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[Football] «Promouvoir le foot féminin, cela part d’en haut, des politiques»


«Pour passer un cap, il nous faut hausser le niveau du championnat national et je pense qu’avec la nouvelle version d’une Ligue 1 à dix équipes, ce sera le cas», explique Dan Santos. (Photo : mélanie maps)

MONDIAL FÉMININ Face à une compétition qui rebat les cartes, Dan Santos, sélectionneur national, en appelle aussi aux pouvoirs publics du pays.

Que raconte-t-il jusqu’à présent de l’évolution du football féminin, ce Mondial?

Dan Santos : On y voit que le niveau a augmenté, surtout en termes d’intensité et de tactique. Les équipes même considérées comme plus faibles sont bien en place même sans ballon. Les résultats sont plus serrés parce que l’écart avec les grandes nations s’est resserré. Et je suis agréablement surpris par les nations africaines. On remarque clairement, avec les éliminations précoces de l’Allemagne et des États-Unis, qu’une nouvelle ère commence…

Quelle pourrait-être la place du Luxembourg dans ce nouvel ordre mondial?

On voit que des pays comme le Portugal ont fait une très belle compétition, mais c’est aussi grâce à l’euphorie qui a entouré l’équipe. Quand elles sont rentrées, elles ont été reçues par le Premier ministre. C’est un signe de respect, qui dit qu’un pays est derrière son équipe. C’est ce qui manque au Luxembourg. Au Grand-Duché, on nous dit qu’il faut l’égalité mais j’en ai discuté de vive voix avec des politiciennes qui me disent qu’il faut, par exemple, que nous ayons le droit de jouer au stade national, que c’est anormal que nous n’y jouions pas.

Moi, je dis : « Très bien, mais dans ce cas-là, la Ville de Luxembourg ne peut-elle pas faire un effort pour nous le permettre?« . Moi, si je suis Paul Philipp, président de la fédération, je n’irais pas le louer pour les dames, ce serait inconscient! Ce serait par contre très facile de se servir de ce stade pour une opération marketing qui consisterait à donner entrée gratuite et à organiser une fête, à inviter des écoles, des basketteuses, des handballeuses… Ce serait la démonstration qu’on valorise le sport féminin. Promouvoir le foot féminin, cela part d’en haut, des politiques.

Comment, à votre niveau, passer un cap sur le terrain sur la base de ce que vous voyez du gratin mondial ?

Pour passer un cap, il nous faut hausser le niveau du championnat national et je pense qu’avec la nouvelle version d’une Ligue 1 à dix équipes, ce sera le cas. Il convient d’apporter plus d’intensité. On voit bien que c’est ce qu’acquièrent les filles qui évoluent à l’extérieur. Car notre niveau technique est bon. Au niveau tactique aussi, c’est de mieux en mieux. Mais ce qui nous manque, c’est la répétition des efforts à haute intensité.

Pour nous, la Nations League, c’est parfait à l’heure actuelle

Parenthèse non négligeable : quel est l’état des effectifs de joueuses parties à l’étranger après ce mercato estival?

Nous avons quatre joueuses au Standard désormais, avec Laura Miller et Caroline Jorge chez les A, mais aussi Rachel Kirps et Ana Barbosa chez les U20. Charlotte Schmit et Emma Goetz sont à Fribourg, Leila Schmit à Elversberg, Kate Thill aux États-Unis, Lucie Schlimé au First Vienna. Chez les U17 du TuS Issel, nous avons Olivia Konsbrück, Lena Alves, Anna Miny et Leija Redzovic.

Que penser du fait de voir le Luxembourg déjà repartir à des matches plus à sa portée, dans une Nations League féminine?

Les « petites«  nations dont nous parlions au début, comme le Portugal, cela reste de très grandes nations à notre échelle.  Nous restons bien entendu un Petit Poucet. Cette Nations League, pour nous, c’est parfait à l’heure actuelle. La Géorgie, la Lituanie, c’est à notre portée. Et la Turquie (NDLR : qui fera aussi partie du groupe qui débute en septembre) reste une nation assez grande pour progresser puisqu’elle a récemment fait 1-1 contre le Portugal et n’a perdu que 3-0 contre l’Allemagne. Cela reste attractif.

Même après cinq mois sans pouvoir réunir cette sélection, puisque votre dernier match date d’avril?

C’est un calvaire. On n’a pas pu profiter de la fenêtre du mois de juin parce que les grands préparaient le Mondial et que nous sortions d’une longue saison. Donc on va devoir commencer cette campagne (NDLR : le 22 septembre en Lituanie et le 26 contre la Géorgie) après seulement deux journées de championnat et sans le moindre match amical…

L’Angleterre, que vous avez rencontrée en éliminatoires du Mondial, est en quarts de finale. Vous imaginez qu’elle puisse devenir championne du monde après avoir été championne d’Europe?

Elle ne marche pas sur les autres équipes et je pense qu’elle aura du mal. Je vois plutôt l’Espagne ou le Japon, à moins que ce ne soit enfin l’heure de la France. Mais je serais content que l’Angleterre soit sacrée et que nous, nous ayons joué contre les championnes d’Europe et du monde. Cela ne serait pas rien de les avoir jouées…