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[Football] Un Estadio da Luz à l’accent luxembourgeois


«Pour le foot et son club, tous les sacrifices sont bons à faire», dit un des fans luxembourgeois qui ont fait le voyage mardi à Lisbonne. (Photos : DR)

Benfica a composté mardi son billet pour les quarts de finale de la Ligue des champions devant 65 000 fidèles, parmi lesquels 200 à 300 fans luxembourgeois du club lisboète. Le Quotidien y était.

Deux pays et 1 724 kilomètres (à vol d’oiseau) séparent Luxembourg de Lisbonne et son mythique Estadio Da Luz. Mais pour les irréductibles Portugais du Grand-Duché ayant avalé cette distance, mardi, le voyage en valait la peine, car le club lisboète s’est brillamment imposé (5-1) sous leurs yeux face à Bruges et a validé sa seconde qualification consécutive pour les quarts de finale de la plus grande compétition européenne.

Que demander de plus pour les 65 000 personnes ayant franchi les portes de l’enceinte, parmi lesquelles une colonie de Luxembourgeois estimée à 200 à 300 personnes? Le chiffre peut paraître dingue, mais pour certains d’entre eux, comme Pedro Amorim, arrivé avec sa femme et son fils dès vendredi, et qui a déjà assisté à la rencontre des Aigles contre Famalicao (2-0) en championnat le même jour, c’est une simple question d’habitude.

Du Pfaffenthal à Lisbonne, un seul amour : Benfica

«J’ai l’abonnement pour l’année et j’essaie de venir le maximum de fois possible, précise ce garagiste actif au sein des équipes de jeunes du Benfica de Pfaffenthal – l’école du foot du SLB au Luxembourg – et capable de voyager au bout de la planète pour voir jouer les siens. Cela m’a coûté pratiquement 500 euros, mais quand on aime, on ne compte pas. J’en profite pour voir la famille, alors prendre congé cela ne me dérange pas. Je ne repars que vendredi.»

Mais Pedro est loin d’être le seul à avoir pris son billet pour Lisbonne en vue de ce huitième de finale retour. À l’approche de la rencontre, plusieurs avions ont quitté le sol luxembourgeois avec, à leur bord, des Lusitaniens du Grand-Duché, fanatiques du Benfica dans leur immense majorité.

Visiblement, cette rencontre a agi comme un aimant pour la «lusosphère» locale. Notamment ce groupe de huit jeunes qui se sont réunis et ont pris congé pour assister au match.

Vu le résultat final, la dépense a été largement amortie!

Salarié d’une entreprise de téléphonie, Rafael Da Silva ne voulait pour rien au monde rater l’occasion. «Vivre un tel match, ça n’a pas de prix. Certes, le voyage et le billet nous ont coûté plus ou moins 150 euros, mais le détour vaut la peine pour soutenir nos couleurs, surtout que Benfica va gagner 3-0», lâchait dans un clin d’œil le jeune homme de 25 ans à quelques minutes du coup d’envoi, et de ce festival offensif lisboète au-delà de ses espérances.

Si la pluie a quelque peu – et exceptionnellement – terni le tableau local, Lisbonne n’en était pas moins bondée de supporters portant écharpes et maillots du SLB, offrant à la Cité blanche une teinte rouge de circonstance. Teinte à laquelle un nombre élevé de «Roud Léiwen», croisés au détour des rues de la capitale, ont allègrement contribué.

Un «intrus» de Porto se rallie à la cause

Même un adhérent du rival du FC Porto était présent au stade. Pour la bonne cause : il a accompagné son père, Roger Mendes, qui a atterri au nord-ouest du pays avant de parcourir avec lui les 300 bornes séparant Porto de Lisbonne. Mais ce chauffeur de bus âgé de 51 ans ne regrette pas d’être venu et d’avoir fait tout ce trajet pour quelques heures seulement.

«Pour le foot et son club, tous les sacrifices sont bons à faire. Les billets d’avion n’ont coûté que 40 euros. Ce sont les tickets qui étaient plus chers : 60 euros chacun. Mais vu le résultat final, la dépense a été largement amortie!»

Même son fils était content de venir en terre «ennemie» : «Même si je suis pour Porto, j’aime le foot et je soutiendrai toujours les clubs portugais dans les compétitions européennes.» Des paroles d’amoureux du foot et de patriote.

Dans un monde heurté de plein fouet par l’inflation, le foot reste ainsi une religion pour certains, prêts à casser leur tirelire pour venir soutenir leur club de toujours. Et prêts à le refaire en quarts de finale pour pousser Benfica, double vainqueur (1961, 1962) et quintuple finaliste (1963, 1965, 1968, 1988, 1990) de l’épreuve à une époque où elle s’appelait encore Coupe des clubs champions, vers un retour dans le dernier carré, 23 ans après sa dernière apparition à ce niveau.

De notre correspondant Jessy Ferreira