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[Football] Marco Richard : «On peut envisager de jouer plus de matches en hiver»


« Il y a tant d'hypothèses sur la table que cela ne vaut presque pas le coup d'en parler ni d'en faire trop », souffle Marco Richard. (photo archives Editpress/Isabella Finzi)

Marco Richard, qui préside la commission du calendrier de la FLF, se pose autant de questions que tout le reste du football luxembourgeois sur la façon d’organiser l’après-Covid 19.

Paul Philipp continue de défendre le concept d’urgence d’attendre et il y a introduit depuis la semaine passée une notion de «tactique» : le Luxembourg ne sera pas le premier à sortir du bois pour manifester son envie voire son besoin pourtant évident de ne pas aller au bout de l’actuelle saison. Le football grand-ducal se doit donc d’envisager une suite à cette saison. Ce sera, à un moment ou à un autre, le rôle de Marco Richard et de sa commission, celle du calendrier. Sauf que même là, la vision manque. À cette exception : on ne demandera pas forcément leur avis aux clubs.

Comment allez-vous travailler et quand pourrez-vous vous y mettre ?

En fait, on attend vraiment de tout savoir pour s’y mettre. On vient encore d’avoir une visioconférence du conseil d’administration de la FLF il y a trente minutes (NDLR : l’entretien a été réalisé mardi matin) et l’idée c’est qu’on attend vraiment les directives de l’UEFA, des communes au sujet de leurs infrastructures, de l’État et du ministère de la santé. On espère avoir des règles, une direction, parce que là, on n’a vraiment rien en main. Quand on aura ça, cela sera fait relativement vite. Il reste treize matches de championnat, cela fera quelques semaines anglaises. Cela peut encore se faire. Sauf s’il faut reprendre en juin. Là, oui, ce sera difficile.

Paul Philipp a dit, la semaine passée, qu’il voyait difficilement comment la prochaine saison pourrait, au mieux, commencer avant le 15 septembre. Une perspective angoissante pour une commission du calendrier ?

Forcément, si on finit plus tard, tout se décale. Tout dépend aussi de l’UEFA, des dates qu’elle retient pour les qualifications aux Coupes d’Europe. Surtout qu’on pourrait aussi jouer cette saison de DN jusqu’en septembre apparemment.

Surtout que l’UEFA envisage ouvertement de jouer des semaines internationales à trois rencontres, histoire de se refaire la cerise financièrement sur les matches qui n’ont pas eu lieu en mars et qui n’auront pas lieu en juin, et qu’elle doit pourtant contractuellement fournir aux diffuseurs.

Pour le moment, on n’en sait pas plus sur ce point. Ces informations, on les recevra forcément à un moment. Mais c’est clair qu’avec trois matches au lieu de deux, on va perdre du temps, sauf s’ils parviennent à caser trois rencontres en quatorze jours et que les périodes de libération des joueurs ne changent pas, qu’elles ne sont pas plus longues.

C’est possible ?

Comment gérer la prochaine saison et la période hivernale, puisque c’est presque la seule variable d’ajustement dont vous disposez alors que aurez autant de matches à jouer et beaucoup moins de dates à votre disposition ?

On peut envisager de jouer plus de matches en hiver, oui. Pour le moment, on respecte toujours le principe de jouer les treize matches aller avant la période des transferts et les treize matches retour après. Là, on peut envisager de finir plus tard en décembre, de reprendre plus tôt en février voire en janvier. Mais bon, il y a tant d’hypothèses sur la table que cela ne vaut presque pas le coup d’en parler ni d’en faire trop. Pourtant, oui, on a beaucoup de choses en tête à l’heure actuelle.

C’est de cela dont il s’agit, justement. Explorer les pistes. On a énormément de questions, mais aucune réponse.

On n’arrivera jamais à mettre 105 clubs d’accord

Est-il possible que la prochaine saison, celle de 2020/2021, se termine elle aussi en décalé ?

Je ne pense pas, non. Il y aura l’Euro à jouer et même si le Luxembourg n’est pas qualifié, on restera concerné par la nécessité de donner les noms de nos qualifiés européens (NDLR : pour la Champions League et l’Europa League). C’est problématique, mais je ne pense pas que nous aurons de marge de manœuvre pour la saison prochaine.

Tout cela, la FLF doit-elle impérativement en discuter avec ses clubs ou, justement, c’est un piège dans lequel il ne faut pas tomber parce que, de toute façon, il n’y aura aucun moyen de trouver un consensus ?

Bonne question. En principe, le conseil d’administration devrait prendre ses responsabilités en la matière. On a bien vu avec le sondage commandé par la Ligue qu’il n’y avait pas unanimité (NDLR : sur l’opportunité de poursuivre ou pas la saison, les clubs de DN étaient très partagés, même si une majorité pense qu’il faut arrêter), loin de là, et c’est normal : tout le monde réfléchit pour soi-même. Alors je pense que cette question doit plutôt se trancher à l’intérieur du conseil. On n’arrivera jamais à mettre 105 clubs d’accord.

Si la frontière reste fermée…

Si cette saison 2019/2020 reprend un jour, reprendra-t-elle par la 18e journée, la première à avoir été annulée ?

Je vous aurais dit que sincèrement je n’en ai aucune idée, mais vu que désormais, s’il y a une date de reprise, elle risque de survenir après la date prévue de fin de saison, il est très possible que le championnat soit laissé dans l’ordre prévu. Ce serait logique.

Cette possibilité qu’on ne reprenne pas avant la fin mai est-elle née lundi soir, après que la France a annoncé que le déconfinement ne surviendra pas, au mieux, avant le 11 mai ?

C’est un vrai casse-tête devant lequel j’espère qu’on ne se retrouvera plus jamais, justement parce qu’au Luxembourg nous sommes aussi dans un cas de figure que beaucoup d’autres pays ne connaissent pas : nos joueurs viennent de plein d’endroits différents, avec des frontières à traverser. Si la frontière reste fermée… En DN, il y a beaucoup de Français, mais dans les divisions inférieures, il y a des Français, des Belges… bref, plein de nationalités, de pays qui déconfinent différemment. On ne peut pas risquer d’installer des conditions de concurrence déloyale parce que certains disposent de 85 % de leur groupe et que d’autres ne disposent que de 50 % de l’effectif…

Entretien avec Julien Mollereau