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Gerson Rodrigues marque et devient… la proie des supporters d’Ankaragücü


Gerson Rodrigues, encore buteur avec Ankaragücü. (Photo : Ankaragücü)

L’attaquant a contribué au succès de son équipe contre Rizespor, vendredi (2-1), mais il est devenu la cible des réseaux sociaux, qui lui reprochent son «égoïsme» et son «indiscipline».

Depuis son tout premier match en Turquie, le 2 février et un match nul (1-1) contre Kasimpasa qui l’a vu inscrire son premier but sur penalty à l’occasion de sa première titularisation, Gerson Rodrigues a compulsé des statistiques de match-winner. Trois buts inscrits, un penalty provoqué et une passe décisive plus tard, l’ailier gauche des Roud Léiwen a été impliqué directement dans 83 % des six buts de son équipe. Avec lui, Ankaragücü a pris 10 pts en sept matches contre 13 en 19 rencontres avant son arrivée et il est déjà le troisième meilleur buteur de l’équipe.

Tout va bien alors? Non, pas du tout. Parce que les chiffres ne font pas tout, et surtout pas dans un championnat aussi exigeant que l’est la Süper Lig, avec des fans qui comptent parmi les plus bouillants du continent.

«Il a « tué » tous les ballons qu’il a reçus»

Ils le prouvent ce week-end en tombant sur le râble de leur buteur. Que lui reprochent-ils? «Un jeu très très très égoïste et désordonné», résume Ferhat Saydoun, supporter en colère sur le Facebook du club. Mais il est loin d’être le plus volubile sur le sujet. «Le pire joueur de l’équipe», pour Murat Irgen, «un joueur désastreux» selon Süleyman Akdogan, «il a peut-être marqué un but mais il a « tué » tous les ballons qu’il a reçus», enfonce encore Sükrü Tugra Abay. Le bilan est implacable, systématiquement à charge et ne laisse pas le malheureux Gerson respirer une seule seconde.

Seul infime soulagement pour lui, il n’est pas seul à prendre. Alors qu’Ankaragücü, avant-dernier du championnat (revenu à deux points de sa victime de vendredi, Rizespor et à trois d’une place de non-relégué), va mieux depuis la reprise, un autre joueur offensif en prend pour son grade : le Sénégalais Ricardo Faty, qui a pris la charge la plus violente du week-end, en provenance d’un certain Mehmet : «Il joue encore bien pour quelqu’un qui a le coronavirus.» Classe et respectueux…

«Rodrigues ne satisfait que son ego»

Toujours est-il que les deux garçons marchent main dans la main dans le désamour avec les supporters, malgré des tribunes fermées pour cause d’épidémie. Avant même le match de vendredi soir, que les fans ont suivi à la télé, Selcuk Arslan s’emballait : «Faty et Gerson sont encore sur le terrain, on a perdu avant même que le match ne commence.» Quatre-vingt-dix minutes plus tard, il était obligé de mettre un peu d’eau dans son vin : «le fait que Rodrigues ait marqué ne change rien au fait qu’il est indiscipliné, ne satisfait que son ego, n’a aucune contribution au jeu d’équipe. Avec Faty et lui, c’est comme si nous jouions à neuf, même s’ils sont très forts individuellement. Pourquoi n’essayerions-nous pas de jouer une fois en 4-4-2, sans eux?»

Pour l’heure, le très expérimenté Mustafa Akçay ne tient pas compte de la rumeur de la rue et grand bien lui en fait : son équipe engrange lentement et reste encore en mesure de sortir la tête de l’eau, à dix journées de la fin. Gerson, avec sept titularisations en autant de matches et 622 minutes passées sur le terrain (il n’est sorti que deux fois en toute fin de rencontre), est un titulaire qui semble indiscutable et même un rouage essentiel. Avant son arrivée, le club marquait 0,35 but en moyenne par match de championnat. Aujourd’hui, il tourne à un faible mais bien plus concret 0,83 but. Un rendement quasiment multiplié par trois. Pas mal pour un égoïste indiscipliné. Même si son apport n’est pas regardé à sa juste valeur…
Julien Mollereau