EURO FÉMININ Dimanche, l’Angleterre, adversaire des Lionnes dans cinq semaines, peut devenir championne d’Europe. Dan Santos réfléchit tout haut.
La finale de l’Euro-2022 féminin opposera ce week-end l’Allemagne à l’hôte de la compétition. Et il y a déjà énormément d’enseignements à en tirer pour le sélectionneur luxembourgeois.
Retrouver l’Angleterre, le leader de votre groupe des éliminatoires du Mondial, en finale de l’Euro, c’est tout sauf une surprise, on est d’accord?
Dan Santos : Oh, je l’avais dit au tirage qu’on allait affronter le futur champion d’Europe. Pour le moment, je ne me suis pas trompé. Elles ont eu des difficultés contre l’Espagne (NDLR : en quarts de finale) parce qu’elles étaient moins bonnes techniquement. Mais elles ont prouvé que le foot, ce n’est pas que ça. C’est aussi un côté athlétique, de la puissance…
C’est le grand enseignement de l’Euro pour ce qui est du football féminin?
On remarque qu’il se développe rien qu’en regardant le nombre de kilomètres que les filles parcourent. Aujourd’hui, elles atteignent presque toutes les 12 kilomètres par match. Les Belges font toutes environ 11,5 km. Et l’intensité et la qualité technique sont de plus en plus élevées. En tout cas par rapport au dernier Euro. Bref, il y aura de plus en plus de boulot. Ce n’est pas pour rien si nous avons pris un coach athlétique en la personne de Kevin Rutare. Nos joueuses commencent les séances, à raison d’une au minimum par semaine, dès l’âge de 15 ans. En regardant notre base de données, on voit que les filles progressent et l’exemple le plus frappant, c’est Marta Estevez, de plus en plus à l’aise et de plus en plus longtemps sur les matches internationaux.
Vous aviez perdu 0-10 contre les Anglaises, à l’aller, en avril dernier. Savoir qu’elles peuvent devenir championnes d’Europe, dimanche, vous aiderait-il, vous et vos joueuses, à relativiser, à mettre en perspective?
Ah c’est sûr, ça nous aiderait à comprendre quelle est la différence. Elles, elles sont toutes pros et elles gagnent bien leur vie. Alors ça ne peut pas être l’exemple à suivre pour nous, on n’y arriverait pas. Nous, on devrait plutôt suivre l’exemple d’une Belgique, qui en a seulement huit et aujourd’hui, atteint les quarts de finale. Présentement, on en a une seule (NDLR : Laura Miller, au Standard) mais douze stagiaires à l’étranger. Et contre les Anglaises, on perd 10-0 mais à la fin du temps réglementaire, avant de craquer, on en est à 7-0. À titre de comparaison, les Norvégiennes, qui comptaient parmi les favorites, en ont pris huit!
Je l’avais dit au tirage qu’on allait affronter le futur champion d’Europe
L’Autriche, autre concurrente dans votre poule pour le Mondial, s’est aussi hissée en quarts, où elles ont fait trembler l’autre finaliste, l’Allemagne.
Oui, notre groupe est très fort et on va quand même finir quatrièmes. Moi, je suis curieux de nous voir désormais contre l’Irlande du Nord, juste avant de partir en Angleterre. D’ailleurs, on vient justement de commencer la préparation athlétique.
Et après, vous conclurez la campagne en allant potentiellement rendre visite à Stoke-on-Trent aux nouvelles championnes d’Europe en titre…
Devant 25 000 à 30 000 personnes qui viendront voir leurs championnes et le trophée. Je m’attends à 90, 92, 95 minutes très longues puisque avant on aura eu ce très difficile match contre les Nord-Irlandaises. Et cette fois, ce sera pire qu’au Luxembourg. Elles ne nous feront pas de cadeau, elles voudront nous balayer. Ce sera un moment inoubliable quel que soit le résultat. Il faudra s’arracher…