Dudelange n’a pas apprécié d’être mis dans le même sac que ceux qui testent peu ou mal. La question braque de plus en plus.
La grande inquisition est en marche. Depuis quelques jours, en DN, ça se pointe du doigt, ça se pose la question de celui qui est le plus logique dans sa gestion du Covid, le plus droit dans ses bottes, le plus hygiénique, le moins comptable de ses moyens financiers pour payer des tests… Haro sur ceux qui n’en font pas assez pour lutter contre le coronavirus (tests, distanciation sociale…) alors même qu’on… ne le leur demande pas officiellement.
Le débinage et la délation sont en train, lentement, de devenir un sport national dans le Grand-Duché du football, mais puisque c’est pour le bien de tout le monde… Seulement voilà, tous les clubs du pays se débattent aujourd’hui dans un vase clos de contradictions grandeur nature.
Entre ceux qui font la totale en sachant très bien que d’autres en font le minimum et que, donc, tous leurs efforts seront sans doute réduits à néant au moment de la reprise et des premières confrontations (voire bien plus tôt à cause des amicaux), et ceux qui disent ne pas avoir les moyens financiers de se comporter en chevaliers blancs du protocole sanitaire mais qui avouent que la fédération harmonise les protocoles (ce qui les forcerait sans doute à s’y mettre), il y a encore une voie médiane : ceux qui ont mis la tête dans le sable. «La méthode Trump», sourit un directeur sportif.
«La FLF doit vraiment forcer tout le monde»
Des sources concordantes laissent penser que certains clubs sont moins regardants que d’autres, mais cela n’a pas manqué, après notre article de mardi sur les risques de voir la reprise, le 23 août, mise en danger par la recrudescence de cas : le Fola, seule équipe à avoir placé en quarantaine tout son effectif à la suite de trois contrôles positifs, s’est ému de ce que, visiblement, les autres ne font pas la même chose.
Un autre club a réagi : le F91. Car une source anonyme l’avait pointé du doigt après le contrôle positif d’un de ses joueurs, demandant ouvertement pourquoi il n’avait pas tout arrêté durablement. Cela aurait pu être un autre club, puisqu’ils sont nombreux à avoir eu des «positifs» ces derniers temps, mais c’est tombé sur Dudelange et cela a fait bondir son coach, Carlos Fangueiro : «Le gars qui vous a balancé ça, c’est un c…! On est sans doute le club le plus responsable du pays. Quand on a su que ce joueur était positif, on a même interrompu la séance en cours et cette semaine-là, on a fait deux tests au lieu d’un seul pour tout le reste du groupe! Le joueur positif a repris hier (NDLR : lundi) et seulement après nous avoir amené deux tests négatifs. Lors de la reprise, au tout début, on faisait carrément des séances individuelles. Mais pour que tout ça s’arrête, pour qu’on soit sûr, la FLF doit impérativement forcer tout le monde à tester avant le début du championnat.»
La fédération, déjà hier par la voie de son secrétaire, Joël Wolff, avait indiqué qu’elle suivrait les recommandations du gouvernement et que, pour l’heure, justement, ce n’était pas obligatoire. La voix des clubs commence pourtant à monter assez lourdement : ils veulent y voir plus clair, savoir et vite s’il y aura deux poids deux mesures entre les clubs qui testent et ceux qui ne le font pas, ceux qui risquent de voir des joueurs forfaits et ceux qui ne risquent pas, puisqu’ils ne savent pas, mais aussi comment l’équité sportive sera respectée, au-delà de la jolie bataille de chiffonniers du moment.
Mardi, le F91, pas concerné par les joutes européennes pour la première fois dans ce siècle et donc pas tenu à la même vigilance que les quatre qualifiés que sont le Fola, le Progrès, Differdange et Pétange, a indiqué qu’il poursuivrait ses tests hebdomadaires au moins en début de saison, quoi qu’il lui en coûte financièrement. Mais lui a sans doute encore plus de moyens que la plupart des clubs de l’élite. Avoir le luxe de s’offusquer quand on vous reproche de ne pas en faire assez, ça a un coût.
Julien Mollereau