La première victoire mardi des Lionnes dans les éliminatoires d’un Mondial est aussi sans doute la plus belle de l’histoire de la sélection féminine.
Historique, formidable et méritée. C’est en ces termes, et dans cet ordre, qu’un Dan Santos particulièrement enjoué a évoqué à chaud la victoire des Lionnes en Macédoine du Nord (2-3), la première de l’histoire de la sélection féminine dans des éliminatoires d’un Mondial. Et si le troisième qualificatif est forcément subjectif, la notion de mérite dans le sport pouvant toujours être débattue et les Macédoniennes ayant touché deux fois la barre -dont une à la 93e minute-, il est un point sur lequel il est impossible de contredire le sélectionneur luxembourgeois : l’aspect historique de ce succès.
Celui-ci n’est pas le premier en match officiel des «Roud Léiwinnen», victorieuses de la Lettonie en 2011 (2-0) et 2015 (3-4) en tour préliminaire… des championnats d’Europe 2013 et 2017, sans pour autant rallier le tour principal. Mais jamais, dans leur courte histoire (NDLR : l’équipe a été lancée en 2006), les filles ne s’étaient imposées dans un match comptant pour les éliminatoires d’un Mondial. Jusqu’ici, elles n’en avaient d’ailleurs disputé que le tour préliminaire en 2013 et 2017.
Et si les mauvaises langues rappelleront qu’il leur aura fallu attendre la refonte des qualifications pour enfin en atteindre ce fameux tour principal (le tour préliminaire a été supprimé et le tirage au sort des groupes a été effectué directement avec les 51 équipes participantes, contre 35 en 2017 et 42 en 2013), cela n’enlève rien au côté inédit de leur victoire à Ohrid : elles n’étaient parvenues à s’imposer lors du tour préliminaire ni en 2013 (un nul, deux défaites), ni en 2017 (trois revers).
Rendez-vous dans dix ans
Signe de la modestie avec laquelle ils abordaient cette campagne qualificative, et de leur peu de certitudes vis-à-vis de leurs adversaires dans ce groupe D, si ce n’est la Lettonie (la Macédoine dispute par exemple le tour principal de qualification à une compétition internationale pour la troisième fois déjà), Dan Santos et ses joueuses s’étaient fixés pour objectif, dépassé en l’espace de 90 minutes mardi, d’y inscrire le premier but et d’y glaner «au moins» le premier point de l’histoire du Luxembourg. «Il ne faut pas que ce soit les derniers», prévient le sélectionneur.
Difficile d’imaginer les Lionnes s’arrêter en si bon chemin, ne serait-ce que parce qu’elles affronteront deux fois la Lettonie en 2022, une nation qui les devance au classement Fifa (102e contre 122e) mais qui ne les a jamais battues en trois confrontations (deux victoires, un nul). Quel crédit accorder, cela dit, à ce ranking mondial ? La Macédoine du Nord n’y occupe que la 131e place, une position qui ne dit rien de son expérience sur la scène internationale, relative mais déjà plus conséquente que celle du bizut luxembourgeois.
Et donc de son statut de favorite mardi. Ni de l’écart de niveau entre les deux équipes la dernière fois qu’elles se sont affrontées en 2011, au tour préliminaire de l’Euro 2013. C’était le 5 mars, à Strumica, et les Luxembourgeoises étaient reparties de Macédoine avec cinq buts dans la musette (1-5). Dix ans plus tard, les choses ont bien changé. Le plus dur commence désormais : confirmer. Mais avant cela, Laura Miller et ses copines ont bien le droit de savourer un peu.
Simon Butel