Differdange affronte Chrudim (Rtc), ce samedi, en 16es de finale de Ligue des champions. Pas favori du tout, mais un peu plus qu’outsider.
Après trois semaines de stage forcé au Portugal, afin de contourner les règles sanitaires en vigueur au pays et qui les empêchaient de s’entraîner normalement, les joueurs du FCD03 sont arrivés à Chrudim afin d’y défier leur adversaire tchèque au 2e tour de la Ligue des champions. Leur coach, Bruno Amaral, distille depuis là-bas un savant mélange d’humilité et d’ambition. L’instant, il est vrai, n’est pas anecdotique : Differdange peut intégrer le top 16 continental, en cas d’exploit à l’étranger. Et c’est bien de cela dont il est question puisque l’hôte de ce match Chrudim compte notamment un joueur d’origine brésilienne de la sélection du Kazakhstan, cinq joueurs de la sélection tchèque, un international ukrainien et un autre slovène.
Votre capitaine, Davide Chalmandrier, estimait il y a quelques jours les chances de qualification à du 60-40 en faveur de Chrudim. Et vous, à quelques heures du coup d’envoi, qu’en dites-vous ?
Bruno Amaral : Dur de donner un chiffre, comme ça parce qu’il y a pas mal de détails qui peuvent l’influencer. Mais de ce qu’on savait de notre adversaire et de ce qu’on a appris, ils sont clairement favoris. Mais nous, on a bien travaillé pour réduire l’écart qu’il y aura au coup d’envoi.
Justement, vos chances sont-elles plus élevées après ce stage forcé qu’elles ne l’auraient été si vous aviez eu des conditions d’entraînement «normales» ?
Oui, clairement. Au Portugal, nous avons pu faire augmenter la qualité et l’intensité des séances, avec deux par jours pendant trois semaines. On est clairement mieux préparés que si le scénario avait été normal, avec trois séances par semaine. Grâce à ça, les joueurs sont prêts pour la bataille, même si physiquement, cela a été éprouvant. Plus on approche de l’événement, plus ils m’apparaissent motivés, concentrés et sereins. Bon, le bémol, et on en a discuté entre nous, c’est le manque affectif de la famille, des copines. Trois semaines déjà qu’on a quitté le Luxembourg, il manque quelque chose. Mais depuis qu’on a mis le pied en République tchèque (NDLR : jeudi), on n’y pense plus trop. On est clairement passé à quelque chose d’autre, on est dans le match.
Vous avez affronté deux équipes de D1 lusitanienne durant votre stage. Une défaite 3-1 contre Caixina et un nul 2-2 contre Dinamo. Connaissant la qualité du futsal lusophone, ces résultats vous ont-ils aidé à vous situer par rapport à Chrudim ?
(Il hésite) C’est surtout qu’il faut mener une analyse différente. Caixina par exemple, c’est une équipe de 23 ans de moyenne d’âge, très mobile, très jeune, qui nous a posé des difficultés là-dessus. Chrudim, c’est tout le contraire. C’est plus posé, plus expérimenté, plus tactique. Il n’y aura pas cette mobilité mais ils seront plus costauds dans les corps à corps. Oui, les un-contre-un vont faire mal. Mais de notre côté, c’est nous, cette fois, qui serons peut-être plus mobiles et qui risquons de leur faire du mal. Mais ceci étant dit, pour situer le niveau, Caixina par exemple, est une équipe qui donne du mal à toutes les grosses équipes du Portugal et qui était en pleine compétition. Alors que Chrudim vient juste de reprendre, il y a deux semaines. Et on a bien vu à quel point le manque de rythme, cela a son importance.
Que comptez-vous proposer, ce samedi ?
Il nous reste encore des détails à régler mais notre préparation tactique a été bien faite et l’idée, c’est d’être compétitif dès le coup d’envoi, de montrer qu’on est là.
Après le coup de sifflet final, on retournera à une vie normale… ou pas
Vous avez recruté, pour optimiser vos chances, un élément en provenance de Toulon (D1 française) : Porfirio Moreira. Qu’est-il censé vous apporter ?
Du qualitatif et du quantitatif. Il suffit que l’on ait un ou deux blessés et un ou deux cas de covid pour que l’effectif devienne juste et puisqu’on ne peut pas s’appuyer sur une formation qui nous permette de compenser avec des jeunes… Porfirio est grand, costaud, c’est cet avantage-là qu’il représentera sur ce match. C’est un coup de boost énorme.
Vous jouez la qualification sur un seul match de deux fois vingt minutes. C’est comme en football ? Il faut entraîner les tirs au but ?
Ce n’est pas un des aspects que j’aime entraîner, non. Oui, cela peut se terminer comme ça mais cet exercice est surtout dépendant de la charge émotive et la façon de gérer de chaque joueur, on ne peut pas l’entraîner. C’est impossible à entraîner en fait, alors je préfère ne pas perdre de temps avec ça. Cela ne nous empêche pas de travailler les «dix mètres» (NDLR : coup-franc qui sanctionne chaque équipe qui se rend coupable de cinq fautes par mi-temps. Ce coup franc est tiré sans mur depuis le deuxième point de réparation situé à dix mètres du but, soit quatre mètres plus loin que le premier) à chaque fin d’entraînement.
Vous êtes personnellement sur le mont 24h sur 24 depuis plusieurs semaines, entre l’organisation du voyage, l’établissement de deux séances par jour, l’organisation d’amicaux et même, à l’occasion, la confection des repas. Vous aurez besoin de vacances après le coup de sifflet final ?
Oh non, pour moi, ça fait partie du boulot. Je l’ai fait pour le club et avec plaisir, je n’ai pas besoin de vacances. Non, après le coup de sifflet final, on retournera à une vie normale… ou pas (il sourit).
Vous ne préféreriez pas être à Lisbonne ou Barcelone en train de préparer une rencontre face à un monstre de la discipline ?
Non, je préfère être ici. Sans doute parce que je pense qu’on peut y gagner…
Entretien avec Julien Mollereau
Chrudim, du lourd
Si le FCD03 a hérité, lors du tirage au sort, de l’adversaire le plus abordable de tous ceux qui pouvaient lui être opposés, notamment le champion d’Europe en titre, le Barça ou encore le multiple champion, le Benfica, Chrudim n’est pas n’importe qui. Régulièrement aux portes des finales de la C1, les Tchèques avaient été battus 2-1 par l’Inter Movistar Madrid, futur vainqueur de l’épreuve. En 2017, c’est le Barça qui les avait mis dehors (2-0). Depuis, l’équipe a peu changé et elle vient de gagner ses deux premiers matches de championnat avec 13 buts inscrits et 1 encaissé.