Le Fola a livré un retour à la compétition extrêmement sérieux en Moldavie, contre Tiraspol. Mais cela n’aura pas suffi pour franchir ce 1er tour de Champions League, par manque de réalisme.
« Les leaders peuvent conduire ce groupe au combat », avait dit Sébastien Grandjean, confiant, avant le coup d’envoi. Ils l’ont fait, ne se trompant pas dans cette stratégie d’agression d’un adversaire bien trop souvent laissé tranquille à domicile par des adversaires locaux sans imagination. Pour la tactique, le Fola a eu tout bon mais au combat, on évite de gaspiller des munitions.
Le petit jeu de l’avant-match – et il serait toujours temps de dresser un premier bilan à la pause – aura été, comme souvent, de chercher à mesurer l’influence qu’aurait sur la rencontre le fait que l’adversaire est, lui, en plein championnat. On l’a finalement assez vite compris en ce qui concerne le jeu : aucune. On l’a malheureusement constaté en ce qui concerne le score : énorme.
Cinq occasions et un gros oubli
Le Fola a eu une possession assez large contre le Sheriff Tiraspol. Et s’est créé rien moins que cinq situations claires devant le but, mais qu’un manque de sang-froid a souvent empêché de concrétiser en occasions franches. Sinani rate son tir du gauche en bonne position aux six mètres à la 9e, Bensi, en déséquilibre et en bout de course, ne cadre pas à la 23e, Caron est trop loin de l’action pour reprendre un centre en retrait qui transperce toute la défense à la 27e et la volée cadrée de Diallo au pied du poteau est trop faiblarde à la 34e. La cinquième chance aurait pu ou dû être la bonne mais en oubliant Diallo seul plein axe, Sinani s’est placé dans l’obligation de ne pas rater son face-à-face avec Celeadnic, le seul Moldave sur la pelouse hier soir. Mais c’est le portier du Sheriff qui a eu le dernier mot et poussé en corner (44e).
Il faut croire que le réalisme est directement indexé sur le rythme d’une équipe, mais de deux choses l’une : soit c’est un miracle si Tiraspol n’a pour l’heure encaissé qu’un but en huit matches de championnat, soit le Fola jouerait tranquillement le titre en Divizia Nationala, pour peu qu’il fasse preuve d’un peu plus de réalisme. Celui qu’aurait peut-être pu apporter un Moussa Seydi s’il avait décidé de rester au printemps.
À la pause, le Sheriff est donc devant. C’est grâce à un centre curieux prolongé de la tête par un attaquant qui s’est glissé entre Delgado – reconverti défenseur central alors que Bernard est en tribunes et Mura sur le banc – et Klein. « Mauvais positionnement », jugera d’ailleurs leur président, Mauro Mariani. Dans le dos de l’habituel ailier gauche (en tout cas à son époque strassenoise), Abang reprend d’une volée tordue mais décisive (1-0, 36e). C’est très bien payé mais ç’aurait pu être pire si le poteau de Cabral n’avait pas repoussé un dernier tir moldave, à la 45e.
N’y avait-il pas pénalty sur Sinani ?
Un joli sursis qui tient encore grâce à la maladresse d’Abang un peu seul, plein axe, mais qui reprend au-dessus (54e). Ou encore grâce à un réflexe de Cabral sur sa ligne face à une tête à bout portant (73e).
Le match aurait sans doute pris une tournure différente si l’arbitre de la rencontre avait accordé à Sinani un pénalty qui semblait évident au bout d’une charge de Pimentel (56e), mais Lukic doublera le score sur phase arrêtée (2-0, 80e) et reversera d’office cette cohérente équipe eschoise en Europa League. Vraisemblablement contre le même genre d’adversaire. Mais à domicile, contre un adversaire qui n’a pas encore repris, cette fois, ce serait mieux.
Julien Mollereau