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Frank Schleck garde la foi (Interview)


Frank Schleck reprendra demain la compétition à Majorque avec le Trophée Campos. Le champion national ne cache pas que s’ouvre à lui un nouveau pan de sa carrière qu’il entend mener de façon ludique.

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« Je prends les deux courses à venir, ici à Majorque, comme la fin du stage de janvier, rien de plus… », confie Franck Schleck. (Photo : Julien Garroy)

Une escapade de 48 heures chrono. Un retour à la maison express pour pouvoir être présent, dimanche, au baptême de sa deuxième fille, Nayla. Mais dès hier, Frank Schleck retrouvait déjà Majorque et ses coéquipiers de Trek pour la fin du stage de janvier qui se terminera par sa participation aux deux premières épreuves du traditionnel Challenge de Majorque, le Trophée Campos, demain, et le Trophée Serra de Tramuntana, vendredi. Anecdotique. Le plus important pour Frank Schleck, c’est surtout de peaufiner une préparation sans heurt qui pourra le mener sur les sommets d’une saison 2015 forcément alléchante.

> Frank, vous vous êtes accordé une brève escapade chez vous, à Mondorf, pendant deux jours. Mais on imagine que dès votre retour aujourd’hui (lisez hier), à Majorque, vous avez repris le vélo, non ?

Frank Schleck : (Il rit) Oui, oui, c’est ça. Même si mon avion avait un peu de retard, dès que j’ai posé le pied à Majorque, vers 15h, j’ai pris mon vélo et je suis allé rouler trois heures et demie derrière scooter. Cela m’a fait beaucoup de bien de revoir la famille, mais cela fait drôle, car c’est un peu comme si je n’étais pas parti.

> Globalement, vous êtes satisfait de la façon dont vous avez géré votre travail hivernal, qui, on le sait, est primordial pour le reste de la saison ?

Tout s’est passé au mieux. En décembre, nous avons eu le stage en Espagne. Et comme les années passées, j’ai passé la semaine des fêtes de nouvel an à Crans Montana avec Maxime Monfort. Là, tous les deux, on a bossé le ski de randonnée avec la peau de phoque… Quand tu bosses le physique en altitude, ça fait un bien fou. Ensuite, j’ai pu rouler début janvier au retour à la maison. Puis le 8 janvier, je suis parti avec Bob (Jungels) à Majorque, une semaine avant que le stage avec Trek ne débute. Donc, ça commence à faire long! Mais le plus important, c’est de savoir que nous avons bien travaillé.

> Vous avez assez d’expérience pour savoir que, tôt ou tard, tous ces sacrifices vont payer…

Je l’espère car, vous le savez, j’ai envie de faire une très belle saison. Je suis dans les temps en tout cas. Je vais pouvoir débuter la compétition tout doucement. En fait, je prends les deux courses à venir, ici à Majorque, comme la fin du stage de janvier, rien de plus.

> On se trompe si on vous fait la remarque que vous semblez autant motivé que pour votre première saison professionnelle ?

Non, c’est vrai. Je suis content d’avoir passé un bon hiver et je suis heureux de reprendre les courses. Je suis heureux de faire beaucoup de sacrifices. L’an passé, ce fut un peu plus dur que je ne l’avais imaginé, je l’ai déjà dit. Je ne vais pas laisser filer ma chance de faire ce métier à haut niveau. Je n’ai rien à vouloir démontrer. Je veux simplement faire du mieux que je le peux et continuer à prendre beaucoup de plaisir.

> Comment pouvez-vous aujourd’hui mesurer l’apport de votre expérience ?

J’ai forcément des repères acquis au fil des ans. Là, en ce moment, je peux vous dire que je me fais plaisir sur le vélo. Je me sens bien, vraiment bien.

> D’autres coureurs, bien plus vieux que vous, comme Jens Voigt, ont exploité longtemps cette notion-là…

Oui, on peut citer Jens (Voigt), mais j’ai eu la chance de côtoyer des gars comme Stuart (O’Grady) ou Chris (Horner) qui, avec leurs expériences, ont aimé rester en course. Bon, eux avaient quarante ans. Moi j’en ai trente-quatre… Mais, aujourd’hui, l’âge, cela ne veut plus rien dire du tout. Je pense qu’on peut courir à haut niveau comme ces gars l’ont fait, jusqu’à quarante ans. Cela me donne une marge. Là encore, la notion de plaisir, comme dans tous les métiers d’ailleurs, joue un grand rôle. On peut tirer des parallèles avec d’autres domaines que le sport. Quand on aime ce qu’on fait…

> La notion de plaisir effectivement, et la notion de jeu ?

Disons que le vélo est quand même très difficile comme sport, alors la notion de jeu est là quelquefois, mais je ne la place pas au même niveau. Le plaisir, j’y reviens, doit être prédominant. Surtout dans le monde d’aujourd’hui où tout n’est pas rose. Si on a la chance de pouvoir s’éclater, il faut la saisir !

> C’est le message que vous adressez à vos jeunes coéquipiers ?

J’essaie. Si tu es un coureur apprécié des plus jeunes, et j’espère que je le suis, alors, tu te dois d’être de bonne humeur, de motiver les jeunes, d’essayer de les guider. Quand on est un jeune coureur, on se construit en côtoyant les leaders. À ma façon, j’essaie de montrer le chemin. J’ai des responsabilités de ce point de vue et j’essaie donc de partager.

> À Majorque, vous faites chambre avec Bob Jungels. Il vous inspire quoi, votre jeune compatriote ?

On le sait tous, c’est un grand talent et un garçon très motivé. Mais il est encore très jeune et pour s’épanouir pleinement, il doit apprendre à prendre son temps. Et on doit lui laisser le temps, aussi. Car le temps, il l’a. Dans l’équipe, il a pris sa place et je pense qu’il fera une bonne saison. Il est déjà en bonne forme et il devrait être bien dès sa course de reprise, dans l’Étoile de Bessèges (4-8 février).

> On sait que les programmes sont faits pour être aménagés. Quels changements vous concernent ?

Après les deux courses à Majorque, demain et vendredi, je vais rentrer deux semaines à la maison. La première semaine sera idéale pour récupérer des trois semaines de stage. J’espère que pour la deuxième, je pourrai bien m’entraîner au Luxembourg. Ensuite, je ne serai pas au départ à Murcia (14 février) et Almeria (15 février) comme c’était initialement prévu. Mais je reprendrai sur la Ruta Del Sol (18-22 février). Pour bien préparer Paris-Nice (8-15 mars).

Entretien avec notre journaliste Denis Bastien


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