La moitié seulement des clubs de DN ont une équipe féminine. Mais l’UEFA commence à être plus exigeante et fait planer des menaces.
Le F91 a validé l’affaire en comité, la semaine passée : le club le plus titré du siècle au Grand-Duché aimerait son équipe de foot féminin! Il fait partie, avec pas mal de clubs de l’élite luxembourgeoise, du cercle pas si fermé que ça à ne pas posséder de section dédiée (Mondorf, Hostert, Pétange, Etzella, Mondercange, Jeunesse, Strassen…) et ne peut plus se permettre de traîner.
C’est que contrairement à pas mal de ces entités (voire à toutes), Dudelange a quasiment l’assurance, lui, de disputer une compétition européenne la saison prochaine et c’est bien là le nœud du problème : une directive de l’UEFA laisse à penser que l’accès aux joutes continentales pourrait très bientôt être corrélé au fait de posséder une équipe dames.
La licence UEFA fait planer une menace diffuse
C’est de cette façon que l’instance européenne tente de sensibiliser ses fédérations membres à la nécessité d’un petit coup d’accélérateur dans le secteur, avec des petites menaces à peine voilées que chacun interprète à sa manière. Car depuis Milan, où son activité de secrétaire de la FLF l’a conduit hier, Joël Wolff a nié : «Non, c’est faux! Il faut juste pouvoir prouver qu’on investit dans le football féminin. Même au travers d’activités de sensibilisation. Avoir une équipe n’est pas une nécessité».
Pas mal de clubs de division nationale, surtout ceux qui se sentent concernés par l’Europe et montent chaque année leur dossier de licence UEFA en ce sens, semblent pourtant lire le futur règlement très exactement comme s’il faisait déjà planer une menace.
La saison prochaine, il faut prouver que tu fais quelque chose pour le football féminin
Le football luxembourgeois est ainsi dans un moment de flottement propice aux initiatives qui n’auraient peut-être pas été prises sinon. Le flou artistique a parfois du bon. Et ces dernières semaines, les lignes bougent. D’après nos informations, Strassen par exemple envisagerait de s’associer à Kehlen. Et Dudelange, donc, va s’y coller.
Selon quel mode opératoire ? D’ici un gros mois et demi, Gerry Schintgen et son comité vont lancer un sondage sur Facebook et sur leur site internet, car ils ont exactement les mêmes besoins qu’une autre référence du ballon rond national, la Jeunesse (lire ci-dessous) : s’assurer de la viabilité du projet. «Nous aussi, on monte notre dossier pour la licence UEFA et, dans ce cadre, la saison prochaine, il faut prouver que tu fais quelque chose pour le football féminin. Donc soit il te faut une équipe autonome, soit tu t’associes à un autre club, tu montes une entente. La saison prochaine, on doit vraiment montrer qu’on est en train de faire quelque chose.»
Deux à trois jeunes filles au F91
Le cas du F91 est assez symptomatique du retard pris par de nombreux clubs, finalement. Lui qui compte quelque 380 jeunes n’a que… deux à trois jeunes filles. «Mais nos responsables nous disent que c’est surtout faute d’offre concrète que les jeunes filles ne viennent pas et préfèrent aller ailleurs», concède Gerry Schintgen. Qui attend de pouvoir s’appuyer sur les réponses concrètes qui ne manqueront pas de sortir de cette étude que lancera le club pour appuyer son envie : créer une équipe de jeunes filles avant de se lancer vers les catégories seniors dans un second temps. Aspelt a proposé, un temps, une association qui aurait pu faire les affaires du club dudelangeois, mais l’opportunité a été jugée un peu trop folle par les membres du comité, qui ont estimé que la quinzaine de kilomètres qui sépare les deux villes est un frein à un tel projet.
En attendant, la fédération et son sélectionneur national, Dan Santos, s’en frottent les mains : tous attendent du mouvement de fond qui se fait jour un accroissement concret des effectifs. «Oui, si les clubs de DN commencent à investir plus dans les dames, cela peut avoir un impact réel», juge Santos. Merci qui ? Merci l’UEFA !
Il paraît que la Vieille Dame va bientôt se doter d’une équipe féminine. Où en est-on exactement?
Marc Theisen : Il faut commencer par le début : on n’avait plus de commission des jeunes depuis un an. On n’en avait plus du tout! Alors que c’est le fondement d’un club! Sous l’égide de Claude Kremer, nous en avons remis une en place qui est très dynamique. Et pour ce qui est du foot féminin, en tout cas d’une section féminine, désormais, nous sommes dans les starting-blocks.
Et si on vous demande d’être plus précis?
On a un peu démarré, de manière inofficielle, des démarches pour trouver des joueuses qui aimeraient venir jouer pour la Vieille Dame. On a lancé tous les préparatifs pour avoir une équipe de foot féminin le plus tôt possible et tout va dans la bonne direction. Après, Rome ne s’est pas construite en un jour et notre priorité a longtemps été de nous remettre en ordre de bataille, administrativement et financièrement, après la gestion des Grecs. On ne pouvait pas entamer ce chantier plus tôt, d’autant qu’on devait d’abord savoir si l’intérêt était là. Et il est là. Alors cette équipe, quand on l’aura… J’espère la saison prochaine. Fin mars, on devrait savoir.
Mais vous commenceriez avec une équipe jeunes?
Ce serait une équipe dames « classique ».
Êtes-vous étonné que ce club historique s’y mette si tard?
À chaque temps sa chose (sic). Mais par contre, oui, ce ne serait pas normal si dans une ville comme Esch, dans un club comme la Jeunesse, nous n’avions pas une équipe féminine. Aujourd’hui, il faut frapper fort et on aurait tort de ne pas le faire. Propager le football féminin, quand on voit le succès qu’il a partout dans le monde, c’est un devoir. La Jeunesse DOIT avoir son équipe dames! Mais il faut le faire sérieusement, en prenant en compte toutes les spécificités que cela implique.