Le RFCU, redevenu européen et qui aspire désormais à le rester, s’est choisi avec Jeff Saibene un entraîneur qui doit pérenniser. Mais ce sera dur.
C’est quand il a commencé à avoir sa petite popularité d’entraîneur à succès, en Suisse, que Jeff Saibene a vu émerger, au Luxembourg, une sorte de petit fan club qui, régulièrement, venait suivre de près son parcours de seul technicien professionnel du pays. Rien que d’y repenser, ça le fait marrer mais finalement, pour un club comme le RFCU qui court encore après son public, voir quelques curieux passer les portes du stade Achille-Hammerel histoire de voir ce que donne le Racing avec Saibene ne serait pas du luxe. Toute promotion est bonne à prendre quand on doit se construire une image, reconquérir des supporters, bref, devenir populaire…
Et ce serait curieux que ce soit son coach qui lui serve de produit d’appel. Cela dit, dire à Jeff Saibene que c’est peut-être lui, la recrue phare de son club, cet été, c’est se heurter à la même fin de non-recevoir que Jeff Strasser à la Jeunesse : «Je ne sais pas et de toute façon, ça ne m’intéresse pas. Je suis concentré sur tellement d’autres choses.» Parmi lesquelles… découvrir les équipes de BGL Ligue. Car on peut avoir été international à 64 reprises et avoir fini sa carrière de joueur au Swift après trois saisons de DN et ne pas savoir grand-chose sur le niveau du championnat : «J’ai regardé beaucoup des équipes contre qui nous lutterons pour l’Europe car ces quinze dernières années, alors que RTL ne diffusait pas encore les matches, j’ai peut-être dû voir… cinq matches.»
Une équipe «très différente» de Breidablik
Ce qu’il a vu, c’est la même chose que tous ses coreligionnaires qui viseront le podium, à savoir une uniformité de niveau qui promet une grande bagarre et qui ne sert pas forcément les desseins de son club, dont l’ambition, désormais, est et doit être de finir européen à chaque saison au vu des sommes investies. «Je ne sais pas si on sera européen, il y aura forcément aussi une part de chance nécessaire même s’il n’y aura pas de surprise dans ceux qu’on retrouvera devant.» Le technicien tente de minimiser ce dernier facteur et regrette, comme tous les qualifiés européens, de n’avoir vraiment pu travailler le fond qu’après l’élimination au 1er tour de la Conference League. Il a découvert dans le calme des séances sans pression, dans les tests des amicaux, bien des choses qu’il n’avait pas eu le temps de voir auparavant. Et à choisir, il aurait abordé la confrontation face aux Islandais de Breidablik (défaites 2-3 et 2-0) avec une tout autre équipe. Celle qui défiera en tout cas le Swift dans l’un des premiers gros chocs de la saison, le fera avec d’autres joueurs à d’autres postes. L’affinage a eu lieu.
La phase d’apprivoisement aussi. En fin de saison dernière, plusieurs joueurs venus sous Régis Brouard avaient ostensiblement manifesté pour le maintien de leur désormais ex-coach, estimant qu’il ne devait pas être remplacé. Une situation a priori pas délicate pour Saibene qui ne sait «même pas de qui il s’agit» : «Moi, je ne vois que des gars très motivés! Les joueurs s’adaptent, le coach aussi.» S’il n’avait pas le problème Emmanuel Françoise, presque constamment blessé depuis son arrivée du Swift et qui fait dire que, pour l’heure, le chantier visant à compléter l’offre offensive n’est pas aussi avancé qu’il le devrait, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, au Racing. Un outsider.
Julien Mollereau