir comment l’international luxembourgeois s’adaptera dans un pays où, à première vue, il n’est pas simple de débarquer. La mentalité japonaise n’a pas grand-chose à voir avec la nôtre. Et on sait à quel point l’ancien joueur du Fola peut parfois être un peu «crazy». Mais s’il s’adapte, la rigueur et la discipline qui existent là-bas peuvent lui faire grand bien. «Il y a des gens très marrants vous savez dans mon pays», continue un Yuki Tsuchihashi qui suit des études du côté de Trèves. «Après, s’il pose des soucis, les médias japonais sont du genre très stricts. C’est dans la culture. Les gens chez nous sont timides et polis. Il y fait bon vivre. Mais tout le monde n’y parle pas l’anglais. Et forcément, pour un étranger, ça peut être un souci…»
Julien Carette