BELGIQUE Gardien le plus hermétique du championnat, Anthony Moris caracole en tête de la Jupiler Pro League avec le promu saint-gillois. Jusqu’où peut aller cette Union?
Journaliste pour le site belge spécialisé walfoot.be, Florent Malice a vu suffisamment Anthony Moris à l’œuvre ces dernières années pour être sûr d’une chose, et il n’est pas le seul : voir le gardien international luxembourgeois à un tel niveau de performance depuis le début de saison en Jupiler Pro League n’est pas franchement une surprise. «De l’avis général, Moris a été fort sous-estimé durant sa carrière et a toujours mérité d’évoluer en D1A, pose notre confrère, qui a assisté à la quasi-totalité des matches de l’Union Saint-Gilloise dans l’élite cette saison. C’était du gâchis de le voir passer par la D1 Amateurs (désormais Nationale 1, le 3e échelon du foot belge) à Virton.»
Ce crochet par la D3, dans un club cher à Flavio Becca, a au moins eu un mérite selon le journaliste : «Il a pu prendre son temps et progresser pour revenir par la grande porte. Avant ses soucis financiers, Virton a d’ailleurs failli monter en D1A et Moris était pour beaucoup là-dedans. Il ne fait que confirmer!» Pris en défaut seulement 13 fois en 12 journées, le natif de Liège n’est pas non plus étranger à la première place surprise du promu, vainqueur de ses trois derniers matches et leader avec deux points d’avance sur le FC Bruges, double champion en titre. Ni à son statut de meilleure défense, lui qui totalise quatre «clean sheets».
Où se situe-t-il dans la hiérarchie des portiers locaux? «Très clairement, il est considéré comme l’un des meilleurs gardiens de Pro League cette saison, assure Florent Malice. Est-ce que c’est le plus fort intrinsèquement? Peut-être pas, mais il est capable d’arrêts absolument dingues et respire la confiance. Il a déjà sauvé son équipe plusieurs fois cette saison.» Notamment samedi à Eupen, un concurrent direct face à qui l’Union a dilapidé en trois minutes une avance de deux buts, repris l’avantage une poignée de secondes après l’égalisation adverse et été maintenue en tête par son dernier rempart.
Plus crédible que le Beerschot
Un scénario, une semaine après un succès déjà renversant contre Seraing (de 0-2 à 4-2), à même de faire doucement évoluer les regards envers l’USG, dont le fond de jeu, «clairement le meilleur de D1A», en fait un leader logique, selon Florent Malice. Comme l’était le Beerschot (NDLR : le second club d’Anvers), promu lui aussi, à la même date l’an passé. «Ils l’étaient même encore en décembre. Là aussi, le jeu était incroyable sur le plan offensif, c’était l’équipe-frisson du championnat. Puis tout s’est tassé, parce que typiquement en Belgique, les équipes dites du « top » sont conditionnées à être parées pour la seconde partie de saison, à savoir le rush vers les play-offs et les play-offs proprement dits.»
«Donc oui, reprend le journaliste, on se dit qu’ils peuvent être bien plus qu’un « tube de l’été », mais l’idée générale est que s’ils accrochent le top 4, c’est déjà un exploit.» Ce d’autant que l’Union, contrairement à certains de ses prestigieux poursuivants pour l’heure bloqués hors de ce top 4 (Anderlecht, Charleroi, Gand, Genk), «ne visait rien en début de saison. Alors parler de titre, évidemment, c’est trop tôt…» Il n’empêche : «Contrairement au Beerschot qui n’avait aucun équilibre et était en surrégime, cette Union paraît plus solide et capable de retourner des situations compromises. Pendant deux matches consécutifs, ils l’ont prouvé. Niveau mental, c’est solide.»
Reste que l’équipe bruxelloise, qui «doit vraiment ce début de saison à sa fraîcheur offensive» et à la capacité de son entraîneur Felice Mazzu à exploiter à fond les qualités de son trio d’attaquants (Undav, qui «a passé un palier incroyable», Vanzeir, «enfin celui que l’on attendait depuis le début de sa carrière», et Mitoma, «une pépite en devenir prêtée par Brighton»), connaît «depuis quelques matches des trous d’air pendant les rencontres». Mais est-ce vraiment un problème, quand on a un Moris en état de grâce pour rattraper le coup?
Simon Butel