Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Luc Holtz dévoilait hier sa liste pour le match face à la Hongrie. Le sélectionneur s’est du même coup aussi exprimé sur la manière dont se prépare la fameuse Ligue des nations qui arrive en septembre. Et il n’est pas forcément content.
Alors que la Ligue des nations et l’opportunité unique qu’elle représente pour un petit pays comme le Luxembourg de se qualifier pour l’Euro-2020 pointent le bout de leur nez, le sélectionneur national se pose des questions sur la volonté de certains de tout faire pour tenter le coup.
Si les qualifications de la Coupe du monde 2018 ne sont pas terminées un peu partout dans le monde, Luc Holtz, lui, a déjà la tête à septembre 2018. C’est à ce moment-là que débutera non pas les qualifications pour l’Euro comme on en avait l’habitude, mais bien cette toute nouvelle compétition lancée par l’UEFA qu’est la Ligue des nations. C’est avec cette échéance dans la tête que le sélectionneur abordera le match prévu jeudi prochain face à la Hongrie. Le seul amical du Luxembourg en ce mois de novembre, alors que deux dates officielles étaient bien disponibles dans le calendrier international et que Luc Holtz aurait voulu jouer deux rencontres…
«Avoir 2 matches me semblait important…»
«Ce que j’ai à en dire? Simplement que je ne suis pas du tout satisfait. J’ai dit à plusieurs reprises à la FLF que je souhaitais avoir deux amicaux ce mois-ci, mais je pense qu’on ne m’a pas trop écouté», lançait Holtz hier quelques minutes après avoir dévoilé sa liste pour l’affrontement face aux Magyars.
«Ces deux rencontres me semblaient importantes pour préparer cette Nations League. Afin de pouvoir tester plusieurs configurations et de jouer différemment de ce qu’on a montré récemment. Souvent, on se retrouvait avec un bloc bas. Ici, on va essayer de défendre plus haut et d’avoir un jeu davantage de possession. Ce sera plus risqué, mais il faut qu’on essaie pour voir si on est capable de le faire. Car dans cette Nations League, si on veut jouer les premières places, il faudra prendre certains risques et pas seulement se contenter du nul.»
Cette Ligue des nations, dernière trouvaille de l’UEFA, nous vous l’avons déjà présentée en détail dans ces pages. La résumer en quelques lignes est impossible. Mais si vous ne devez retenir qu’une chose, c’est celle-là : elle permettra à un des 16 plus petits pays footballistiques du continent de se qualifier pour l’Euro. Et ce en jouant au maximum huit rencontres face à des nations dont le niveau sur le terrain n’est pas forcément meilleur que celui du Luxembourg. Une chance peut-être unique donc pour les Roud Léiwen de prendre part à la phase finale d’un championnat d’Europe.
«C’est aussi ce que je me dis», continuait Holtz. «Mais je ne suis pas sûr que la volonté d’y aller est présente partout. Je me pose la question en tout cas.» Sous-entendu donc, on ne montrerait donc peut-être pas la même motivation à tous les étages au sein de la FLF. «C’est une incroyable opportunité, mais il faut s’y préparer au mieux. Et je suis d’avis qu’on ne le fait pas. Si je suis fâché? Non mais déçu, oui. Parce que j’ai le sentiment qu’on ne met pas tout en œuvre pour réussir.»
Des matches tous les mois… et un stage?
Du coup, le sélectionneur a insisté : «En mars prochain, il faut à tout prix un deuxième match amical dans les dates officielles prévues à cet effet, à côté du déplacement à Malte! Je le dis haut et fort.» De manière à être cette fois entendu? Mais Holtz en veut encore davantage. «On va jouer la semaine prochaine, puis fin mars. Soit quatre mois plus tard. Et la fenêtre internationale suivante ne sera qu’en juin. Et ce sera la dernière avant le début des matches officiels de la Nations League en septembre. Cela fait beaucoup trop de temps morts, trop peu de compétition.» Du coup, il veut à nouveau prévoir des amicaux non officiels face à des clubs pros étrangers.
«Mon programme n’est pas encore fait, mais je compte prévoir un match par mois. Après, je ne sais pas ce qu’on m’autorisera à faire ou même si les clubs laisseront les joueurs à notre disposition. Mais s’il le faut, on jouera avec des jeunes. Je suis convaincu que ces matches sont importants pour le développement des joueurs. Donc indirectement pour les clubs aussi. Ils faut qu’ils soient au contact du foot international le plus souvent possible.»
Si aucun stage n’est prévu en janvier, le sélectionneur ne serait, par contre, pas contre en programmer un fin août, juste avant le début de cette Ligue des nations. «C’est à ce moment-là que ce sera le plus important de se jauger face à des effectifs professionnels. On pourrait prévoir un tel stage une semaine avant le début de la compétition. Après, cela voudrait certainement dire de bouger une rencontre de championnat dans le calendrier. Si cela devait arriver, on serait encore content de moi», rigolait le sélectionneur, qui imaginait sans doute la tête de certains dirigeants de clubs de BGL Ligue.
«Enfin, je commence à en avoir l’habitude…» Il n’est jamais simple de vouloir faire changer ou évoluer les mentalités et les habitudes. Mais souvent, cela peut se révéler salvateur…
Julien Carette
Holtz pensait à Ostrowski et Muratovic
Laurent Jans est bien dans le groupe, dont les blessés Enes Mahmutovic et Jan Ostrowski disparaissent, remplacés numériquement par Ricky Delgado et Dirk Carlson.
Luc Holtz a convoqué 23 joueurs en vue de la rencontre amicale que le Luxembourg disputera contre la Hongrie le jeudi 9 novembre au stade Josy-Barthel. On effectue un petit tour d’horizon.
LES GARDIENS
Comme prévu, on ne retrouve pas de Jonathan Joubert dans la sélection de Luc Holtz pour la Hongrie. «Il ne faut jamais dire jamais, mais on vieillit tous. Et septembre 2018 et le début de la Nations League, c’est pratiquement dans un an…», expliquait un Holtz qui saluait une nouvelle fois les nombreux services rendus par le gardien de Dudelange. «Il me semble donc logique d’utiliser et de donner du temps de jeu aux garçons qui symbolisent le futur.» C’est-à-dire le trio Anthony Moris (KV Malines), Ralph Schon (Strassen) et Youn Czekanowicz (La Gantoise).
CEUX QUI N’ONT PAS JOUÉ CES DERNIERS TEMPS
Blessé le mois dernier lors de la rencontre face à la Bulgarie, Laurent Jans est bien dans le cadre. Et ça, même s’il n’a pas joué depuis la partie face aux Bulgares. «J’ai repris Laurent car, à mon avis, il disputera le match de championnat avec son club. À son poste de latéral droit, son club en a bien besoin», indiquait Luc Holtz.
Tim Hall, lui, a été malade, puis non repris lors des derniers matches par son nouvel entraîneur au Lierse. «Je ne sais pas trop pourquoi… Mais Tim fait partie de notre groupe», continuait le sélectionneur. Et puis, on ne peut pas vraiment dire qu’il y ait embouteillage en défense centrale actuellement. «Max (NDLR : Chanot) et Enes (NDLR : Mahmutovic) ne sont pas rétablis. Ils nous apportent beaucoup sur le plan athlétique mais aussi en termes d’expérience dans un club pro. J’aurais voulu essayer Jan Ostrowski (Eintracht Francfort) à cette place. Avec son physique, il aurait pu nous apporter quelque chose. Mais malheureusement, il s’est blessé le week-end dernier et souffre d’une déchirure aux abdos. Il est out pour 4 à 6 semaines.» Du coup, il y a des chances que Chris Philipps dépanne encore en défense centrale face à la Hongrie.
DIRK CARLSON
L’arrière gauche de 19 ans du Titus Pétange effectue donc son retour dans le groupe de Luc Holtz. «Le mois dernier, je l’avais laissé à la disposition des U21 pour le match face à la France. Mais c’est une jeune plein de talent qui rentre tout à fait logiquement dans le cadre pour affronter la Hongrie», glissait l’ancien joueur de l’Avenir Beggen.
LES JEUNES
Si Luc Holtz souhaitait obtenir deux amicaux ce mois-ci, c’était aussi en vue de voir à l’œuvre certains jeunes. «Je regardais, par exemple, Edvin Muratovic (NDLR : l’attaquant des espoirs, double buteur face à la France, qui évolue en club à Virton). Il était dans mon radar. Mais vu qu’il n’y a qu’un seul match, cela devenait difficile…»
J. C.
