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[Football] Matches à 15 h : ça les énerve un peu


À 15 h, on y voit encore clair. (Photo : jeff lahr)

La FLF a mis les clubs au pied du mur en leur indiquant, par souci écologique, que l’horaire des matches, en automne et hiver, est avancé d’une heure.

On leur a coupé la lumière, ils sont un petit peu agacés. Les clubs de DN ont reçu une communication express, un peu après la dernière trêve internationale, en provenance de Mondercange. On leur indiquait que désormais, l’horaire usuel des rencontres, avec l’arrivée de l’hiver, n’était plus 16 h, mais 15 h. Pas d’avertissement en amont mais en creusant un peu, les dirigeants ont vite compris que l’«ordre» venait d’en haut. Du politique. L’idée : en plein crise énergétique, en plein bouleversement climatique, la BGL Ligue doit montrer l’exemple et avancer l’heure du coup d’envoi de ses rencontres pour éviter d’allumer ses projecteurs.

Et fatalement, on en a déjà vu les retombées. Il a suffi, pour se douter, d’entendre les premières réactions embêtées à l’intérieur même des rédactions des différents journaux du pays : 15 h, pour beaucoup, c’est un peu trop près du repas dominical pour ne pas prêter à conséquence. Alors que les journalistes du pays sont payés pour se rendre aux matches, vous imaginez les spectateurs lambdas? L’effet a été quasi immédiat : sur les cinq premières journées de championnat, la moyenne de spectateur s’établissait à 500 personnes par rencontre, tout pile. Sur les trois dernières, sous régime «15 h», on est tombés à… 418. On aurait ainsi perdu 82 personnes par stade en avançant d’une heure?

«Est-ce que j’ai mauvaise conscience? Non»

L’explication tient aussi à la reprise de l’école, à la baisse relative des températures mais déjà, dans les comités, on s’énerve. Parce qu’outre la supposée baisse conséquente de revenus, les problèmes s’accumulent, notamment dans les clubs fortement pourvoyeurs de public. «Déjà parce que même quand c’est dans notre intérêt, on n’ose pas trop décaler, de peur désormais de se faire incendier et passer pour anti-écologique, alors qu’on soutient la mesure», sourit Thomas Gilgemann, le président du Progrès. Christian Strasser, à Mondorf, est nettement plus sec sur le sujet : «Contre le F91, dimanche, on n’a allumé que pour la deuxième période et on a éteint trois minutes après le coup de sifflet final. Soit 50 minutes en tout. Ce n’est pas comme si on jouait à 18 h. Là, ce serait beaucoup plus. Alors est-ce que j’ai mauvaise conscience? La réponse est non! Je ne veux pas utiliser le terme de populisme mais on décale la DN alors qu’on s’entraîne, qu’on fait jouer les dames, les corpos, les vétérans sous les projecteurs.»

Mondorf a commencé à régler une grande partie du problème en remplaçant ses loupiotes par des LED, qui vont réduire la consommation de 40 % et augmenter très largement la luminosité. Et lui permettre de revenir à 16 h très souvent et sans l’ombre d’un scrupule, tant ce nouvel horaire coûte de l’argent aux clubs. Le F91 est de son côté en train de suivre le même chemin de réfection de son éclairage, mais il connaît d’autres soucis. Les mêmes que tout le monde : décaler d’une heure, c’est un vrai casse-tête en termes d’organisation. Ne serait-ce que parce que les joueurs arrivent de loin pour être présents deux heures avant le coup d’envoi et que les bénévoles, eux, doivent pointer leur nez encore une heure plus tôt. C’est une plaie pour motiver les encadrants, qui doivent, eux, sauter leur repas (encore pire que pour les fans, quoi…). Mais du côté du stade Jos-Nosbaum, on en vient à prier pour que ces difficultés à décaler, notamment en soirée, ne plombent pas un peu son choc prévu dans deux semaines, contre le Swift : «On aura notre public mais personne d’autre, synthétise Manou Goergen, le directeur sportif. Espérons que, comme on s’y attend, tous les spectateurs neutres, eux, viendront.»

Il va falloir faire restaurant, maintenant?

Espérons parce que les autres clubs, eux, ont constaté également que même en décalant à 16 h, il était même difficile d’attirer, dans ces conditions les autres joueurs ayant fini leurs matches de 15 h. Tout autant que les propres membres de leur club, dont certains, en catégories jeunes, jouent encore. Ce qui est un problème autant à la maison (pour la recette billetterie et faire tourner la buvette), qu’en déplacement, où les gens ont encore moins le temps de latitude pour aller supporter leur club à l’extérieur.

Le Progrès, jamais en retard d’une innovation dans ce domaine, a donc décidé de lutter à sa manière contre cette désaffection programmée. Dès son prochain match à domicile, il organisera des repas dans son club-house pour 80 personnes, dès 11 h 30. Le mieux, quand les gens n’ont plus le temps de manger en famille ET de venir au match, c’est encore de devenir soi-même un restaurant. Cela ne les empêchera pas de s’agacer de l’horaire, mais au moins, le ventre plein…