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[Football] Tim Hall : «Plein de potes m’ont dit « mais tu vas te retrouver sans club et sans argent »


Tim Hall, 100% Budapest. Photo : ujpestfc

Entretien avec Tim Hall, nouveau défenseur central du Ujpest Budapest, qui a pris un risque énorme dans la gestion de sa carrière et a le plaisir de voir qu’il a payé.

C’était un choix audacieux. Tim Hall, à l’été 2022, plutôt que de signer là où on lui proposait un niveau ou un contrat qui ne lui convenait pas, a préféré risquer six mois de chômage. Calcul payant : avec des offres en Estonie, Turquie, Bulgarie ou Finlande (dont trois concrètes), il a opté pour un contrat longue durée avec l’historique Ujpest Budapest. Là, le coach serbe Milos Kruscic (passé notamment par le CSKA Sofia) veut faire de lui un pilier d’une défense trop souvent maltraitée en D1 hongroise et qui va repartir à l’assaut des sommets en NB I. «Il est enfin au niveau qu’il mérite», s’est réjoui son agent, Ahmed Nouma.

Est-ce un petit exploit de se retrouver dans un club historique, dans un championnat qui monte, après avoir passé six mois en tant que simple chômeur?

Tim Hall : Absolument! L’été dernier, quand j’ai fait le choix de rester libre, plein de gens m’ont dit « mais t’es fou! Tu vas te retrouver sans club et sans argent! ». Mais en fait, moi, je n’ai pas compris comment j’ai fait pour ne pas trouver un bon club après la très bonne saison que je venais de faire à Chypre (NDRL : avec l’Ethnikos Achna). Très tôt dans le mercato, j’ai refusé trois ou quatre clubs parce que les offres ne me convenaient pas et comme, justement, il était tôt dans l’été, je me suis dit « tu as le temps ». Dans ces offres que j’ai refusées, il y avait notamment deux petits clubs de Chypre, alors que quelques mois plus tôt, j’avais failli signer avec un cador, l’Anorthosis Famagouste. Vous voyez un peu : je pensais trouver mieux. Pareil pour le club de D2 suédoise qui m’avait formulé une offre. Je me suis dit que, au mieux, si tout se passait bien, je serais en D1 suédoise seulement un an plus tard. Si tout se passait bien! Non vraiment, je n’avais pas le feeling que c’était le pas dont j’avais besoin.

Je suis fier de moi

Mais c’était un risque monumental de réfléchir comme ça…

Oui, j’ai pris un risque énorme. C’est sûr que bosser six mois sans être payé, t’as l’air bête. Et plein de potes me l’ont dit : « signe au Progrès! ». Mais moi, j’ai la certitude que si tu joues en BGL Ligue, tu ne peux repartir dans le monde pro que si tu es international et que les clubs pros peuvent te voir en sélection. Sinon, c’est mort! Je dois remercier Niederkorn, qui aurait préféré que je reste. Mais bon… Je savais qu’à me voir aussi longtemps sans contrat, les clubs allaient se poser des questions, mais moi, je n’en avais pas. La seule chose dont j’avais peur (il sourit), c’est justement ce que pouvaient penser les clubs de ma situation.

Tout ça à cause de cette blessure folle, cette fracture du pied occasionnée par la manœuvre d’une voiture conduite par le membre d’un staff d’une équipe adverse, sur le parking jouxtant un stade?

À un moment, pour moi, le plus important, c’était de reprendre là où je m’étais arrêté. C’était une blessure bête qui m’a fait du mal psychologiquement, alors que je disputais ma meilleure saison et de loin, dans un championnat dont le niveau m’a surpris. Tout le monde pense que là-bas, c’est n’importe quoi, mais non : il y a cinq ou six gros clubs qui se donnent vraiment les moyens et versent de gros salaires. C’est là où je voulais initialement rester, mais je voyais bien que tout le monde avait peur et se demandait si on allait retrouver le Tim de toute la saison. Est-ce qu’il sera aussi bon? Moi aussi, je me posais la question. L’Ethnikos a voulu me faire jouer la finale de la Coupe (NDLR : le 25 mai, défaite aux tirs au but contre l’Omonia Nicosie) mais même sous infiltration, ça n’allait pas. D’ailleurs, plusieurs semaines après, à la reprise avec le Progrès, j’ai dû stopper des séances à cause de la douleur. Je me suis demandé si je n’allais pas devoir me faire opérer. Et puis c’est revenu…

C’est aussi à cause de cela qu’Ujpest a voulu vous voir quelques jours avant de vous signer?

Fin décembre, j’y suis  allé pour deux ou trois jours. Ils voulaient voir. Ils ont aimé ce qu’ils ont vu, mais ils ont voulu confirmer ça par un amical. Moi, je vous avoue, je n’étais pas très fan parce que je me suis dit : « que se passe-t-il si je me blesse? ». Je l’ai fait quand même et j’ai été bon. Mais on n’a pas pu signer le contrat avant leur départ en stage en Turquie, pour dix jours. Là, le coach me dit « viens avec nous, de toute façon, le contrat, c’est comme s’il était signé ». Là, je me suis encore dit « mouais… ». Alors quand ils ont voulu que je paraphe en Turquie, là, c’est moi qui ai dit « non, on va attendre d’être rentrés et faire ça bien, avec mon agent ».

Un retour en sélection? En fait, je croyais que ça arriverait déjà en début d’année dernière

La durée du contrat n’est pas anecdotique. Ni pour vous, ni pour Ujpest.

Non, effectivement. Mais la durée d’un contrat, c’est une chose, le terrain, c’en est une autre. Le club ne voulait pas moins, en termes de durée. Il y avait d’autres pistes, mais Ujpest, c’est un joli club, une belle ville et un football qui se développe bien.

Avez-vous l’impression que pour vous, la chance est en train de tourner?

Honnêtement, j’espère. Avant cet accident incroyable, à Chypre, ça se passait très bien. Mais j’ai quand même, depuis le début de ma carrière, connu deux faillites au Lierse et à Lviv. Et puis il y a aussi eu les deux covids de Gil Vicente et le décès du directeur sportif… Mais je sais très bien de quoi je suis capable et je suis resté fort dans ma tête. D’ailleurs, je suis fier de moi, de l’être resté, fort dans la tête.

On imagine aisément qu’un retour en sélection (NDLR : sa dernière apparition date de septembre 2020) recommence à être d’actualité?

Je ne vais pas vous faire de secret : pour un retour en sélection, je suis là, je suis prêt! En fait, je croyais que ça arriverait en début d’année dernière, avec mes bonnes prestations à Chypre. Donc j’attends. Pour ça, j’espère faire le plus de matches possibles avec Ujpest.

Vous y aurez énormément de responsabilités?

J’ai été très bon en amical. On a fait deux nuls 1-1 contre une D2 turque et le Slask Wroclaw et une victoire 3-1 contre un club de D1 serbe (NDLR : le Spartak Subotica). On a de très bons joueurs, mais très jeunes et qui concèdent des buts stupides. Des fois, cette équipe semble tellement à l’aise techniquement qu’elle pense qu’il ne peut rien lui arriver et elle prend des buts en contre. Cela nous est arrivé deux fois en stage. Mais on propose un très beau football et pour moi, ça compte!

Entretien : Julien Mollereau

Un commentaire

  1. Pour ceux qui se poseraient la question, üdvözlünk veut dire « Bienvenue » en hongrois, une langue pas facile.