Accueillis depuis leur retour au Grand-Duché aux entraînements du Progrès, Enes Mahmutovic et Olivier et Vincent Thill, les trois internationaux évoluant en Ukraine, ignorent où, quand et comment ils retrouveront la compétition.
Accueillis à leur retour d’Ukraine par le Progrès, dont ils ont intégré les entraînements en début de semaine, Enes Mahmutovic, Olivier (photo) et Vincent Thill se sont au moins assuré pour les prochaines semaines un minimum de rythme, eux qui ignorent si et quand le championnat d’Ukraine reprendra. Mais puisque rien ne remplace la compétition, reste ce problème de taille : le temps de jeu.
À ce titre, la prochaine fenêtre internationale fin mars devrait constituer une sacrée bouffée d’air frais pour les trois Roud Léiwen. Ce d’autant que les deux rencontres au programme, contre l’Irlande du Nord (le 25) et en Bosnie (le 29), seront amicales. Il y a donc fort à parier que Luc Holtz, qui a tenu personnellement à ce que le trio bénéficie des mêmes conditions de travail – d’où leur réunion à Niederkorn –, tâche de leur offrir un maximum de temps de jeu à cette occasion.
La FIFA réfléchirait à l’ouverture d’une fenêtre spéciale pour les joueurs du championnat ukrainien
Leurs perspectives après cette double échéance restent floues. Sauf à partir jouer en Moldavie, où le mercato s’achève le 25 mars, voire au Brésil, où celui-ci s’étire jusqu’au 12 avril, les deux rares championnats de niveau plus ou moins comparable avec ce qu’ils ont connu en Ukraine où le marché des transferts est toujours en cours, leurs possibilités sont moindres.
À moins qu’un conflit armé ne constitue un motif suffisant pour rompre leur contrat avec leur employeur sans crainte d’être inquiétés ? Pas si vite : les règlements de la FIFA, «en particulier le Règlement du statut et du transfert des joueurs, ne contiennent aucune disposition» en ce sens, prévient Me Jules Plancque. «La FIFA se « contente » de permettre la rupture anticipée « en présence d’un cas de juste cause »… sans fournir une liste précise de ces cas», précise cet avocat du sport exerçant à Paris.
Un prêt ou une rupture ?
Au sens du Tribunal arbitral du sport (TAS), «une juste cause existe lorsque les conditions fondamentales qui constituaient la base de l’accord contractuel ne sont plus respectées par l’une des parties», poursuit Me Plancque. C’est-à-dire «principalement les conduites dites « abusives« et les impayés». Un joueur ne recevant plus de salaire pendant trois mois consécutifs peut par exemple s’engager librement avec un autre club. Mais la juste cause, pas plus que la «force majeure», une autre notion introduite par la FIFA et le TAS, ne s’appliquent en cas de guerre, d’après l’avocat.
En attendant que la FIFA ne prenne «des décisions définitives» au sujet de cette «question non prévue dans le règlement», quelles options s’offrent donc aux trois internationaux ? «Les joueurs pourraient être libérés temporairement par leurs clubs, dans les conditions applicables aux mutations temporaires internationales, notamment en respectant les fenêtres de transfert, indique Me Plancque. La FIFA réfléchirait à ce titre à l’ouverture d’une fenêtre spéciale, dérogatoire, pour les joueurs évoluant dans le championnat ukrainien.»
Ce qui élargirait, d’un coup, leur horizon. «D’un autre côté, bien sûr, les parties peuvent librement convenir d’une rupture amiable, et c’est certainement davantage ce biais qui devrait être utilisé», suggère l’avocat. Les prochaines semaines promettent donc d’être intenses pour les frères Thill et Mahmutovic. Et surtout pour leurs agents.