SÉLECTION NATIONALE L’attaquant du Fola, immense surprise de la liste de Luc Holtz, déborde de joie et d’envie de travailler au contact de garçons qu’il admire.
Il est la grosse surprise de la liste de Luc Holtz. On s’attendait logiquement à ce que le sélectionneur redonne sa chance à son coéquipier du Fola, Diogo Pimentel, mais de là à ce qu’il sélectionne un garçon qui était encore aux arrêts footballistiques de rigueur du côté de Mondercange, en PH, la saison passée. Conscient de ses faiblesses, le Luxembourgo-Nigérian qui n’en finit plus de se réjouir de représenter «(s)on pays», fait partie d’une nouvelle génération, désormais en âge d’avoir pour héros… des joueurs locaux!
On vous imagine aussi surpris que nous.
Michael Omosanya : Très, très surpris! Je n’aurais jamais pensé qu’on m’appellerait pour représenter mon pays. Mais il faut croire qu’en football, tout va hyper vite. Il y a quelques mois, j’étais en quarantaine (sic) avec Mondercange. Alors merci le staff du Fola de m’avoir donné toute cette confiance. Je n’ai même pas les mots. En fait, ils m’ont appelé en fin de matinée pour me prévenir et après, je n’avais même plus faim. Ma mère m’avait préparé quelque chose à manger à la maison, je n’ai pas pu l’avaler.
Le staff eschois, depuis votre arrivée, n’en finit plus de louer vos énormes qualités, mais aussi les lacunes de votre formation.
C’est cela, justement, qui me choque : je sais que j’ai des qualités, mais j’ai encore tant à apprendre. Le coach me fait toujours la blague en me disant que je ne sais pas jouer au foot et il a raison!
Mais à quoi ressemble-t-il ce parcours si atypique que tout le monde n’évoque que pour dire que vous n’êtes nulle part? Pour un garçon titularisé en Coupe d’Europe et appelé en sélection, ça ne peut pas non plus être un drame!
J’ai commencé le foot à 6 ans à Merl. Puis de 6 à 12 ans, j’ai été formé au F91. Avant de partir à Remich où je ne jouais pas beaucoup puis Mondercange où il y a le coronavirus. Voilà, je vais passer en trois ans de Remich à un match contre Cristiano Ronaldo. Compliqué émotionnellement, mais il faut gérer. Moi, je vois le foot comme un métier. Même si je vais commencer les études en filière STAPS (NDLR : études de sport), je veux aller dans le monde pro.
Le coach dit que je ne sais pas jouer au foot
Comment regardez-vous vos futurs coéquipiers de sélection?
C’est des stars! Je vais jouer avec des stars! De très grands joueurs. Regardez Sébastien Thill qui marque contre le Real! C’est fou non? Non pour moi, c’est des stars. Comme Sinani, dont je m’inspirais beaucoup quand je la voyais au F91. Mais sinon, c’est Gerson Rodrigues qui m’a le plus motivé. Son parcours, ce qu’il a déjà fait pour son pays, c’est fou.
Et c’est un ancien joueur du Fola.
(Il rit) D’ailleurs, son jacuzzi est toujours là et j’en profite bien (NDLR : le club s’était servi de ses nombreuses primes de retard pour équiper le vestiaire).
Sébastien Grandjean a dit de vous qu’il fallait vous surveiller, que vous aimiez « bien la vie« …
J’aime bien rigoler. Quand il faut en tout cas. J’aime bien rigoler mais j’aime bien aussi apprendre des choses, c’est cool d’apprendre. C’est important de savoir quand rigoler et quand travailler.
Parlons travail alors : vu votre gabarit, vu vos qualités, vous avez tout pour devenir le nouveau Turpel, non?
Je fais 1,90 m. Non, 1,89. Enfin, disons entre 1,89 m et 1,91 m pour 86 kilos, mais je ne peux pas directement faire comme lui. Je vais surtout tout donner pour mon pays et tout faire pour ne pas décevoir le coach. Moi, je dois déjà apprendre les déplacements et espérer que sur le terrain, les joueurs plus expérimentés me gèrent. Mon but, c’est d’un jour être comme eux. Je vais beaucoup parler avec eux. Pour progresser.
Julien Mollereau