La protection des cockpits de Formule 1, par un système de trépied en carbone provisoirement baptisé «halo» ou une sorte de pare-brise surnommé «aeroscreen», continue à diviser le paddock, vendredi au Grand Prix d’Allemagne.
La décision de reporter à 2018 la protection des cockpits, pour éviter un accident lié à un débris volant (roue, pièce de suspension), n’a pas fait l’unanimité, loin s’en faut. Car la majorité des pilotes semble désormais d’accord, même si le halo est jugé «laid» ou «peu esthétique», et même si Romain Grosjean (Haas) juge qu’il ne «correspond pas à l’ADN de la F1, qui est un sport dangereux». «Rien ne peut justifier la perte d’une vie», a dit Sebastian Vettel jeudi. Le quadruple champion du monde a été définitivement convaincu la semaine dernière à Budapest, par les experts sécurité de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), autour de l’ingénieur français Laurent Mékiès.
Le report à 2018 a pourtant été décidé jeudi lors d’une réunion à Genève du Groupe stratégique de la F1, composé de représentants de six écuries, de la FIA et du promoteur, Formula One Management (FOM). Il a décidé «à l’unanimité d’introduire en 2018 un système de protection du cockpit, pour améliorer de manière significative la sécurité des pilotes». «J’espère que nous n’aurons pas à le regretter», a réagi Alex Wurz, le président de l’association des pilotes de F1 (GPDA), pour qui les contraintes de «business» sont passées devant celles de la sécurité.
Horner: «Il y aura toujours des si»
Une nouvelle règlementation technique en 2017, avec des pneus plus larges et des F1 à l’aérodynamique modifiée, occupe déjà beaucoup les ingénieurs de la FIA et des 11 écuries de F1. Il semblait dans un premier temps que c’était le moment idéal pour installer des halos sur toutes les nouvelles monoplaces de la saison prochaine. Le système baptisé «halo», en forme de trépied, a déjà été testé brièvement par Ferrari et Red Bull. Il reste «une option forte» mais doit encore être évalué plus précisément, par tous les pilotes, lors de séances d’essais en 2016 et début 2017, indique la FIA.
Le Team Principal de Red Bull, Christian Horner, présent jeudi à Genève, a vigoureusement réagi vendredi, dans le paddock d’Hockenheim: «Je ne suis pas d’accord. Il faut que ce système soit complètement développé et testé. Pour le moment, à part deux tours effectués par deux pilotes, il n’y a pas eu assez de roulage», a souligné Horner. Les deux principaux reproches faits au «halo», par ceux qui le critiquent, sont le manque de visibilité et surtout le risque de gêner le pilote en cas d’extraction urgente, par exemple si un incendie se déclare à proximité du cockpit. «Il y aura toujours des +si+, a dit Horner, «donc il faut travailler pour être sûr d’aboutir à ce dont les pilotes ont besoin».
Le Quotidien/AFP