[Football] Marc Rasic : «On va voir qui est le meilleur de Moselle !»

COUPE DE LUXEMBOURG (16es DE FINALE) Schengen, c’est la petite bête qui monte. En embuscade pour la montée en PH, l’éternel club de D3 a des ambitions avant de recevoir le Fola.

Schengen n’est plus Schengen. L’éternel cancre du football luxembourgeois a décidé de changer de braquet il y a quelques années et ça marche. Fort de quelques sponsors dont l’un qui souhaite rester discret (selon nos informations, il s’agirait de Stugalux), le petit village grimpe les échelons et se prend même à espérer regarder le Fola dans les yeux, ce dimanche, en Coupe, après avoir éliminé Schifflange (3-2) au tour précédent. Entretien avec un président heureux, Marc Rasic, qui ne s’interdit ni rêve, ni blague, à l’heure actuelle.

C’est quoi le projet de Schengen?

Marc Rasic : (il rit) Ça c’est une bonne question! Cet été, on est montés en D1 avec l’espoir d’y rester mais nous voilà deuxièmes et cette place n’était pas prévue. On est surpris. Tout le monde l’est. J’espère que cela reste comme ça, mais une montée en PH serait peut-être trop précoce. La PH, c’est un peu trop grand, mais si on a une chance, on ira! Mais après, en PH, il faudra plus de sous…

Puisque vous en parlez, il y a sept ans, justement, une rumeur a commencé à venir de chez vous : un sponsor allait mettre de l’argent pour faire de Schengen une place qui compte.

Ah! mais on a toujours eu de l’argent! Après, c’était juste une question de politique! À un moment, on a fini par se demander si on voulait passer toute notre vie en D3. Quand vous regardez le classement le lundi et que vous êtes tout le temps dernier du pays, ce n’est pas joli joli. Depuis une décennie, on fait un bon travail avec les jeunes et si on voulait les voir rester, il fallait avoir autre chose à leur offrir que la perspective de jouer en D3. Il fallait faire en sorte qu’ils n’aient pas envie de partir.

Mais quand vous dites que vous avez toujours eu de l’argent, ce nouveau sponsor n’a vraiment rien changé?

Tout l’argent, en ce moment, vient de deux ou trois gros sponsors. Un en particulier qui est venu en 2015 et qui nous a dit « qu’est-ce que je peux faire pour vous aider? ». C’est de ça qu’on avait besoin.

Qui?

Je ne peux pas en parler. C’est une personne qui vient par amitié pour moi. Mais c’est là qu’on voit où en est le football luxembourgeois : dès que vous touchez un peu d’argent, c’est tout de suite plus facile.

Mais entre le lancement de ce projet et aujourd’hui… votre budget…

Oh! en 2015, seul le coach touchait de l’argent. Plus maintenant. Le budget, je dirais qu’il a… triplé? Et ça pourrait encore monter en cas d’accession à la PH.

Mais vous voilà en position de devenir d’un coup un club hiérarchiquement plus important que plein d’autres historiques de la Moselle…

On se retrouve effectivement avec Remich, Mertert/Wasserbillig, Wormeldange – qu’on vient de battre 2-3 chez eux! On va voir dans cette Division 1 qui est le meilleur de la Moselle! On en a déjà discuté au comité et on se dit que tout est possible, y compris un match de barrage pour accéder à la PH contre Grevenmacher! Vous imaginez? Il y aurait 1 500 personnes!

Quand pour rire, notre président d’honneur a lancé « Attention DN, nous voilà! », on a bien rigolé…

Un Schengen ambitieux ne devrait-il pas se soucier de ses infrastructures?

Nous avons deux terrains synthétiques et l’on va construire de nouveaux vestiaires, quatre de 35 m² chacun. Et dans ce nouveau bâtiment, il y aura également une nouvelle buvette. C’est un investissement de 1,2 million d’euros. Et on a déjà commencé à discuter de l’acquisition de gradins mobiles. Actuellement, on n’a pas plus de supporters qu’on en avait en D3 : une centaine. Mais ils voient du meilleur football qu’il y a quelques années. Moi aussi d’ailleurs.

Depuis combien de temps êtes-vous dans ce club?

J’ai commencé à l’âge de 16 ans, en 1983 et à l’époque, on jouait dans ce qui était la D4 (NDLR : qui mélangeait clubs les plus faibles et équipes réserves). Alors quand pour rire, notre président d’honneur a lancé, il n’y a pas longtemps : « Attention DN, nous voilà! », on a bien rigolé… et des gens du comité ont commencé à se dire « et pourquoi pas? ». Mais c’est très, très, très loin!

Cette réussite des dernières années, c’est aussi celle d’un homme, votre coach, Fabien Matagne, qui s’occupait naguère du RFCU.

Il est venu un jour, alors qu’on cherchait un coach. Je lui ai demandé « mais qu’est-ce que vous faites là? ». Il me répond qu’avec ses trois enfants, il recherche un projet qui lui prenne moins de temps, qu’il ne voulait plus faire 40 heures par semaine. Il a commencé par deux séances par semaine en plus du match et voilà qu’on est déjà à trois! Peut-être bientôt quatre si on monte? (il rit)

Et en plus, il joue!

Oui, il a perdu le petit ventre qu’il avait à son arrivée! Et comme n °6, il est pas mal! Mais à 42 ans, si on doit monter, ça ne marchera plus en PH. Je me demande s’il sera disponible contre le Fola parce qu’il a pris son cinquième jaune. Il fait des fautes et conteste beaucoup quand même! Mais je pense que ce sera bon contre le Fola. Hier, on blaguait : plus que cinq matches en Coupe, et on sera en Coupe d’Europe. Alors le stade national ne sera pas assez grand pour nous. On ira jouer à Sarrebruck! En tout cas, sérieusement, on a hâte de voir ce que cela donnera face au Fola. On veut gagner! Pourquoi pas? Surtout qu’ils doivent sous-estimer notre valeur…