L’équipe de fustal du FCD03 prépare depuis le 27 décembre son deuxième tour de Ligue des champions contre les Tchèques de Chrudim à Ovar, au Portugal. Pour pouvoir s’entraîner normalement, mais coupé du monde et loin des familles. Son capitaine, Davide Chalmandrier, nous a raconté.
«Non, je vous jure, on ne se fait pas ch…!» Onze jours pourtant que Davide Chalmandrier et ses coéquipiers du FC Differdange 03 sont partis pour Ovar, un peu contraints et forcés, pour se lancer dans un truc un peu fou : un stage de près de trois semaines au Portugal, en autarcie quasi totale, afin de préparer au mieux leur 2e tour de Ligue des champions contre les Tchèques de Chrudim, samedi 16 janvier. Onze jours donc, qu’ils vivent tous ensemble, les uns sur les autres, à une quarantaine de kilomètres de Porto à ne faire que quatre choses, s’entraîner deux fois par jour, manger, jouer aux cartes et dormir.
Concrètement, depuis le 27 décembre qu’il est monté dans l’avion au Findel, seul, pour rejoindre des coéquipiers déjà partis passer Noël en famille dans le nord du Portugal, Chalmandrier, capitaine de l’équipe, vit une parenthèse curieuse mais exaltante. Lui qui est le seul joueur luxembourgeois à pouvoir se targuer d’avoir joué une Coupe d’Europe sur l’herbe et en salle, lui qui est éducateur spécialisé (il accompagne notamment un jeune enfant autiste à raison de deux jours par semaine), assume pleinement l’aventure qui le force à ponctionner sur ses vacances. Il nous a raconté le quotidien d’un groupe de potes qui se verrait bien renverser les pronostics et intégrer le top 16 continental.
Devoir s’imposer trois semaines de stage, loin de sa famille, pour contourner l’impossibilité de s’entraîner au Luxembourg et vivre comme un pro, est-ce agréable ou un peu long ?
Je vous jure, on ne se fait pas ch…! On a une fréquence de deux séances par jour elles sont courtes, je dirais 1h, 1h15 – et tout notre quotidien est rythmé par ça, d’autant qu’on a une demi-heure de route pour aller à la salle. On se douche, on revient, on mange, on se repose. L’après-midi, certains apprécient une petite sieste mais la plupart jouent aux cartes. On a déjà connu ce genre de stage au Luxembourg mais là, on a vraiment l’impression d’être pros et c’est agréable. On se rend compte que c’est comme ça qu’on voulait vivre quand on était petits. On se lève, on bosse, on mange, on se repose. Ça change parce que d’habitude, on a trois séances par semaine. Pas mal de joueurs de l’effectif ont déjà connu ça quand ils étaient pros au Portugal. Pour moi, c’est la première fois.
Pas trop dur physiquement, ce « régime » ?
C’est un rythme à prendre. Les premiers jours, j’ai eu les jambes très dures et mal au dos. Surtout que ces derniers mois, on n’a pas joué ! Depuis le début de saison, je crois qu’on a fait quatre matches officiels.
Je suis venu le 27, reparti le 30 et revenu le 1er. C’est fou
À quoi ont ressemblé vos fêtes de fin d’année, puisque le staff a souhaité débuter ce stage directement après Noël ?
Plusieurs joueurs étaient déjà ici pour fêter Noël en famille. Moi, je devais arriver le 27 avec deux coéquipiers. Un s’est blessé, on a donc pris l’avion à deux. Je me suis entraîné deux jours et demi puis je suis revenu, seul cette fois, dès le 30 décembre, pour fêter le jour de l’an avec ma copine et un couple d’amis. Le staff m’a juste demandé de faire attention à l’alimentation et au nombre de contacts. Je suis donc rentré le 30, et on a mangé selon la loi, avec des potes qui se font très régulièrement tester dans le cadre de leur boulot. Mon menu de réveillon, c’était fondue au fromage et charcuterie. Pas une diète, non, mais rien d’incroyable. Et j’ai repris l’avion le 1er pour revenir ici. C’est fou.
À quoi ressemble la vie à Ovar ?
On est logé dans une très grosse villa qui appartient à la famille du coach. Ne me demandez pas combien de chambres il y a, mais on est une vingtaine et à deux par chambre! Il y a une piscine mais bon, il fait 5 ou 6°C alors on ne fait que la regarder (NDLR : en fait, il fait un joli petit 11°C à Porto en ce moment mais bon…). On a absolument aucun contact avec l’extérieur. Hormis pour la nourriture peut-être parce qu’on va souvent chercher les repas dans une charcuterie qui fait des plats à emporter, comme ça, tout est prêt. Des fois, ce sont les coaches (NDLR : Bruno Amaral et André Borges) qui se mettent aux fourneaux. Ils sont tous les deux dans la restauration, comme la plupart des joueurs de l’effectif d’ailleurs. En fait, les coaches s’occupent presque de tout en ce moment, ils sont au four et au moulin. Bon, on mange équilibré mais ce n’est pas le régime strict du footballeur poulet-riz-brocolis…
C’est l’histoire d’une enseignante qui se serait suicidée, mais ce n’est pas très clair
Le fait d’être les uns sur les autres 24 heures sur 24 vous fait-il quand même un peu peur au niveau d’éventuelles contaminations ?
Ben… on est venus ici justement pour pouvoir s’entraîner enfin en groupe. Cela nous permet de bien travailler. Et en plus de porter le masque toute la journée à la villa, on est divisés en deux groupes pour les repas, quand on doit le retirer. Parce qu’une partie de l’effectif est logée dans un bungalow, dans le jardin. Donc on ne mélange pas ces deux groupes. Et puis on poursuit les tests réguliers. On en a fait juste avant de partir, quand on est arrivés, on en a refait un ce matin (NDLR : jeudi matin), il y en a encore un juste avant d’aller en République tchèque…
Vous disiez ne pas vous ennuyer. Comment occupez-vous vos rares temps morts ?
On joue beaucoup à un jeu de carte anglais dont je ne pourrais pas vous donner le nom avec certitude. Un jeu de mémoire. On a cinq cartes, mais on ne peut en retourner que deux… Enfin bref, c’est très complexe. On est très Rummikub aussi dans le groupe en ce moment. Après, on a une Playstation avec Call of Duty et FIFA mais on n’a qu’une manette. Moi, je laisse ça aux autres, ils sont meilleurs que moi. Sinon, je regarde une série sur Netflix intitulée Après toi, le chaos, c’est l’histoire d’une enseignante qui se serait suicidée mais ce n’est pas très clair. Bref, voilà, on se prépare. Sans moi, les coéquipiers ont battu une équipe de district 10-4 en début de stage. Hier (NDLR : mercredi), on a perdu – sans trois joueurs clefs – 3-1 contre Caixinas, une D1 portugaise et on doit jouer une troisième rencontre juste avant de s’envoler pour la République tchèque. Là-bas, nos chances de se qualifier, avec ce stage, restent les mêmes : 60-40 pour eux parce qu’ils ont une grosse expérience et un bel effectif. Mais nous, on a resserré les rangs.
Entretien avec Julien Mollereau
Rattrapés par le Covid quand même
Le FCD03 savait que ça pouvait arriver et il a géré ça tout seul comme un grand. Si Davide Chalmandrier nous parle d’un «bungalow», ce n’est pas anecdotique : deux joueurs, Paulo Silva et Daniel Garrido, deux pions essentiels, ont en effet contracté le coronavirus avant que ne débutent les entraînements à Ovar, fin décembre.
Placés à l’isolement, les deux garçons en sont aujourd’hui à une dizaine de jours à vivre à l’écart du groupe et devraient rentrer prochainement, si de nouveaux tests leur en offre la possibilité. «Le staff a très bien géré ça», se réjouissent les dirigeants du futsal differdangeois.