L’antichambre de la DN n’a plus été autorisée à jouer en match officiel depuis le 17 octobre 2020, en Coupe. Dans quel état reprend-elle ?
C’est un immense soupir de soulagement que poussera toute la Promotion d’honneur, ce vendredi soir, à 20h. Käerjeng accueillera Junglinster, Weiler recevra Canach et c’en sera théoriquement fini pour de bon de cet interminable trou noir d’une année et demie durant lequel la PH autant que les divisions inférieures n’auront joué que huit petits matches, entre le 30 août et le 18 octobre 2020, le temps d’interrompre une saison en mars 2020 et d’en sacrifier une autre à l’automne pour un total hallucinant de 35 rencontres annulées.
Dans quel état nous reviennent-ils, après neuf mois sans jouer et pile 300 jours d’interruption ? Nous sommes allés à la rencontre des présidents de trois clubs pour tenter de faire un bilan partiel et partial des perspectives à court et moyen termes. Et dans leur bouche, cela semble moins terrible que ce qui avait été craint, aux heures les plus sombres de cette crise du Covid…
Gérard Jeitz (Rumelange) : «J’espère qu’on pourra organiser notre fête de la bière»
«Je ne pense pas que Rumelange ait grand-chose de neuf à dire par rapport aux autres clubs de PH du même style que nous : ces derniers mois, on a perdu beaucoup d’occasions d’organiser des événements pour récolter de l’argent.
Donc, déjà, un grand merci aux joueurs qui ont accepté de ne rien toucher en l’absence de matches, même si chez nous il n’y a pas de salaires et qu’on fonctionne uniquement aux primes. En fait, le plus gros des dépenses est venu dans la deuxième phase de l’arrêt des compétitions. Lors de la première, on a tout arrêté, y compris chez les enfants. Mais dans la deuxième, on tenait à ce que nos jeunes puissent faire quelque chose. On ne voulait pas épargner sur les entraîneurs de jeunes. Donc on a eu peu de pertes la saison passée. Par contre, sur le dernier budget, c’était carrément 60 000 euros de moins. Alors on espère fort qu’on pourra organiser notre fête de la bière pour compenser, cet automne.
Bon, financièrement, on a perdu quelques sponsors aussi mais ce n’est pas énorme non plus. Quelques sponsors, quelques panneaux… Les sommes ne sont pas folles mais ça fait toujours un peu mal. Je parlais de la fête de la bière mais pour organiser un tel événement, il faut 140 bénévoles, avec les joueurs qui donnent un coup de main. Et si je ne peux pas me plaindre d’avoir perdu des joueurs qui ont décidé d’arrêter à cause du Covid, des bénévoles, ça… Pendant cette période, beaucoup ont vu qu’on pouvait aussi faire autre chose de ses week-ends et aujourd’hui, ils me disent « non, ça ne me dit plus rien ». C’est douloureux. Pour organiser un match de PH, il en faut une douzaine au moins. Alors rien qu’en perdre six, cela ferait très mal. On va voir comment faire mais à l’heure actuelle, je ne peux pas encore chiffrer l’ampleur du problème.
Au niveau des objectifs, je ne veux mettre la pression à personne. Cela fait deux ans qu’on était toujours devant au moment des interruptions mais on a perdu quelques joueurs qui ont demandé à nous quitter pour aller en DN et le staff est tout nouveau, alors je n’exigerai rien. J’espère surtout qu’on parviendra de nouveau à faire une année entière sans retour en arrière. Et on ne sait jamais…»
Arnold Lies (Bissen) : «Heureusement, pas un sponsor n’est parti et tous ont payé !»
«On n’a pas joué pendant neuf mois. On ne sait absolument pas où on en est. Cette saison, on a pourtant conçu l’effectif un peu plus large, en cas de blessures. Dans le cadre, on sera à 26 joueurs, on le voulait de cette taille, grand. Même si c’est avec sept nouveaux joueurs et beaucoup de jeunes.
Personne chez nous n’a arrêté à cause du coronavirus. Pourtant, on pensait que ce serait le cas. Cela a été un peu plus dur avec les bénévoles car ils sont plus âgés et que les faire redémarrer après un an d’arrêt… Mais on ne sait pas encore quelle est l’ampleur du problème parce que, pour l’instant, ils nous disent tous avoir envie de revenir au terrain, de voir du monde.
Heureusement pour nous, pas un sponsor n’est parti et tous ont payé ce qu’ils s’étaient engagés à nous verser. Qu’il s’agisse de 100 ou de 1 000 euros. On n’a pas de très grand sponsor mais surtout, on a la chance de ne pas avoir trop de cafés, de restaurants… ce genre de commerces qui ont beaucoup souffert pendant le crise sanitaire. Donc voilà, à Bissen, il n’y a pas de pertes. Sur le dernier exercice, on a même fait du bénéfice puisque chez nous, on fonctionne avec de petits salaires et de primes de présence sur la feuille de match. Mais puisqu’il n’y avait pas de matches… Bref, on n’avait pas de frais et en salaires, on n’a payé que six mois au lieu de dix.
Maintenant, ce serait bien qu’on puisse ouvrir beaucoup plus largement les terrains, pour faire fonctionner les buvettes. On est limités à 300. On serait heureux, déjà, d’accueillir 300 personnes les week-ends mais je pense que pour nous, c’est possible.
Quant aux objectifs, je veux que nous visions un ventre mou. Pas dans les six premiers, mais pas dans les six derniers non plus. La saison passée, nous avions planifié un maintien tranquille, donc c’est la même chose cette fois. Je veux qu’à cinq matches de la fin, nous n’ayons plus besoin de trembler.»
James Thomes (Käerjeng) : «Il fallait en trouver, des joueurs qui acceptent de venir en PH»
«Ces mois ont été durs. On ne savait pas si on reprendrait, ni quand. On a fait plusieurs reprises, encaissé un nouveau report, recommencé, jusqu’aux annulations définitives et aujourd’hui, on reprend mais on a encore peur : il y a tellement de non-vaccinés dans les équipes… Suffit de regarder ce qui s’est passé au F91.
Cela ferait énormément de dégâts en PH, s’il fallait arrêter de nouveau. Niveau finances, on a des incertitudes liées aux sponsors mais on a été plutôt bien aidés par l’État et la fédération et heureusement, en plus du retour des matches, il y a le retour du public ! On en a besoin parce qu’on n’a pas arrêté les entraînements des jeunes et cela a occasionné une dépense de 40 000 euros qui, elle, n’est compensée par aucune aide.
On avait déjà baissé notre budget de 50% la première année du Covid mais là, on a encore fait une coupe de 25% supplémentaires. Il a fallu avoir des entrevues avec tous les joueurs pour leur demander s’ils acceptaient de baisser leurs salaires une deuxième fois alors qu’ils avaient déjà tous consenti un énorme effort. Du coup, on ne peut pas faire non plus des transferts très onéreux, ni avoir de certitudes sur les transferts de joueurs étrangers, qu’il a fallu voir pour la plupart sur vidéos. Et il fallait en plus trouver des joueurs qui acceptent de venir jouer en PH avec la menace d’un nouvel arrêt. Ce n’est pas évident puisqu’il y a quand même un réservoir de plus de 500 joueurs en DN, ça ne laisse plus grand monde.
Côté bénévoles, nous aussi on s’est rendu compte que beaucoup en ont profité pour dire « ça suffit ». En fait… plus de la moitié. Il a fallu donc reformer de nouvelles équipes. Cela peut-être un mal pour un bien finalement, peut-être le moment était-il venu. Il a fallu renouveler totalement le comité. On a désormais une équipe très jeune avec de nouvelles idées : le plus âgé a 45 ans !
Notre objectif, ce sera de faire mieux que la saison dernière, ce qui ne sera pas difficile vu notre début d’exercice. En fait, on veut juste faire une saison propre (sic)».
Julien Mollereau
Le programme de la reprise
Vendredi, 20h
Käerjeng – Junglinster
Weiler – Canach
Samedi, 18h
Bissen – Bettembourg
Mondercange – Rumelange
Mertert/Wass. – Steinsel
Medernach – Berbourg
Mamer – Schifflange
US Esch – Mersch