S’ils espèrent créer l’exploit ce mercredi ou mardi prochain lors du tour Élite de l’Euro U17, défier la France puis l’Angleterre doit surtout permettre aux Luxembourgeois de gagner en expérience en vue des prochaines années.
Il est des choses sur lesquelles on ne peut pas influer dans la vie, et si cela n’a pas toujours été le cas, les tirages au sort en font partie.
C’est à la fois le bonheur et le malheur des U17 luxembourgeois qui, pour leur deuxième apparition au tour Élite de l’Euro U17, dernière étape avant le tournoi final, seront confrontés à ce qui se fait de mieux en Europe ou presque dans la catégorie : la France, cet après-midi à Hesperange, puis l’Angleterre, mardi à Wiltz.
Et encore : sans son absence pour les raisons que l’on connaît, les joueurs de Mario Mutsch (photo) auraient aussi dû croiser la route de la Russie.
Ce qui aurait conféré, selon Manou Cardoni, le directeur technique national, à ce groupe 5 le statut de «groupe le plus fort de tous». Statut auquel le Luxembourg n’était pas étranger, au vu de son premier tour qui l’a vu battre la Belgique (1-0) et faire nul contre la Norvège (2-2) et terminer en tête de sa poule, début octobre.
«Le plus important, leur développement»
Russie ou non, et quand bien même la France n’a devancé la modeste Chypre qu’à la différence de buts lors du tour qualificatif, sortir de ce groupe apparaît bien hypothétique.
Pour cela, il faudra au moins remporter un match, face à des nations qui, depuis la refonte en 2002 de la compétition (auparavant disputée par les U16, elle l’est depuis par les U17), cumulent à elles deux 4 sacres, 4 finales perdues (2 chacune, à chaque fois) et 7 éliminations en demi-finales (5 pour l’Angleterre, 2 pour la France), en 18 éditions.
Et qui, depuis son élargissement à 16 équipes en 2015, ont systématiquement disputé la phase finale, à l’exception de la France en 2018. Aussi, si le Luxembourg «joue pour le résultat», Manou Cardoni ne se fait pas trop d’illusions : «On aurait pu avoir un autre groupe et récidiver l’exploit, mais c’est comme ça.»
«Une grande étape»
À défaut, ce minitournoi de prestige disputé à la maison aura valeur de «bonus» et de «grande étape dans leur apprentissage» pour les hommes de Mario Mutsch.
Car l’essentiel est ailleurs pour le Luxembourg : à moyen terme, et sa capacité à y être plus qu’un Petit Poucet capable de réaliser des coups à l’occasion.
«Le plus important, déroule le DTN, c’est leur développement et ce qu’il va advenir, dans quatre-cinq ans, de ces 18 joueurs, qui vont aspirer à une carrière pro, voire à jouer en équipe A. Là, ils ont fait deux gros matches contre la Belgique et la Norvège, mais pour que ça se répète dans le futur, on doit s’organiser pour avoir une base large en qualité et en quantité, pas seulement deux ou trois bons joueurs par génération.»
L’étranger, la voie royale
Pour ces 2005 (et les trois 2006 intégrés au groupe, le Dudelangeois Jordan Barbalinardo et les Folamen Tiago Pereira Cardoso et Dino Sabotic), dont 9 évoluent déjà à l’étranger (6 en Allemagne, 2 à Metz et 1 en Belgique), Cardoni mise ainsi sur l’export et l’intégration dans des centres de formation plus structurés qu’au Grand-Duché.
«Mathias Olesen, qui a fait ses débuts ce week-end en Bundesliga (NDLR : il a disputé 6 minutes avec Cologne contre Dortmund), avait un gros potentiel et est très rigoureux, mais il fallait qu’il ait la chance d’intégrer une structure pro», illustre-t-il.
Le reste, c’était vrai pour Olesen et ça l’est tout autant pour les U17 d’aujourd’hui, relève de «mille facteurs», rappelle celui qui est aussi sélectionneur des espoirs (U21).
Les facteurs du succès
«Le talent, c’est presque le facteur le moins important. C’est ce qui doit t’amener là-bas, mais derrière, il faut de la réussite, que le jeune travaille beaucoup, qu’il se sente bien à l’étranger, où il peut être seul…» Et il faut, bien sûr, qu’il joue un maximum de matches de haut niveau, comme ce sera le cas cet après-midi et mardi.
«Ces matches-là sont importants dans leur développement, et peuvent les aider à percer au haut niveau quand ils auront 20/21 ans, comme Mathias, même si un cas n’est pas l’autre et qu’un joueur prêt aujourd’hui sera peut-être à la peine dans trois ans, et inversement», estime Manou Cardoni.
À l’épreuve du haut niveau
Histoire de ne pas être trop à la peine face aux Bleuets puis aux Anglais, et d’être à la hauteur d’un évènement qui permet au Luxembourg d’être soudain «visible sur la carte», une bonne partie du groupe était réunie dès la semaine dernière, en fonction des disponibilités scolaires et sportives.
Car ces matches ont beau n’être «que du bonus», Cardoni les espère «bénéfiques» et Mario Mutsch tâche de les aborder avec des garçons «les plus prêts possible. Mais derrière le résultat, ce qu’on veut, c’est avoir des prestations qui collent, de préparer les garçons à jouer deux matches de haut niveau et les aborder de cette façon, et à jouer au plus haut niveau possible.»
Le reste viendra naturellement. Avec un peu de réussite, dès cette semaine, ou plus probablement avec le temps.