Faute de découvrir l’Europe avec le F91, c’est en D2 albanaise qu’évolue désormais Mathieu Leroux. Un championnat dont l’ancien milieu de Rosport et Käerjeng entend vite s’extirper.
Si la campagne européenne du F91 a pris fin prématurément, dès le 2e tour de la Conference League, pour Mathieu Leroux, elle s’est achevée avant même de commencer. Malgré un essai dont il était à l’initiative et qui «s’est super bien passé» fin juin, le milieu offensif français, dont pas grand monde au Luxembourg «savait (qu’il était) en fin de contrat» cet été, n’a pas reçu la proposition espérée de la part d’un Dudelange limité financièrement et a donc repris son bâton de pèlerin.
Un gros mois et des échanges infructueux avec le RFCU plus tard, c’est en 2e division albanaise, plutôt qu’en National 2 où il avait des offres mais «ne (voulait) pas revenir» (il y a évolué entre 2016 et 2020 avec la réserve de Nice, Belfort puis Épinal), que l’ancien joueur de Rosport (2020-2022) et Käerjeng (2022/2023) a rebondi avec l’aide d’un agent, au KS Lushnja pour ce qui constitue, à 27 ans, sa première expérience loin de l’Hexagone.
Testé sans succès en Finlande en juillet
«Enfin», pourrait-il dire, après s’être heurté en Moldavie à la «francophobie» du président du Sheriff Tiraspol (où il avait débarqué avec deux autres de ses compatriotes dans les bagages de l’entraîneur français Bruno Irles, viré au bout de trois mois) en 2016. Puis s’être entraîné pendant trois mois au Slovan Bratislava (Slovaquie), sans y signer en 2017, et enfin n’avoir pas été conservé cet été, au terme d’un essai de dix jours, par le club finlandais du KTP Kotka (D1), «qui avait un effectif trop large et cherchait des joueurs opérationnels tout de suite, car ils sont en pleine saison».
Le mauvais sort avec l’étranger est donc conjuré, mais l’aventure de Mathieu Leroux en BGL Ligue s’achève sur un goût d’«inachevé». «Par rapport à mon parcours, je pense que j’aurais dû atterrir directement dans un gros club, comme la plupart des joueurs qui arrivent de N2, rejoue-t-il. Mais j’étais un peu « inconnu » et je n’avais pas de bon agent à ce moment-là. Ma première saison s’est très bien passée (NDLR : 11 buts et 5 passes décisives en 31 matches), j’aurais pu signer à Differdange, mais ils ne jouaient pas l’Europe, alors je suis resté à Rosport, pour moi ça revenait au même.»
Tous disent que je n’ai rien à faire en D2
Victime d’une rupture des ligaments croisés d’un genou qui a mis un terme à sa deuxième saison au Grand-Duché dès février 2022, Leroux a «préféré la facilité» incarnée par Kaërjeng et le «coach Thomé», qui l’avait fait venir à Rosport, pour se relancer. Ce choix lui a permis d’enchaîner les matches (18 entre mi-octobre et fin mai), mais pas forcément de briller (2 buts, 2 passes décisives) au sein d’une équipe moribonde et passée par un barrage (victoire 3-2 contre Bettembourg) pour se sauver. «Si j’avais été dans une bonne équipe, j’aurais eu une autre image au Luxembourg», statue le Normand, né et formé à Caen.
Une image, c’est exactement ce que le Français entend se construire en D2 albanaise, un championnat «plus faible que la BGL Ligue à (son) avis», mais au sein d’un club qui, s’il ne possède pas de salle de musculation et joue dans un stade totalement vétuste, s’appuie sur «l’une des meilleures fanbases» du pays (4 000 à 5 000 spectateurs de moyenne, environ 8 000 les soirs de gala) et «a mis les moyens» cet été pour retrouver l’élite en 2024, six ans après y avoir fait une ultime apparition express (2017/2018).
Objectif : la D1 dès cet hiver
Leroux, qui perçoit moins qu’au Luxembourg mais bénéficie d’avantages (hôtel et repas quotidiens au restaurant pris en charge) qui lui font dire que «les conditions, financièrement, ce n’est pas mal du tout», n’attendra peut-être pas jusque-là. «Ils me proposaient deux ans, mais j’ai préféré signer une saison pour, si j’ai une possibilité, partir dans un club de D1 cet hiver, révèle-t-il. Ça ferait moins de transfert à payer.»
C’est d’ailleurs tout l’objectif de ses prochains mois à Lushnjë, «petite ville sympa» de 83 000 habitants située «à 30 minutes de la mer» où sa petite amie «viendra de temps en temps» (et où s’est notamment tenu en 1920 un important congrès qui a permis à l’Albanie de conserver son indépendance au sortir de la Première Guerre mondiale) en attendant d’avoir achevé sa thèse en pharmacie.
«Ce n’est pas évident, depuis la France ou le Luxembourg, d’avoir des contacts dans les pays de l’Est, reprend le milieu polyvalent que son nouveau club entend installer en dix. Je suis obligé de passer par ce club-là pour aller en D1.» Un objectif à sa portée, s’il en croit les joueurs, agents et entraîneurs croisés durant une préparation où il s’est montré à son avantage : «Tous disent que je n’ai rien à faire en D2.» Le 2 septembre, date de la 1re journée et d’un derby inaugural face au KF Apolonia, l’ancien Rosportois et Bascharageois aura une première occasion de le prouver.