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[Football] Tim Hall, avoir 23 ans en confinement


Alors que son coéquipier au Karpaty Marvin Martins a des plans en Italie, Tim Hall continue de penser qu'un départ pour la D1 polonaise est envisageable pour lui en fin de saison. (Photo : DR)

Ce mercredi, Tim Hall devient un peu plus grand. Il sera tout seul face à lui-même, avec un traducteur ukrainien dans une oreille, un agent tunisien dans l’autre et un rêve de Pologne entre les deux.

Tim Hall a 23 ans ce mercredi. Comme Dirk Carlson le 1er avril, Vahid Selimovc le 3 et Danel Sinani le 5, il découvre les joies de fêter son anniversaire calfeutré chez soi. «Je ne sais pas trop ce que je vais faire… Boire un verre avec moi-même ? Et peut-être un Facetime avec des potes. C’est triste.»

Il y a trois semaines, quand il s’est aperçu que l’Ukraine allait suivre l’exemple du reste de l’Europe et que son club du Karpaty Lviv lui laissait l’opportunité de rentrer chez lui tant que tout est à l’arrêt, le défenseur central n’a pas hésité à sauter dans un avion pour rejoindre l’appartement qu’il avait conservé à Frisange, non sans avoir essayé de convaincre Marvin Martins, son coéquipier, de le suivre : «Lui était convaincu que cela n’allait pas duré ! Il a rappliqué une semaine après !», rigole-t-il encore.

Quatre cas seulement sur… 43 millions

Pas d’angoisse particulière dans ce souvenir tout frais de début de pandémie en Ukraine, mais le sentiment désagréable d’être passé entre les mailles du filet : «J’avais moins peur de rester en Ukraine que peur de ne pas pouvoir revenir au Luxembourg, explique-t-il. Là-bas aussi, tout est fermé, mais les gens ne respectent pas trop le confinement. C’était bizarre de continuer de jouer encore deux semaines, à huis clos, alors que toute l’Europe avait déjà arrêté. On n’annonçait que quatre cas sur toute l’Ukraine, pour un pays de 43 millions d’habitants. On s’est rendu compte après que c’était parce qu’il n’y avait qu’un seul centre de dépistage dans tout le pays, à Kiev.»

Aujourd’hui, alors que l’épidémie est bien installée sur le pays et qu’un feu de forêt menace ouvertement Tchernobyl, ce qui n’est pas un sujet d’inquiétude moins important à l’heure actuelle, Hall a encore régulièrement son traducteur attitré au téléphone. Leurs conversations se terminent invariablement sur le même constat : «Pour le moment, il n’y a rien. On attend. On a une date début mai.»

Mais en ce qui concerne la situation du Karpaty, lanterne rouge mal embarquée, l’international luxembourgeois ne fait pas mystère qu’il serait plus simple que le championnat soit purement et simplement… annulé. «Ils parlaient justement d’un championnat à seize équipes la saison prochaine, pour ne plus avoir de play-offs. Donc tout annuler permettrait au club de se sauver.»

S’il se pose des questions sur le championnat ukrainien et sur l’avenir d’un club auquel il est toujours lié jusqu’en juin 2021 (sauf si le club tombe en D2), Tim Hall s’en pose aujourd’hui encore plus sur son avenir personnel.

Cet hiver, il avait été tout proche de s’engager en Pologne, du côté du Slask Wroclaw (il avait aussi été courtisé par les Tchèques du Slovan Bratislava), un club que lui avait chaudement recommandé Chris Philipps, mais l’incapacité réglementaire d’évoluer dans trois clubs différents dans une seule et même saison avait, fort logiquement, mis un terme aux discussions.

La saison pleine qu’il réalise avec le Karpaty (au-delà du positionnement de l’équipe, à la ramasse), alors que Marvin Martins a lui des plans pour se recaser en Italie, devrait lui ouvrir des portes cet été. Ou cet automne, c’est le Covid-19 et le calendrier de l’UEFA qui décident. Mais il n’est pas dans ses plans d’honorer sa deuxième année de contrat. Il entend plutôt passer un nouveau cap et son agent tunisien, Ahmed Nouma, lui laisse entendre qu’il devrait pouvoir se le permettre.

Toujours intéressé à l’idée d’aller se frotter à la D1 polonaise

D’autant que le train n’est peut-être pas encore forcément passé pour Wroclaw, qui n’a fait signer un nouveau défenseur central que pour six mois, cet hiver. Pour garder la place au chaud au Roude Léiw de son cœur ?

«Ce n’est peut-être pas exclu», sourit Hall, qui a d’autres options sur la table mais qui se montre toujours intéressé à l’idée d’aller se frotter à la D1 polonaise, d’autant que le Slask, 4e à un petit point de la deuxième place, serait plutôt bien parti pour finir européen.

Ce ne serait pas pour lui déplaire, mais pas décisif non plus. «L’Europa League, je l’ai déjà jouée avec le Progrès. Tu peux passer un, deux ou trois tours, mais tout peut s’arrêter après un mauvais match. Donc, mon prochain club, je ne le choisirai pas forcément en fonction d’une qualification européenne, mais plutôt en fonction du projet qu’il veut monter avec moi.» Le bon sens de quelqu’un qui est sorti de l’adolescence. Du genre que cela ne dérange finalement (presque) pas de fêter son anniversaire seul sur son canapé.

Julien Mollereau