DAMES (ÉLIMINATOIRES DU MONDIAL-2023) Emmené par Julie Marques, auteure d’un doublé, le Luxembourg a inscrit ce mardi en Macédoine du Nord ses premiers buts dans des éliminatoires de Coupe du monde. Et y a surtout signé son tout premier succès. Historique!
Jusqu’au bout, elles ont tremblé. Mais l’ultime tentative de Mustafa s’est écrasée sur le haut de la barre transversale de Lucie Schlimé, déjà sauvée de la sorte en début de match sur un tir d’Andonova, et les Lionnes ont pu laisser éclater leur joie, quand bien même leur succès ne leur offre pas la moindre chance de voir l’Australie et la Nouvelle-Zélande à l’été 2023. L’essentiel est à chercher ailleurs : non contentes d’y avoir fait trembler pour la première fois les filets adverses, via Julie Marques (doublé) et Kate Thill, les dames ont signé mardi en Macédoine du Nord la première victoire (2-3) de l’histoire du foot luxembourgeois dans les éliminatoires d’un Mondial féminin, elles qui n’en avaient jusqu’à cette année disputé que le tour préliminaire. Sans parvenir à s’y imposer, en 2013 (trois défaites) et 2017 (un nul, deux défaites).
C’est donc désormais chose faite et l’inverse aurait été assez cruel, à entendre leur sélectionneur Dan Santos. «On s’est fait peur, mais un nul aurait eu un goût de défaite, surtout au vu de notre deuxième mi-temps, estime le technicien. Dans le jeu, on a été plus fort que la Macédoine, même s’il faut dire que la sortie sur blessure de leur 10 (NDLR : Natasa Andonova, remplacée à la pause), qui joue à Levante, les a coupées dans leur élan offensif et nous a aidés. Elles ont marqué deux buts sur coup franc et leurs grosses occasions sont venues sur des coups de pied arrêtés ou des frappes de très loin, pas dans la construction. Nous, on a essayé de jouer, de construire, malgré un terrain très difficile.»
Des intentions palpables sitôt les compositions d’équipes tombées, avec Julie Marques et Kimberley Dos Santos, latérales dans un 5-4-1 vendredi en Autriche, replacées ailières dans un 4-2-3-1 plus ambitieux; et récompensées dès la 8e minute par un but de la première à la réception d’un centre de la gauche de Gabriela Crespo. Le tout premier des Luxembourgeoises dans ces éliminatoires, qu’elles découvrent, parfois avec fracas (défaite 0-10 fin septembre contre l’Angleterre notamment), depuis septembre.
«On s’était fixé de marquer notre premier but et de prendre au moins un point», se souvient Dan Santos. Ses joueuses ont fait mieux : une fois digérée l’égalisation rapide des Macédoniennes, elles ont planté deux autres buts après l’heure de jeu, œuvres de la Liégeoise Marques et de «l’Américaine» Kate Thill (l’ex-Bettembourgeoise, meilleure buteuse de la Ligue 1 dames en 2020/2021 avec 59 buts, porte désormais les couleurs de l’université de Bridgeport, dans le Connecticut), servies par… Dos Santos, la troisième offensive.
Novembre et 2022 pour confirmer
De quoi confirmer le «potentiel» de l’équipe (Marques et Thill n’ont que 17 et 19 ans, Dos Santos 23) et conforter le sélectionneur dans ses choix initiaux, lui qui avait bâti sa liste – et son onze – en vue notamment de ce duel équilibré sur le papier. «C’était notre premier vrai test, face à un adversaire sensiblement de notre niveau, situe Dan Santos, qui avait appelé et a aligné plus d’éléments offensifs que d’ordinaire. Si on en avait pris quatre, bon… Là, on voit qu’on est sur le bon chemin.»
Celui-ci était pourtant particulièrement tortueux à Ohrid, où «les conditions d’entraînement étaient catastrophiques et le terrain indigne d’un match de qualification à un Mondial. Je veux d’ailleurs féliciter mon staff, qui a fait un travail exceptionnel malgré ce terrain difficile. C’était le même pour les deux équipes, mais cela gênait moins la Macédoine, qui utilisait beaucoup de longs ballons. C’était un match combatif, pas évident à jouer, mais notre plan de jeu a marché. On a su exploiter leurs faiblesses.»
Le signe, selon lui, que l’équipe «prend en expérience match après match. En Autriche, ce qu’on a fait pendant 42 minutes (moment où les Autrichiennes, finalement victorieuses 5-0, ont ouvert le score) était très bon. On est en nette amélioration.» Les Lionnes auront une bonne occasion de le prouver le 30 novembre au stade de Luxembourg lors de la réception, justement, de l’Autriche, contre qui le Luxembourg «voudra faire mieux qu’à l’aller».
Même si les regards seront déjà quelque peu tournés vers 2022, avec une double confrontation contre la Lettonie (le 8 avril au Grand-Duché et le 24 juin à l’extérieur), dernière du groupe, et ce match retour à la maison contre la Macédoine (le 12 avril). Trois rencontres à la portée de la bande à Laura Miller. Et autant d’occasions d’engranger de la confiance et de transformer la petite histoire en grande.
Simon Butel