Maurice Deville retrouve la 2e Bundesliga, six ans après son passage à Kaiserslautern. Une opportunité en or.
C’est un choc luxembourgo-luxembourgeois qu’on n’attendait pas il y a quelques jours : dans les bas-fonds de la 2e Bundesliga, l’Erzgebirge Aue de Dirk Carlson, premier relégable, va (déjà) jouer ce week-end une partie de son avenir à ce niveau contre l’actuel barragiste, Sandhausen, et sa toute nouvelle recrue… Maurice Deville.
Avez-vous été aussi surpris que tout le monde de vous voir offrir une opportunité de 2e Bundesliga alors que vous jouiez peu en 3e Liga ?
Maurice Deville : Ah c’est une grande opportunité de rejouer en 2e Bundesliga ! Tout a été très très vite. J’ai reçu un appel de mon agent, Sandhausen avait besoin d’une réponse rapide et moi j’ai vite compris que c’était peut-être ma dernière chance de rejouer à ce niveau. Mon coach à Sarrebruck, qui ne m’a pas fait beaucoup jouer sur la première partie de saison, m’a dit que s’il recevait un renfort offensif en compensation, je pouvais y aller. Il l’a eu. Eh oui, pour moi, c’est une surprise, mais quand j’ai joué avec Sarrebruck, j’ai été bon. Comme en sélection.
Sandhausen a regardé vos matches avec les Roud Léiwen ?
Je sais qu’ils en ont vu beaucoup, oui. La Serbie, le Qatar… En fait, j’ai cru comprendre qu’ils ont tout regardé. Et puis quand Alois Schwartz était encore l’entraîneur de Karlsruhe, j’ai joué pas mal de rencontres face à lui.
Il y a été l’entraîneur de Dirk Carlson. Avez-vous eu besoin d’appeler votre coéquipier des Roud Léiwen afin de savoir quel genre de coach il est ?
Pas besoin, non. Alors oui, je ne sais pas comment ce coach réagit, quelles sont ses idées, mais je suis allé immédiatement sur internet pour regarder un peu ses formations. Et puis quand je l’ai eu au téléphone, il m’a expliqué son plan me concernant.
Et ?
Ils veulent que je joue axial. Ils recherchaient un grand gabarit qui soit capable de jouer en déviation, cela manquait à leur effectif. Que je sache le faire a parlé pour moi. Le fait que je puisse aussi, si nécessaire, glisser sur les ailes, également.
Avec le meilleur buteur du club, Pascal Testroet? Avec l’autre attaquant recruté cet hiver, Ahmed Kutucu (Basaksehir) ? En alternance ?
Il faut déjà que je montre à l’entraînement que j’ai les capacités de commencer un match. Et ensuite, profiter de mes minutes. Vous savez, je vois déjà la différence à l’entraînement. Sarrebruck n’a pas 25 bons joueurs du niveau de ceux qu’il y a à Sandhausen. Là, aux séances, il faut tout donner.
Si je m’entraîne bien, je jouerai. Sinon… je saurai que je n’ai pas le niveau
Mais la meilleure saison de votre carrière, vous l’avez pourtant certainement jouée à Kaiserslautern, à ce niveau, en 2015/2016…
C’est vrai ! Et c’est d’ailleurs à ce moment-là que j’avais noté que j’avais le niveau pour évoluer en 2e Bundesliga. La 3e Liga, c’est un combat, beaucoup de longs ballons. À l’étage du dessus, les joueurs voient un peu mieux les choses. Un peu comme en sélection, quand tu te retrouves avec Leandro Barreiro, Sébastien Thill ou Christopher Martins derrière toi. Je sais grâce à eux comment c’est de jouer avec des joueurs meilleurs que toi. En tout cas meilleurs qu’en D3 allemande. À Sandhausen, ils savent que j’avais fait un bon boulot à Kaiserslautern en entrant souvent comme joker. Ça avait fonctionné à l’époque. Notre but, c’est que cela marche aussi ici.
Vous jouiez la montée à Sarrebruck. Là, vous allez vous battre contre la relégation. Ce n’est pas du tout le même esprit.
C’est vrai, c’est moins facile. Mais il suffirait de gagner deux ou trois matches pour que tout aille très vite mieux. On va d’ailleurs tout de suite affronter Dirk (Carlson) et Aue. C’est déjà décisif. On doit prendre trois points, mettre de l’espace entre eux et nous. Surtout qu’une semaine plus tard (NDLR : avec un match à Karlsruhe, intercalé), on affronte la lanterne rouge, Ingolstadt. C’est une semaine importante directement et ce ne sera pas facile pour moi. Il faut que je m’adapte très vite. Je vais tout donner comme si j’étais là depuis le début. Il faut que j’aide le groupe, que je sois en mesure de leur montrer que les choses peuvent changer. C’est une grande chance pour moi de revoir la 2e Bundesliga, surtout que c’est la plus forte qu’il n’y ait jamais eu dans l’histoire. Je suis tellement content d’y être !
Ce serait encore mieux d’y rester, non ?
Pour le moment, j’ai un contrat de six mois. Si je m’entraîne bien, je jouerai. Sinon… je saurai que je n’ai pas le niveau. Et cet été, on verra. Si Sandhausen se maintient, peut-être que j’obtiendrai un beau contrat.