On n’a pas forcément à se montrer déçu d’un match amical (perdu 2-1 par le Luxembourg), conçu bien évidemment pour mener des expérimentations. Mais quand c’est du Liechtenstein qu’il s’agit, qui avait coûté au pays un traumatisme majeur en 2004, c’est dur à avaler.
Le gros inconvénient des matches amicaux, qui sont conçus pour voir du monde, pour redonner du rythme à certains et des automatismes à tous, c’est quand ils commencent à mal tourner et que les nombreux petits effets positifs recherchés finissent par ne plus rien valoir à cause de l’impression générale. Et à la mi-temps, elle n’est pas bonne.
L’automatisme le mieux huilé du Liechtenstein, seize ans après qu’il est venu au Josy-Barthel décrocher le meilleur résultat de toute son histoire (0-4), tient à la capacité très agaçante de son gardien à gratter des secondes à chaque dégagement – au moins cinq minutes littéralement retranchées au temps de jeu en première mi-temps parce que Justin Ospelt s’amuse sous les yeux de l’arbitre à remettre ses protège-tibias, replacer des joueurs, creuser des petits trous afin de bien placer son ballon. C’en devient vite odieux. Mais cela dit vite ce qu’est resté ce pays, ou plutôt ce qu’il est redevenu : un nain, dont l’entraîneur applaudit surtout les gestes défensifs.
C’est pourtant la 180e nation mondiale, qui n’a que son rapide attaquant de pointe, Dennis Salanovic, à opposer, qui va faire planer un air de début de siècle en ouvrant le score totalement contre le cours du jeu et sur une très mauvaise gestion de contre luxembourgeoise (0-1, 16e).
Passons sur le fait que le jeu de contre du Liechtenstein a fait passer plus d’un frisson à la poignée de supporters autorisée à revenir au stade pour voir… la plus mauvaise prestation depuis longtemps.
Le Grand-Duché reste en course
Luc Holtz assume la philosophie du jour et offre leurs premières sélections à Rupil et Muratovic dans cette rencontre qui sent de plus en plus mauvais puisque les contres de ce qui est en train de devenir une véritable bête noire sont menés de mieux en mieux.
C’est un match amical et c’est le Liechtenstein. Il n’y aurait même pas besoin du si triste souvenir de 2004 pour ne pas cautionner ce qui est en train de se passer sur la pelouse : contre une équipe qui joue comme si on était resté dans les années 90, les Roud Léiwen affichent une possession de balle tout aussi hallucinante que le mois dernier mais en butant sur Ospelt, qui n’a pas que le fait de savoir jouer la montrer dans son attirail.
De l’autre côté du terrain, Salanovic met suffisamment les défenseurs à l’amende pour qu’on se dise qu’aucun des «remplaçants» n’aura marqué de points ce soir. Après plusieurs opportunités de doubler la mise, le Liechtenstein finira pas arracher un pénalty mérité et se mettre à l’abri, même de l’entrée en jeu de Danel Sinani et Gerson Rodrigues, qui ne parviendront pas ne serait-ce qu’à sauver l’honneur maintenant que tout espoir de revanche, seize ans plus tard, s’est littéralement envolé. Les poussées sur la défense adverse, arc-boutée devant ses seize mètres, laissent apparaître que c’est bien un exploit que le Liechtenstein a conscience de tenir. Ce n’en est que plus douloureux, au coup de sifflet final.
Alors certes, ce n’est pas grave, mais c’est quand même d’une tristesse abyssale. Et l’on espère que cela ne laissera aucune trace dans les têtes lors de la réception de Chypre, samedi, et du déplacement au Monténégro, mardi. Parce qu’après tout, même battu par le 180e mondial, le Grand-Duché reste en course pour aller jouer la première place de son groupe de Nations League.
Julien Mollereau
Le jeu, les joueurs : et Gerson et Sinani sont montés…
Le Luxembourg aurait dû revenir lorsque ses «cadors» sont entrés, en fin de match. Les joueurs en mesure de mériter la moyenne sur cette rencontre décevante plus par le résultat que la mainmise et la créativité ne sont finalement pas si nombreux que ça.
LA DÉFENSE
Ralph Schon 6/10 : Battu après 23 minutes de jeu sur une frappe de Wolfinger, esseulé à l’entrée de la surface alors qu’il n’avait pas encore touché un ballon. Il espérait évidemment mieux pour sa première titularisation depuis un match face à Saint-Marin voici deux ans. Sort un bel arrêt du pied à la 50e, lorsque Salanovic se présente devant lui. N’est pas si loin non plus d’arrêter le penalty du 0-2.
Laurent Jans 5 : Luc Holtz avait décidé, assez logiquement, d’offrir mercredi du temps de jeu à ceux qui en ont bénéficié ces derniers temps. C’était notamment le cas pour le nouvel arrière droit du Standard. Il n’avait plus joué depuis le match face au Monténégro voici un petit mois. Et on a senti une grosse envie chez lui. Il a pas mal apporté offensivement. Remplacé à la mi-temps par Marvin Martins (6). Ce dernier obtenant le pénalty du 1-2 à la 71e.
Kevin Malget 3 : Une première période très compliquée pour celui qui s’est retrouvé plus souvent sur le banc que dans la peau d’un titulaire ces dernières semaines au Swift. Il faut dire qu’il faisait face, sans doute, au meilleur joueur liechtensteinois, Salanovic. Se fait notamment prendre de vitesse puis mettre dans le vent par ce dernier sur l’action du 0-1. Avant d’être battu à la course par le même Salanovic à la 50e puis à la 57e, ce dernier se présentant à chaque fois face à Schon sans parvenir à le battre.
Tim Hall 4 : Lui non plus n’avait pas encore joué avec son club en match officiel cette saison. Aligné en défense centrale aux côtés de Kevin Malget, il est sans doute un peu loin de son homme sur l’action du 0-1.
Dirk Carlson 5 : Titularisé à l’arrière gauche avec Mica Pinto devant lui. Un flanc qui a apporté sur le plan offensif mais qui a souffert dans l’autre partie du terrain, lors des infiltrations dans le dos du défenseur de Karlsruhe. Remplacé à la 46epar Rupil (5), qui a fêté sa première cape internationale.
LE MILIEU
Aldin Skenderovic 4 : Le défenseur du Progrès est apparu un peu perdu en milieu de terrain. Que ce soit en position de récupérateur en début de match ou un peu plus haut par la suite, effectuant rarement le geste juste au bon moment.
Florian Bohnert 5 : Aligné sur le flanc droit offensif en première période et le flanc gauche défensif en seconde, celui qui portait un masque hier soir a beaucoup tenté, percutant pas mal. Sans toujours obtenir une franche réussite.
Olivier Thill 5 : Belle activité en première période, même s’il a évolué sans doute un peu trop haut sur l’échiquier. Lui aussi avait beaucoup d’envie. Logique quand on sait que son club russe, Oufa, l’a un peu mis sur une voie de garage. Remplacé à la mi-temps par un Barreiro qui a été à la hauteur de lui-même, avec beaucoup d’activité.
Stefano Bensi 6 : Peut-être le meilleur Luxembourgeois hier soir. Au moins dans une première période où il a pas mal apporté, se créant aussi les situations les plus dangereuses mais a manqué de réalisme devant le but. Remplacé par Sinani à la 65e.
Mica Pinto 5 : Pour sa première sous le maillot des Roud Léiwen, il est à créditer d’une bonne première période. Avec notamment une belle frappe ou l’autre. Remplacé à la mi-temps par un Muratovic (5) qui s’est créé une belle occasion dès sa montée au jeu, voyant sa frappe repoussée par le gardien.
L’ATTAQUE
Maurice Deville 5 : Pas le plus fin technicien de la bande, plutôt utile dans son rôle de pivot. Même s’il a manqué de ballons après le 0-1, avec une défense liechtensteinoise encore plus basse sur la pelouse. Replacé à droite après la mi-temps avant d’être remplacé par Gerson Rodrigues à la 65e. Une montée qui a fait un bien fou, au même titre que celle de Danel Sinani. Ils ont apporté la vitesse, la percussion et la justesse technique qui ont fait très mal à une défense du Liechtenstein qui n’en pouvait plus.
Julien Carette