Duriatti qui file à Pétange et Steinbach qui retourne à Rosport ? Deux garçons que la Vieille Dame voulait garder. Et son immobilisme intrigue, voire inquiète sérieusement.
On est début mai et il est déjà tard, très tard. Alors que dans les coulisses des autres clubs, les grandes manœuvres ont débuté depuis bien longtemps, crise du coronavirus ou pas, la Jeunesse Esch vient, elle, de prendre une double paire de baffes à laquelle elle ne s’attendait pas : Luca Duriatti et Johannes Steinbach ont annoncé au groupe qu’ils quittaient le club cet été.
Et c’est bien plus terrible qu’il n’y paraît, car le premier a 22 ans, est première licence et bien que trimballé aux quatre coins du terrain, a laissé deviner un joli potentiel, tandis que le second entre dans la force de l’âge (27 ans) pour un axial et est tout de même l’un des vingt défenseurs qui comptent le plus d’expérience de la DN au pays.
Gare à la saison à quatre descendants plus un !
Le plus inquiétant dans l’affaire, c’est que le club semblait vouloir les conserver et qu’il avait déjà multiplié les prises de contact ces derniers mois. Ont-elles été bien menées ? Alors que le défenseur de Hostert Denis Stumpf, qu’on annonçait proche, a finalement préféré aller à Pétange, il semblerait en tout cas que les joueurs restent totalement hermétiques aux arguments du club.
Il n’y a qu’à se rappeler que l’un des attaquants les plus productifs de la saison qui vient de s’écouler, Idir Mokrani, avait lui aussi repoussé les avances du club le plus titré de l’histoire du pays, lui préférant Pétange à l’issue d’un entretien qui ne l’avait pas convaincu ?
D’où cette question : en a-t-elle encore de viables des arguments, à l’heure qu’il est, la Jeunesse ? Sans un but de Peugnet à la 93e minute contre Rodange, lors de la 17e et dernière journée, le 8 mars, elle se serait retrouvée 9e du classement avec seulement deux unités d’avance sur la zone rouge au moment où le Covid-19 a tout mis à l’arrêt. On ne peut donc pas faire comme si tout allait bien.
Avant une saison 2020/2021 à seize clubs et à l’issue de laquelle il y aura quatre relégables plus un barragiste, il convient même de se montrer catastrophiste pour épargner une trop grande désillusion à ce monument du football national. Faisons les comptes : le Swift qui vient de remonter avec d’énormes ambitions, les Européens Differdange, Fola, Progrès et Pétange, le routinier F91 et un RFCU qui pourrait encore montrer les muscles, soit sept clubs au moins, ont vocation à finir devant la Vieille Dame aux conditions actuelles de l’équilibre des forces. Faut-il y voir une menace claire pour l’avenir en DN de la Jeunesse ?
Des départs compensés ?
Les raisons de trembler sont multiples : outre son recrutement qui n’avance pas, outre son effectif déjà très restreint qui commence à fondre, outre un président, Jean Cazzaro, qui nous confiait encore tout récemment sa «lassitude» et se posait des questions sur l’avenir, son staff n’a toujours pas été confirmé pour la saison prochaine. Noël Tosi, appelé cet hiver et qui n’a plus vu la Hiehl depuis près de deux mois, patiente. Pour combien de temps ?
Selon nos informations, le technicien a un rendez-vous prévu le 11 mai avec ses dirigeants… qui auraient sondé, entre autres, René Peters, et de manière très indirecte. Le timing n’est pas anecdotique. Cela fait encore une grosse, énorme semaine à attendre. Pendant ce temps, les autres clubs du pays travaillent et savent qui dirigera leur équipe.
Ce qui ne veut pas dire que la Vieille Dame reste inactive. Elle se serait lancée dans une opération de réduction de la masse salariale, poussée par le même instinct de survie que d’autres clubs en manque de sponsors. Logique, mais bizarrement fagoté, puisqu’elle souhaiterait plutôt se délester de ses plus gros salaires que de leur demander de réduire la voilure. Après tout, pourquoi pas ?
Mais encore faudrait-il pouvoir compenser les départs. Pour ça, il faudrait un staff en place et un secteur technique en ordre de bataille, ce qui ne semble pas être le cas. En interne, certains craignent même que l’hémorragie ne fasse que commencer. Il faut vite, très vite, des signaux positifs.
Julien Mollereau