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Futsal : tout un sport qui se retrouve dans le noir


Strassen va inaugurer ses terrains de futsal. (photo archives lq)

[FUTSAL] Le conseil d’administration de la FLF a décidé, lundi soir, de suspendre le championnat en raison des échauffourées de dimanche, lors du premier match de la finale entre Differdange et le RFCU.

On pouvait se douter que la FLF ne prendrait pas la situation à la légère, mais à ce point-là, c’est un tremblement de terre : lundi soir, dans un court communiqué, elle a indiqué aux quelque 500 titulaires d’une licence de futsal au pays que «leur» finale du championnat, ce Differdange 03 – RFCU que tous les suiveurs attendaient, était purement et simplement annulée.

La veille, les joueurs des deux équipes s’étaient fendus d’une bagarre générale, les supporters s’en étaient mêlés et des objets avaient été lancés sur le parquet, touchant un arbitre, forçant à l’interruption définitive de la partie, la première d’une finale au meilleur des trois manches.

À Differdange, Felipe Costa, le secrétaire de la section futsal, était justement en train d’organiser une réunion avec les joueurs pour leur indiquer qu’il leur fallait se préparer à une défaite sur tapis vert, quand son portable a retenti. La nouvelle était encore pire : «On est tous un peu choqués! Ils arrêtent le championnat à cause de ça? Il faut arrêter les conneries. Honnêtement je ne sais pas quoi vous dire d’autre.

Il y en aurait pourtant beaucoup à dire. Ne serait-ce que sur le ton du communiqué de la FLF, d’une froideur qui laisse craindre bien pire que la simple annulation de la finale : «Dans sa réunion de ce soir, le conseil d’administration a décidé de la fin du championnat Futsal 2018/19, ceci avec effet immédiat. Les graves incidents ayant émaillé le premier match (…) démontrent malheureusement un climat étranger à tout fair-play et respect. Nous avons pu observer tout au long de la saison que ce genre d’incidents avait tendance à se répéter. Afin de garantir non seulement l’esprit sportif, mais également l’intégrité physique des joueurs, arbitres et spectateurs, cette mesure est la seule envisageable.»

Cet argumentaire ne met pas fin qu’au présent championnat. Il laisse planer un doute certain sur la survie, tout simplement, du futsal au Grand-Duché. Domenico Laporta, membre de la commission futsal à la fédération et l’une des chevilles ouvrières de la popularisation de la discipline depuis 10 ans, est littéralement catastrophé : «Je suis mal, là. Je ne sais pas ce qu’il va advenir de mon sport. On n’a pas fait grand-chose, ces dernières années, au niveau fédéral, pour prévenir de telles dérives. Les clubs aussi ont laissé faire. Là, j’ai l’impression de voir mon bébé mourir. La seul question que je me pose, c’est de savoir si, par rapport aux règlements UEFA et FIFA, la FLF aurait le droit de tout arrêter.»

«J’espère que ce n’est pas la mort du futsal»

Le risque est majeur. Il en a conscience. Tout autant que d’autres acteurs. Au Racing – où l’on se sent avant tout lésé parce que «les joueurs se sont préparés toute l’année pour aller chercher un titre et qu’on leur en retire l’occasion alors qu’ils ont été victimes, dimanche soir», dixit Tiago Fernandes, responsable du futsal dans le club de la capitale – on craint que cela ne soit encore pire qu’un simple coitus interruptus. «J’espère que ce n’est pas la mort du futsal», embraye Tiago Fernandes.

Domenico Laporta, lui, a la nette sensation que le futsal n’a jamais vraiment fait partie de la famille FLF. «Pourtant, leur réaction de tout interrompre à deux matches de la fin est la fois lamentable et… acceptable vu les circonstances.»

Chez les acteurs du futsal, on a surtout l’impression d’être stigmatisés. Parce qu’une réunion au tribunal était prévue mercredi et que personne n’a vu venir cette décision, apprise via les médias. Parce qu’aussi, dit-on, les débordements du football (récemment à Bettembourg et Etzella) ne sont jamais réprimés aussi durement. «C’est une décision précipitée et injuste», enfonce Tiago Fernandes.

Pas si injuste selon Laporta, même s’il semble effectivement y avoir deux poids deux mesures. «C’est un peu discriminatoire, mais on en est là. Il faut voir maintenant si la FLF veut arrêter les dégâts définitivement ou laisser passer une année sabbatique pour repartir sur de meilleurs bases.»

En attendant de savoir, le futsal est dans le noir.

Julien Mollereau (avec J. F.)